vendredi 31 juillet 2009

Stop avec la Grippe A !

Bon sang de bon sang de bonsoir !

J'entends encore hier martelée en boucle sur les ondes radio une information qui me met hors de moi:

Une adolescente atteinte de la grippe A(H1N1) décède en France

L'information fait la "une" des flashs diffusés à intervalles réguliers sur un ton fortement sensationnaliste, tout en se dédouanant quelque peu en précisant que "l'Institut de veille sanitaire (InVS) avait indiqué que l'évaluation clinique du cas de cette jeune fille "n'était pas en faveur d'un décès directement lié au virus A(H1N1)".

Ce matin au petit déjeuner, mon père d'asséner d'une voix solennelle et anxieuse:

"Tu as vu la Grippe A a tué...?"
- Non, c'est faux. Ai-je immédiatement interrompu.
- De quoi?
- Il faut arrêter de participer à cette surenchère d'anxiété un peu trop alimentée par les médias.
- La Grippe A a pourtant tué...
- On sait que la grippe saisonnière hivernale tue plus en moyenne que cette Grippe A. En outre, la grippe n'aurait tué vraisemblablement que des personnes "fragiles" tout comme la grippe normale. Nourrissons, seniors et autres personnes atteintes de maladies importantes.

Ma mère intervient:
- Oui, et bien, ça fait peur quand même d'entendre tout ça.

Voilà ce que le quidam retient des informations diffusées. La Grippe A fait peur.
Elle a beau être moins dangereuse que la grippe saisonnière, à force d'accoler "tue" à "Grippe A", l'effet escompté est obtenu !

Je lisais cette réaction d'un commentateur sous un article de LeMonde.fr:
STOP! :
Arrêtez de jouer sur la peur! Tous les spécialistes s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’une grippe assez banale; plus encore que la grippe saisonnière. La seule différence étant une plus grande rapidité de propagation ... Et alors, une fois qu’on l’aura tous eu, on passera à autre chose!
Je suis bien d'accord.

Je vais certes prendre mes dispositions pour protéger mes enfants en bas âge. Mais c'est tout.

STOP A LA SURENCHERE !

jeudi 30 juillet 2009

On ne s'attend jamais à l'inattendu

Quand on a déjà été papa une fois, et récemment qui plus est, on connaît les douleurs d'une grossesse, on connaît les étapes qui mènent à l'accouchement, des nausées matinales aux rages guidées par un trop-plein d'hormones en passant par l'hypersensibilité aux fragrances et senteurs alentours.

On s'y attend. On s'y prépare.

Valise dans le coffre de la voiture, sac à emmener en salle de travail, brumisateur (non, l'Hérétique, je ne l'ai pas oublié), éventail, papiers adminsitratifs, etc.

Tout est prêt.

Moi-même j'étais prêt. Ma compagne était prête.

Seulement...voir sa petite bouille d'amour débarquer soudainement et me regarder avec son innocence immaculée, sa candeur qui ne demande qu'à être protégée, son amour qui vous est tout acquis.

Sentir une vague d'émotions déferler sur moi, être innondé du bonheur de les voir tous deux en parfaite santé, reléguer les désagréments quotidiens au rang anecdotique qu'ils méritent.

Ca, on ne peut pas s'y préparer. En tous cas, je ne m'y attendais pas.

Bienvenue, mon fils.

PS: Je ne me répandrai pas en détails trop personnels que je réserve pour ma vie privée (c'est sûrement ce qui distingue "Unique et Commun" d'un Skyblog...).


PPS: Gaël, non je ne chanterai pas "il est né le divin enfant".

mercredi 29 juillet 2009

Des contractions?

L'alerte orange devrait passer en alerte rouge d'ici quelques heures, je devrais vraisemblablement me rendre à l'hôpital dans l'après-midi, le temps de me greffer le téléphone portable à l'oreille.

Checklist:

Les clefs de ma voiture: ok.

La valise dans la voiture susdite: ok.

Mes papiers: ok.

Mon portable: ok.

Mon PC de travail: à préparer.

La troisième sera peut-être la bonne?

Suivre un régime serait indécent aux yeux des Africains?

Alerté par le taulier de Reversus, je suis amené à lire le billet d'Etiam Rides qui me renvoit vers celui de Merachlor.

Son sujet - une femme et son enfant morts de faim en France pour déboucher sur la faim dans le monde - intéressant au demeurant, prend une tournure qui ne me plaît guère.

Je n'aime pas ce côté trop émotionnel (s'indigner) sans dénoncer l'essentiel.

Entendons-nous bien, il ne s'agit pas ici de blâmer quelqu'un pour une indignation bien humaine - je l'approuve bien au contraire - mais pour laisser ses émotions gouverner son esprit lorsque l'indignation aurait pu être dirigée vers les véritables sources du mal de notre société globalisée.

A juste titre, est-il souligné que la mondialisation n'a eu de mondialisation que le nom dans la mesure où ceux qui détenaient déjà les capitaux ont multiplié leurs sources de richesse quand les pays du sud sont maintenus dans une pauvreté constante. Pis encore, certains pays - notamment d'Afrique - se sont proportionnellement appauvris.

Ce paradoxe est bien loin des fondements du capitalisme qui en favorisant les moyens de production recherche la multiplication des richesses au profit de tous.
Ainsi, lorsque des capitaux investissent, l'offre doit se diversifier, le nombre d'emplois augmenter les fournisseurs s'enrichir créant de nouveaux emplois, etc.

Sauf que...viennent s'y mêler les notions de commerce équitable (fair trade) et de puissance de négociation (bargaining power).
En effet, beaucoup des effets pervers de notre société "globalisée" est due à l'influence de la financiarisation de l'économie. Des actionnaires, dans la lignée des fonds de pension américains, avides de profits à court terme imposent de maximiser les bénéfices au mépris d'une logique à moyen et court terme. Dès lors, peu importe de saigner les fournisseurs, d'abuser de sa position dominante dans une négociation, du moment que le prix de revient est au plancher et la valeur ajoutée au plafond.

En outre, au lieu de réinjecter les richesses dans les moyens de production, c'est en direction des dividendes que celles-ci sont trop souvent amenées.
L'entreprise qui investit ne multiplie donc pas ses moyens de production, et ne permet pas aux fournisseurs, ni même aux salariés de développer leurs ressources.

Le capitalisme part d'un postulat: il ne fonctionne parfaitement que dans un contexte d'équité et de concurrence parfaite.
Ainsi n'en va-t-il pas des occidentaux qui usent et abusent de la main-d'oeuvre à bas prix des pays moins développés. Il faut freiner ces effets et rendre la concurrence équitable.

On ne peut décemment continuer à maintenir un système où un pays comme les Etats-Unis, représentant moins de 5% de la population mondiale consomme plus de 50% des matières premières produites sur le globe.

La production est globalisée, mais la consommation ne l'est pas. Cela ne fait que confirmer ce que beaucoup savent: l'Occident s'enrichit aux dépens des pays dits du Sud.

Alors on peut certes s'indigner contre le peuple enfermé dans un cycle "suralimentation - régime", ce n'est pas en les culpabilisant qu'on changera quoique ce soit.
Tout juste arriverions-nous à les inciter à donner un petit billet aux oeuvres charitatives, pour la bonne conscience. C'est d'ailleurs ce que font la plupart des Anglais et des Américains. Mais ceux qui crèvent la dalle n'en ont que faire de notre bonne conscience. Ils crèvent la dalle c'est tout.

C'est sympa d'avoir un sac de riz de temps en temps. Mais ce serait nettement plus sympa d'avoir les moyens de s'acheter et de se procurer un sac de riz tous les jours.

Je ne vois qu'une bonne réponse à cela: rendre le commerce "équitable" en imposant des taxes sur les importations de produits et de services provenant d'entreprises jouant au dumping social et fiscal tout en menant un programme concerté de développement des pays du Sud. Mesures proposées par le Mouvement Démocrate.

Pendant ce temps-là, on continue à organiser des concours de hot-dogs aux Etats-Unis (et ailleurs), se moquant de l'indécence de ce spectacle projeté au reste du monde, ou ne serait-ce qu'aux 36 millions d'américains vivant sous le seuil de pauvreté.

Je reste convaincu qu'il faut réinventer le capitalisme et ne pas l'abolir. Il faut aménager ses effets pour une juste redistribution et non pas collectiviser à outrance.

Pour sortir les pays du Sud de leur pauvreté, il faut casser la machine à financiariser et imposer une forme de commerce équitable.

Le temps de l'indignation est dépassé.

Mise à jour 00h25: Suite aux réactions fondées de Merachlor et Etiam Rides, je révise mon billet.

mardi 28 juillet 2009

Valls baillonné

Travailler le dimanche: Xavier Darcos se moque de nous !

C'est trop beau pour ne pas être souligné:

Xavier DARCOS se félicite de l’adoption de la proposition de loi réaffirmant le principe du repos dominical par le Sénat.

On ne recule devant rien au gouvernement, surtout pas devant une bonne dose de mauvaise foi et d'ironie déplacée.

Si Maître Eolas n'était pas en congés, pour sûr il convoquerait l'Académie Busiris afin d'attribuer au Ministre du Travail son prix.

Je reste encore atterré par tant de mauvaise foi...

Mise à jour: Pendant que le malaise de Sarkozy continue de faire parler, allez plutôt me lire les billets de Peuples et de Marc sur les chiffres du chômage. Ensuite, je vous conseille ce très intéressant billet chez Reversus à propos du creusement des inégalités salariales.

Mise à jour 13:00: Sur le même sujet, je vous invite à lire cet excellent billet de Vonric sur la vision qu'ont les Anglais de la réforme sur le travail du dimanche...

lundi 27 juillet 2009

Qui lira les selles de Sarkozy?

L'information n'a pas manqué de faire le tour de la blogosphère.

Les rédactions de nos quotidiens nationaux étant substantiellement vidées pour cause de vacances, la nouvelle passe en boucle ça et , et c'est à une incroyable monopolisation du traitement journalistique que nous avons droit.

Personnellement, je trouvais que l'information "Le Président de la République a eu un malaise durant un exercice physique mais va bien" suffisante.

Comment diantre peut-on débattre et digresser autour d'une si courte et anecdotique nouvelle?
Il a eu un malaise, il va mieux. Point. Passons à autre chose, que diable !

J'avoue presque m'ébahir d'un tel accomplissement tellement l'exercice m'apparaît ardu.

Je lance un défi aux journalistes:

Occupez l'espace médiatique avec la nouvelle suivante:
Ce matin, le Président de la République a mangé une pomme mais n'a pas avalé de pépin.
Michel Rocard, au micro de RMC ce matin, justifiait qu'une telle nouvelle avait son importance car elle pouvait avoir un impact sur la stabilité de nos institutions.
Diantre, l'arsenal juridique consistant à suppléer l'empêchement de la Présidence (art.7 de la Constitution) est donc renvoyée au placard !

Dès qu'un pépin physique affecte notre Président, il conviendrait donc nécessairement de faire écho à la nouvelle sous le prétexte fallacieux du rôle du chef de l'Etat, même si sa santé n'est pas en péril?

Vous me direz qu'en monarchie, fût-elle élective, il n'est pas anormal d'affecter du personnel à l'analyse des selles du monarque, perpétuant ainsi une tradition séculaire.
Les journalistes devraient par ailleurs s'en enquérir eux-mêmes !

Je n'aimerais pas être à la place du directeur de la rédaction du Figaro.

Génération Perdue

Hier soir, discussion impromptue autour d'un repas tout aussi impromptu avec des amis.
Survient un sujet qui mobilise l'ensemble des convives et qui nous fait passer pour des vieux cons réac trentenaires.

Ma jeune soeur, porte-parole malgré elle de sa génération est assaillie de questions destinées à étancher notre curiosité assoiffée.

Pourquoi avons-nous donc tous l'étrange sensation que les générations plus jeunes n'ont plus de mémoire collective, plus d'histoire musicale, que seul compte l'immédiateté et le moment?

Que n'entendons-nous trop fréquemment de la part d'adulescents de vingt ans que s'ils ne connaissent pas les Jim Morrisson, Joan Baez, Jimi Hendrix, Who, Pink Floyds, Led Zeppelin, Queen ou Police, c'est parce qu'ils sont pas de leur "génération".

Combien de fois avons-nous soupiré devant la vacuité d'un "Stairway to quoi?" "Freddie Mercu qui?"

Bon sang, si la culture musicale devait commencer à sa date de naissance pour finir à celle d'aujourd'hui, c'est une vision bien étroite et pauvre du paysage qui s'offrirait à nous.
Il n'est dès lors pas étonnant que beaucoup de ces jeunes s'émerveillent devant des ersatz de musique, affublés de vagues rythmes actualisés et de basses surexposés afin de donner l'illusion du neuf. Ceux-là ignorent et s'indiffèrent de la création originale reconditionnée.

Mais soyons réalistes. A d'autres temps, d'autres moeurs. Il n'est guère probable que de nos jours naissent de nouvelles idoles, des vraies, celles qui résistent au temps et à la mort.

Cette société de l'instantané, du zapping de l'information, où un chanteur, un groupe devient "culte" aussi rapidement qu'il est oublié, ne permet pas la création du mythe, de la légende, en ce que toute création est irrémédiablement étouffée par une inondation de tubes provisoires.

L'industrialisation du disque, c'est aussi cela. La multiplication des sorties, la quantité au détriment de la qualité, la production contre la création.

Aussi, nous sommes-nous interrogés sur les vecteurs que nous avions nous-mêmes utilisés pour découvrir un peu de ce patrimoine musical.
Comme beaucoup, nous l'avions appris de nos copains, de nos grands frères, de nos aînés.

Aujourd'hui, ce lien "intergénérationnel" n'existe plus, brisé par un désenchantement collectif, une absence de curiosité partagée.

Nous avons déploré cette forme d'indifférence, cette anorexie de la vie. Mais comment leur reprocher d'être cynique et désabusé dans cette société méprisante de l'humain qui n'offre comme seule perspective que d'être de la chair tout juste bonne à alimenter la machine à dividendes. Cette société qui ne promet plus que du "toujours moins", destructrice des rêves et des idéaux.

Que de temps nous faudra-t-il pour retrouver ce lien.

Espérons qu'il ne s'agisse pas d'une génération perdue.

Mise à jour 10:00: La Banane Bleue en a fait un billet lui aussi !

dimanche 26 juillet 2009

Halte au doublage !

Ce billet ne portera pas sur une technique d'isolation en maçonnerie, pas plus que sur les bons usages de la route.

La campagne publicitaire actuelle pour Wii Sports Resort a tout simplement réveillé le courroux de votre serviteur irrité par la surinvasion du doublage sur les écrans français.

Je ne porte certes pas le doublage dans mon coeur bien que je sois le premier à dire que les acteurs français de la spécialité comptent parmi les meilleurs au monde. D'aucun ne manqueront pas de s'indigner face à ma condescendance déplacée, fort de ma pratique de la langue anglaise.

Je leur répondrai d'une part, que je regarde aussi les films en VO dont je ne maîtrise pas la langue et d'autre part, que je constate une baisse notable de la qualité du travail de doublage depuis une quinzaine d'années. Ce que je ne supporte pas, c'est cette tendance détestable à édulcorer les dialogues des séries anglophones.
Je ne peux certes pas juger de la pertinence de la traduction en mandarin ou en japonais, (j'y travaille!), mais il n'est pas interdit de penser que l'ensemble des oeuvres est affectée par l'imbuvable soupe servie par les studios français.

L'exemple le plus significatif de doublage qui altère substantiellement la qualité de l'original est incontestablement la série "Friends". Matt LeBlanc dont la voix est très masculine se trouve affublé en français d'une voix d'adolescent prépubère (désolé Mark Lesser!). Passons sur les "fuck" qui deviennent "zut", l'humour acerbe devenu sirupeux, etc...
Je ne suis d'ailleurs pas le seul à m'en offusquer.

Une tendance à traduire tout et n'importe quoi n'importe comment au mépris de l'oeuvre original, ce qui m'insupporte au plus haut point.
Les choix incompréhensibles de traduction des titres est aussi représentatif de cette franchouillardisation débilisante.

"The Hangover" (la Gueule de Bois") qui devient "Very Bad Trip", titre qui n'est même pas francophone...

Je pense aussi à "Big Brother" (Grand Frère) devenu "Gran Hermano" en Espagne, "Grande Fratello" en Italie, non traduit au Portugal ou au Brésil et qui par l'action d'un esprit torturé accouche d'un..."Loft Story" en France...

Bref, cette publicité de Nintendo m'a donc agacé: quel est l'intérêt de doubler des sportifs de haut niveau, embauchés à grands frais au service de la marque et qui n'ont - de toute évidence - pas le début du commencement d'un talent aucune prétention à remplacer un véritable acteur? D'autant que vous aurez remarqué, chers lecteurs, que les doubleurs se sont evertués à reproduire catastrophiquement le jeu et l'accent de l'athlète en question... difficile de ne pas se sentir infantilisé par de tels procédés.

Non. Il n'est donc pas question de mener un débat de linguiste sur la pertinence des choix de traduction, ergotant à l'envie que "home" doit être traduit par "maison" ou par "foyer".

Il est simplement question de souligner cette propension bien française à refuser jusqu'à l'ineptie l'incursion de l'anglais...et ne me parlez pas des britanniques ou des américains qui ne font pas plus d'effort, outre le fait qu'ils n'en ont pas réellement besoin, la comparaison n'est pas flatteuse.

Donc, j'en appelle aux distributeurs et diffuseurs français: halte au doublage ! Au lieu de reporter aux calendes grecques la diffusion des séries étrangères attendues avec impatience par le public français, diffusez et sous-titrez !
C'est en outre un excellent début pour apprendre la langue.

PS: Nul doute que certains de mes amis ne seront pas étonnés par le sujet du présent billet.

PPS: Comme quoi, on peut être fier d'être français mais rester critique face à nos travers

samedi 25 juillet 2009

Le Royaume-Uni recolonise !

Sa Majesté Elizabeth II sait se montrer politiquement incorrecte.

Conséquemment à une situation de corruption devenu systémique sur les îles Turks et Caïcos, petit archipel des Caraïbes, ancienne colonie britannique resté dans le giron du Commonwealth, le Royaume-Uni s'apprêterait à "annexer" à nouveau le territoire devenu indépendant depuis 1976.

1976, c'est un an après la fin des guerres de colonies du Portugal, dernier pays d'Europe à entrer dans la danse africaine de l'émancipation.

Finalement, je m'interroge. N'est-ce pas de la responsabilité des anciennes puissances colonisatrices qui ont abandonné ces nations avec pertes et fracas que de s'assurer d'une transition démocratique et économique vers un fonctionnement stable?
En d'autres termes, la France ne devrait-elle pas en faire de même auprès de certaines de ses anciennes colonies africaines?

Je sais que certains vont pousser des cris d'orfraies: quelle horreur, la perspective d'une nouvelle colonisation, le fantôme du paternalisme européen !

Sachons raison garder. Le fait est que l'on ne peut maintenir des populations sous sa tutelle pendant plusieurs décennies et espérer que du jour au lendemain celles-ci sauront organiser les conditions sociales, économiques et culturelles de la démocratie lorsque la plupart des nations mettent des décennies pour ce faire. Le cas Irakien en est un exemple flagrant.
Raser les institutions existantes et laisser le vide s'installer est d'une naïveté déconcertante. Le vide profite toujours aux plus forts.

Ce n'est certes pas politiquement correct mais il n'est pas plus correct à mes yeux que de laisser faire une situation dans laquelle nous avons une part de responsabilité en tant qu'anciens gouvernants européens.
La création du Commonwealth s'inscrivait dans cet esprit: maintenir une cohésion, un lien, un tissu économique au profit mutuel. L'organisation est certes très théorique mais n'en demeure pas moins symbolique. En matière de relations internationales, les symboles sont peut-être ce qu'il y a de plus important.

Alors, dans des situations analogues de corruption systémique, renforcée par un décolonisation brutale, la recolonisation est-elle souhaitable ?

Peut-être. Encore faut-il une véritable volonté des anciennes puissances dirigeantes de mettre fin à pareils systèmes et j'ai bien l'impression que la France a trop souvent intérêt à ce qu'ils perdurent.

vendredi 24 juillet 2009

Quelle horreur !

Gaël a un Skyblog !

Comment s'y retrouve-t-on entre tous ces partis?

Les blogueurs de gauche m'ont fait comprendre que tout ce qui ressemble de près ou de loin à du libéralisme était de la droite, rejettant avec force la socio-démocratie qu'elle avait attirée à nouveau dans son giron depuis la création de la FGDS en 1965.

A droite, on a bien compris que l'UMP avait établi comme tactique d'assimiler le Mouvement Démocrate à la gauche.

Moi, dans toute cette constellation de partis politiques, je m'y perds un peu. J'essaye de comprendre pourquoi les partis ne savent pas se rassembler en analysant ce qui les distingue.

La tâche est ardue.

J'ai bien identifié Debout La République comme fondamentalement gaulliste, le MoDem comme démocrate, les Verts comme écologistes de gauche, le MPF comme conservateur et le FN comme nationaliste.

Mais idéologiquement:
Quelle est la différence entre le NPA et le PCF?
Quelle est la différence entre le PCF et le Parti de Gauche? (Là, je sèche totalement).
Quelle est la différence entre l'aile gauche du Parti Socialiste et le Parti de Gauche?
Quelle est la différence entre l'UMP et le Nouveau Centre?
Quelle est la différence entre l'Alliance Centriste et le Nouveau Centre?
Aucune mauvaise volonté dans ces questions mais une véritable intention de comprendre pourquoi nous sommes tant divisés en France, là où moi, je trouve qu'il y a beaucoup de concordances.

Si un commentateur ou un blogueur se dévoue à la tâche, il ou elle a mon entière gratitude.

La cacophonie ordonnée des Démocrates


Disparitus a su trouvé les mots pour exercer une pression invisible sur votre serviteur. Oui, je suis faible et ne résiste pas devant la flatterie. Quelqu'un qui attend mon billet avec impatience, c'est forcément quelqu'un de bien.

Mais il n'a pas tort, Disparitus, de s'interroger sur ce qui se passe au Mouvement Démocrate depuis son départ (que je suis sûr n'est que temporaire!). Depuis l'échec des élections européennes - certains parlent de semi-échec en se drapant dans une forme de déni de réalité - les tensions personnelles se sont avivées à la mesure de la déception que les militants ont ressentie.

Ces querelles ont été surtout illustrées par l'initiative des Promoteurs lancée par le blogueur populaire et élu du MoDem, Christophe Ginisty.
L'objectif poursuivi est louable mais la méthode ne manque d'en choquer quelques-uns (médiatisation de l'action avant toute concertation, personnalisation de l'initiative, dénonciations de collusions personnelles...)
Christophe Ginisty assume en déclarant que c'est en mettant une certaine pression que l'on sera pris en considération, ce qui n'a pas été fait jusqu'à présent.

Ceci est révélateur d'une méfiance qui s'est installée entre certains militants et la direction du mouvement.

Le Conseil National s'est tenu le 4 juillet, soit moins d'un mois après les élections européennes, réponse plutôt rapide à l'échelle d'un parti politique. Malgré cela, les Promoteurs s'insurgeaient d'une certaine lenteur.
Des décisions ont été prises, certaines peut-être plus ambitieuses que d'autres, avec des échéances très courtes notamment l'extension du Bureau Exécutif à certains responsables de terrain élus ou non-élus dans la semaine du 11 juillet.

Il ne faut pas s'étonner que sous la pression, le Conseil National décide d'agir vite pour satisfaire l'impatience de certains militants visibles. Sauf que rien ne s'est réellement passé depuis...rebelotte et dix de der, l'ire des Promoteurs gronde (ou serait-ce celle de Christophe Ginisty? à force d'entremêler les supports de communication, on ne s'y retrouve plus).

Je n'aime décidément pas la tournure personnelle de l'initiative des Promoteurs.
Les commentaires sous ce billet de Christophe, font largement place à une fronde antisarnezienne, comme si la Vice-Présidente du Mouvement Démocrate était devenue la victime expiatoire de nos fautes collectives.

Histoire de justifier la pérennité de leur action, un plébiscite (et non un sondage) a été lancé sur le site Internet des Promoteurs. Sauf que la représentativité des résultats est tout sauf significative en ce qu'il n'a été adressé principalement qu'à ceux qui viennent consulter le site des Promoteurs que l'on peut penser spontanément favorables à cette initiative. Seul un sondage à l'échelle du parti ou des sympathisants démocrates aurait eu une véritable pertinence.
Là, c'est un peu comme demander lors d'un concert si le public est content d'être là.

Tout ceci provoque beaucoup de bruits et permet de bousculer un peu les convenances du parti.
Pour autant, ce bruit ne se mue pas en cacophonie façon PS, dans la mesure où nous avons un chef incontestable qui incarne fortement les valeurs démocrates.

Il est certain que l'Université de Rentrée du mois de septembre sera une occasion idéale d'avancer, forts de l'expérience de nos erreurs même si je rejoins les Promoteurs sur un point, il nous faudra rester vigilant.

jeudi 23 juillet 2009

La France du nepotisme: le cumul des mandats

Voilà un graphique qui devrait mettre tout le monde d'accord sur le fait que le cumul des mandats est une spécificité française et qu'elle n'a aucun fondement intellectuellement acceptable.
















Source: LeMonde.fr

En 2008, 85% de situations de cumul de mandat contre 13,5% en moyenne chez nos quatre grands voisins européens. Comment voulez-vous que notre pays soit bien dirigé lorsque la plupart de nos représentants ont à la fois un mandat législatif et un mandat exécutif local... la violation de la séparation des pouvoirs commence là...

Le salaire des femmes

J'ai promis à Disparitus un billet sur les tensions actuelles au MoDem, mais avant de ce faire, en faisait un tour chez Olympe, je tombe sur ce billet qui n'a pas manqué de titiller mon esprit contradicteur.

La question du déterminisme sexuel ou social dans l'entreprise m'apparaît fort intéressante dès lors que l'on évite d'en dresser un portrait au gros trait.

Il existe des comportements dans l'entreprise que j'ai déjà eu l'occasion de dénoncer et qui malheureusement sont légion. Une attitude ouvertement sexiste est à réprimer avec force dès lors que l'on a clairement identifié ce qui relève ou non de cette appellation.

Aussi, ne suis-je pas certain que l'inégalité salariale tombe nécessairement dans le champ de ce que l'on cherche à dénoncer.
Du moins, je crois que la situation appelle d'importantes nuances qui ne permettent pas d'en établir avec certitude la cause principale à l'échelle micro ou macro-économique.

Les nombreuses études officielles ont démontré jusqu'à aujourd'hui, qu'il existe encore et toujours d'importantes disparités salariales à la défaveur des femmes. Il convient dès lors de ne plus revenir sur ce constat.

La question que je me pose est: pourquoi ?

1. L'employeur prisonnier de réflexes sexistes: convaincu qu'une femme ne saurait ou ne devrait consacrer trop d'importance à sa vie professionnelle, sans qu'un choix fût laissé, pratique une distinction consciente ou inconsciente.

2. Les salariés prisonniers des mêmes réflexes: une proportion extrêmement importante de femmes a tendance à privilégier la vie privée au détriment de leur évolution professionnelle.

3. Des choix de carrière libres et éclairés.

Je crois la deuxième situation plus fréquente que la première. Il n'est d'ailleurs pas inintéressant de rapprocher ce fait de la tendance croissante de la population à ne plus croire en l'émancipation par le travail.
J'ai bien conscience qu'il convient de s'interroger sur la prison dans laquelle la femme serait enfermée mais pour l'en libérer, comment procéder?

Comment ne pas se retrouver dans l'excès inverse, forme de discrimination positive, qui effacerait les écarts salariaux alors même que un certain nombre de femmes, à poste équivalent, seraient de leur propre choix libre et éclairé, moins méritante ou moins impliquée dans l'entreprise?

Cette question soulève par ailleurs une multitde d'interrogations:
L'entreprise doit-elle avoir ce rôle social à contre-temps de la société?
Quelle est la part de choix libre et éclairé, émancipé de l'environnement social dans les choix de vie familiale de tout un chacun?
Quelle est la part de déterminisme social et sexuel dans les décisions managériales d'un employeur?

Vastes questions pour lesquelles il n'existe pas, à mon sens, de réponse tranchée, sauf à faire une analyse casuistique et individualisée.

En conclusion, toute la question demeure au final de savoir si pour chaque cas, dans quelle mesure l'inégalité salariale est la conséquence d'un choix esclave d'une pression sociale ou professionnelle. En d'autres termes, dans quelle mesure sommes-nous libres et éclairés dans nos décisions?

Vous avez deux heures.

Mise à jour: L'hérétique a rebondi sur mon billet.

mercredi 22 juillet 2009

L'oeil de Moscovici sur le PS

Dans la série "Moi aussi, j'ai un truc à dire sur le PS", voici l'épisode n°6: (Manuel Valls, Jack Lang, Julien Dray, Bertrand Delanoë et BHL)

Pierre Moscovici y va de son analyse. Unique et Commun décrypte pour vous.
La social-démocratie européenne a échoué le 7 juin
Voilà qui est dit, Pierre Moscovici enterre définitivement la social-démocratie. Les Strauss-Kahn (son camarade) et Valls apprécieront. Un petit virage à gauche qui qui ne manquera pas d'aviver encore un peu plus le schisme du Parti Socialiste.
S'agissant des socialistes français, nous n'avons pas fait une bonne campagne, et je pense qu'en réalité, nous avons eu tendance à confondre cette consultation européenne avec une élection nationale.
Ah zut, moi qui croyais que c'était le Mouvement Démocrate qui avait brillé dans cet exercice...
Pour que l'unité existe, il faut à la fois un projet commun, une stratégie bien identifiée, et un chef incontesté. Malheureusement, nous n'avons actuellement réuni tout à fait aucun de ces trois éléments.
Pan dans les dents Martine...
Le socialisme est une idée forte, une idée d'avenir, une famille politique indispensable. Mais les partis peuvent mourir ou muter.
Le socialisme mais pas la social-démocratie...?

La question posée est de savoir si demain l'idée socialiste sera encore incarnée par l'actuel parti né à Epinay en 1971, ou si ce parti débouchera sur une formation politique différente.

Sauf qu'à force de scinder et fusionner les partis de gauche depuis la IIe Internationale, il faudrait s'interroger sur la question de savoir si cette synthèse est finalement viable...
Manuel (Valls) est un garçon qui a du talent (...) mais là, je trouve qu'il va trop loin. La dénonciation systématique ne le sert pas davantage qu'elle ne nous sert.
Ah bon, et tu fais quoi là exactement Pierrot? Tu bouquines?
Les Verts et les socialistes partagent énormément de valeurs communes.
Oui, on a compris. Nous sommes tous écologistes...mais depuis qu'ils s'associent avec des Eva Joly et des José Bové, ce partage est-il toujours évident? Pas sûr...
Le PS ne doit pas disparaître, il doit changer profondément.
Bonnet blanc et blanc bonnet?

Un avenir commun (avec François Bayrou), non, au sens de l'appartenance à un même parti. Un bout de chemin ensemble, si François Bayrou choisit le camp de la gauche, nous ne l'excluons pas.

Sauf erreur, choisir le camp du PS, ça ne s'appelle plus se rassembler, c'est se rallier...
La situation est très différente, et les cultures politiques sont très différentes. La droite a le culte du chef, celui du pouvoir centralisé. La gauche est plus diverse et décentralisée.
Allez, et que je te fais des analyses à l'emporte-pièces...tous dans le même sac...ce n'est pas en raisonnant ainsi que l'on se rassemblera demain.
Je ne suis pas là pour décerner des bons et des mauvais points.
Mince, je n'ai pas compris ce que tu fais Pierrot depuis le début...
Je me refuse à laisser la France pour dix ans à Nicolas Sarkozy.
On est à peu près tous d'accord là-dessus. Mais ça ne risque pas de l'empêcher d'être réélu.
Martine Aubry m'a demandé d'animer, entre septembre 2009 et janvier 2010, une convention nationale pour définir notre vision d'un nouveau modèle de développement et de société. Je mettrai toutes mes forces pour aider à définir un tel projet.
On a déjà compris que la social-démocratie n'en faisait pas partie...le schisme je vous dis, le schisme !

PS: Disparitus nous annonce l'existence d'un pacte de non-agression entre Aubry et Royal...voilà à quoi en est réduit le PS...

PPS: Puisqu'il faut aussi balayer devant sa porte, très prochainement un billet sur le MoDem.

Deuxième balle à blanc

Toujours pas !

mardi 21 juillet 2009

L'horreur d'être père

Ce billet sera un billet beaucoup plus personnel que d'accoutumée.

Chaque jour que Dieu fait, je le remercie pour le bonheur qu'il m'a accordé en me donnant une si merveilleuse fille qui du haut de ses douze mois me contemple de ses yeux ronds et rieurs sur sa petite bouille qui s'accommode si bien de ce sourire qu'elle dispense à profusion.

Je pourrais digresser sans fin sur sa beauté angélique, ses rires enchanteurs ou l'émerveillement qu'elle provoque au moindre balbutiement mais ce serait feindre d'ignorer que ce bonheur a un prix.

Je n'arrive pas à identifier le moment où j'ai pleinement pris conscience de ce sentiment total et absolu. J'ai l'impression d'avoir toujours voué un amour inconditionnel à ma fille, bien avant même sa naissance.

Pourtant, il s'agit bien d'une sensation nouvelle, immense par sa force, inquiétante à la fois.
Dans mes tripes et dans ma chair, est inscrite la toute-puissance de ce lien.

Jamais je n'avais ressenti jusque là qu'un être fût plus important que tout, moi y incompris.
Dussè-je en périr, sa protection fût-elle en jeu, l'hésitation la plus fugace s'effacerait sans que l'idée n'ait même germée.

Il n'est pas question de raison mais de certitude instinctive.

Et là se trouve la rançon de ce bonheur incroyable.

A l'amour inconditionnel que je porte à ma fille s'associe un effroi aussi puissant.
La simple idée de sa mortalité est si terrorisante que la caresser, l'entrapercevoir est déjà insoutenable. Toutes ses déclinaisons ont ainsi été proscrites de mon esprit. Douleur, maladie, blessure, chute, etc.

Dès lors, comme toute idée qu'on cherche à occulter, elle devient omniprésente.

Je ne peux m'ôter de l'esprit ces mots de Stéphanie Fugain tenus à l'occasion d'une entrevue au sujet de l'association Laurette Fugain:
" On ne peut se remettre de la mort de son enfant."

J'en suis intimement convaincu. C'est peut-être cela avoir un enfant.

Mais cette horreur ne saurait l'emporter. Le bonheur ne saurait céder devant la terreur.

Fou que je suis, je m'apprête dans les heures qui viennent à doubler la peine...et la récompense.

lundi 20 juillet 2009

Musulmans modérés, où êtes-vous?

Quand on lit cela, on se demande : "mais où sont les musulmans modérés?"

Les périodes de crise sont toujours propices à l'émergence d'une haîne ciblée, comme si l'être humain ne pouvait affronter la difficulté qu'en caricaturant une situation, en personnifiant le mal à combattre, sorte de mécanisme visant à rassurer face à l'inconnu.

L'ennemi est connu, combattons-le. Rien n'est en effet plus terrifiant qu'un ennemi qu'on ignore.
Ainsi, la fibre raciste présente en chacun de nous ne manque-t-elle pas d'être titillée par le réflexe de survie activé par le phénomène de repli sur soi et la peur d'un avenir sombre.

Le danger guette, défendons-nous. Peu importe au final si le danger est véritablement identifié, l'Homme a besoin d'un ennemi. La crainte ne pourra être apaisée que si l'on sacrifie un coupable idéal sur l'autel de nos peurs collectives.

Les Juifs ont joué ce rôle à l'issue de la crise de 1929. Les Soviétiques ont cristallisé l'attention de l'Occident durant la guerre froide. Au tour des musulmans aujourd'hui.

Tensions communautaristes, rejet de la burqa, du voile, caricature d'une religion sulfureuse par sa réputation, bien que beaucoup de gens en ignorent réellement la nature, faute de connaissances suffisamment avancées en ce domaine.

Alors où sont les Musulmans modérés, prêts à défendre l'image de leur religion et réhabiliter leur communauté aux yeux du monde?

A défaut de les entendre, les plus virulents opposants de l'Islam ne manqueront pas de ressortir les versets les plus critiques du Coran.
Et malheureusement, il y en a plusieurs.
Polygamie, flagellation de la femme adultère, discrimination de la femme, reconnaissance de l'esclavagisme...

Je vous invite à lire par ailleurs l'analyse parfois acerbe faite sur le site de SOS Islam quant à ces dispositions les plus épineuses.

Il nous y est rappelé avec justesse qu'il convient de contextualiser le texte sacré, tout comme il doit en être de la Bible ou de la Torah. Ainsi, si la polygamie est préconisée:

Sourate 4, v. 3 :

Pour secourir les orphelins : « […] Epousez ce qui vous paraîtra bon d’entre les femmes, deux ou trois ou quatre »

Commentaire: Permission de la polygamie jusqu'à quatre femmes. En réalité, Mahomet paraît autoriser la polygamie afin de régler le problème du manque d'hommes tués à la guerre, d'où l'évocation des orphelins. Dans l'Islam originel, la polygamie fut aussi une réponse pratique aux pertes militaires.

On remarquera que Mahomet ne respecte pas lui-même cette limitation à quatre femmes puisqu'il en possède une vingtaine.

Il est à regretter que l'on n'entende pas plus de portes-paroles éclairés de l'Islam, mais n'oublions pas que ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas médiatisés qu'ils n'existent pas.

Heureusement que certains comme l'Hérétique s'offusque en commentaires du billet cité plus haut, de cette propension malsaine à l'épanchement de haine envers l'Islam. Je vous invite par ailleurs à lire l'intéressant commentaire de Laura Asma.

Musulmans modérés, exprimez-vous !

Travailler le dimanche, c'est la conquête de l'espace !

Nous célébrons aujourd'hui le quarantième anniversaire du premier pas sur la Lune.

D'aucun ne manqueront pas de se lamenter à hue et à dia que ces sommes astronomiques (image on ne peut plus adéquate!) eussent servi une cause plus noble (mettre un toit sur la tête des SDF, nourrir les plus démunis, contribuer à l'achat d'un nouveau jet pour le Président...rayez la mention inutile).

Je ne puis que m'opposer à ces indignations teintées de bienpensance en ce que la conquête spatiale reste un rêve de l'humanité. En ces temps iconoclastes où la désespérance gagne, rêver n'a pas de prix. Certains rapportent que le "petit pas" pour Neil Armstrong avait été suivi par près d'un milliard de personnes sur la planète au travers du petit écran. Or, en 1969, tout le monde ne pouvait s'offrir le luxe d'en posséder un soi-même, ce qui a motivé l'organisation d'une telle retransmission en des lieux publics tels le Drugstore des Champs-Elysées, the place to be. Imaginez-vous la motivation qu'il faut pour s'entasser dans un centre commercial pour entr'apercevoir avec peine une petite tâche blanche sur un fond gris sur un écran de 36cm à 3h56 du matin.

La conquête spatiale, c'est cela aussi. Et que des Nations aux intérêts parfois divergents puissent s'unir dans ce même but, que des peuples rêvent ensemble à ce mythe, je ne puis que m'enthousiasmer. Mettre en concurrence ce rêve avec les contingences de notre système économique à la dérive et la précarisation de l'humanité est incohérent et participe de l'idée que l'argent doit nécessairement servir une cause utile, pragmatique.

Un rêve ne sauve pas de vie mais il nous donne plus d'humanité.
Vouloir que les fonds ne servent que la recherche appliquée, utile, palpable, pragmatique et non la recherche fondamentale, utopiste, coûteuse, abstraite, contribue un peu plus au sacrifice de l'humain sur l'autel du "tout-économique".

De l'argent contre votre rêve, contre un symbole. Comme si un symbole pouvait s'acheter.
A l'instar du travail du dimanche: renoncer à un symbole contre un peu d'argent.

Que voulez-vous, certains choisissent leurs indignations, aussi incohérente soit leur posture.
Pendant ce temps-là, ces mêmes gens continuent d'aller acheter leur baguette 6 jours sur 7 ou aller au restaurant le dimanche, sans que cela ne les ait jamais offusqué.

Laissez-nous nos rêves, tant qu'il nous en reste.

dimanche 19 juillet 2009

BHL frappe un PS à terre

Après Manuel Valls, BHL s'y met n'en déplaise à Nicolas.

Personnellement, j'avoue ne nourrir aucune sympathie particulière à l'égard du personnage qui est à la philosophie ce que son homonyme Marc Lévy est à la littérature, une variante divertissante.

En outre, il ne manque pas ici de rajouter quelques braises sur la maison PS déjà en feu. Or, le Faucon rappelle non sans pertinence: "(Au PS) Quand tout va bien, on n'entend pas les différences. Quand ça va mal, c'est cacophonique."

Certes. J'ai même tendance à penser qu'il ne s'agit là que d'un symptôme d'un mal profond qui n'a été jusqu'à présent étouffé que par les circonstances particulières de l'Histoire française.

J'ai déjà eu l'occasion de le dire mais en d'autres contrées, les dissensions internes entre socio-démocrates et socialistes sont fortement identiques - que ce soit en Allemagne ou en Italie par exemple. Or, la crise financière devenue crise économique a certainement radicalisé les oppositions, les uns rejettant définitivement le libéralisme, les autres toujours convaincu qu'il faut en aménager les effets.

Cette opposition est au moins aussi vieille que la IIe Internationale et Jean Jaurès !
Peut-être sommes-nous effectivement arrivés à la fin d'un cycle? La cohabitation entre ennemis du libéralisme et socio-démocrates n'est-elle plus tenable?

J'ai personnellement voté PS jusqu'en 2002 jusqu'à ce que je comprenne que les socio-démocrates n'y sont pas nécessairement bien accueillis et qu'il y avait nettement plus d'affinités avec un discours centriste, à la fois libéral et humaniste, qu'avec une idéologie qui relève encore de la lutte des classes.

C'était au fond peut-être le sens de la chaîne de blogs que j'avais lancée: en France, peut-on être de gauche et accepter de composer avec le libéralisme?

De la réponse à cette question dépendra très certainement l'avenir du PS. Force est de constater que ce ne sera pas une mince affaire.

Post-Scriptum: Promis, le prochain billet portera sur un autre sujet que le PS... :D

samedi 18 juillet 2009

En France, c'est la gauche qui définit la droite

Nicolas a répondu partiellement à la chaîne que j'ai lancée.

Après avoir lu le billet d'Olibé, je me rends compte que si finalement la notion de droite sur l'échiquier politique renvoit à plusieurs réalités, il n'en est pas réellement de même à gauche. Du moins en France.

Nicolas confirme la perception que j'ai, celle-là même qui discerne le schisme qui est en train de se créer au sein du PS et partant, de l'ensemble de la gauche.

Ce schisme que le nom même de Parti Socialiste attise en ce qu'il induit en erreur et fait peser un héritage idéologique lourd.

En effet, le socialisme hérité originairement de Marx s'était construit en opposition frontale à une forme de libéralisme économique, le capitalisme. Même si de Jaurès à Mitterrand, ce socialisme s'est fait moins abrupt, cet héritage est resté fortement ancré dans l'inconscient collectif.

La tendance bipartiste renforcée par la complicité des mégalithes PS et UMP a éclipsé l'émergence d'une véritable force social-démocrate qui a dû resté dans le giron de la gauche française sans prendre acte du divorce consommé depuis de nombreuses années entre socialistes et socio-démocrates. (II et IIIe internationale socialiste)

Il ne s'agit pas que d'un divorce de façade mais bel et bien d'un incompatibilité idéologique. Les uns rejettent en bloc l'idée du libéralisme ne concevant la politique qu'au travers de la lutte des classes (remise au goût du jour) lorsque les autres au nom du pragmatisme souhaitent composer avec elle et l'adoucir pour la conformer à l'idéal socialiste.

C'est certainement ce que la crise actuelle a réveillé: le schisme qui n'a jamais été totalement consommé. Le Parti de Gauche s'est crée en réaction à cette tendance socio-démocrate du PS, portée notamment par Ségolène Royale. Pour autant, ses défenseurs n'ont pas quitté le navire de la Rue de Solférino. Preuve en est s'il le faut de la récente prise de bec entre Martine Aubry et Manuel Valls.

Dès lors, il n'est pas étonnant que ceux qui s'affirment de la gauche française identifient tout ce qui se rapproche de près ou de loin à du libéralisme à la droite, bien que cette dernière est loin de n'être composée que de libéraux.

Détail amusant, le libéralisme est considéré comme étant plutôt à gauche aux Etats-Unis et au Royaume-Uni bien que chacun s'accordera à dire que les notions de gauche et droite y sont substantiellement différentes de que nous connaissons en France.

La droite française, loin d'être un ensemble idéologique cohérent est composée aussi bien de libéraux, de chantres de la dérégulation totale, de défenseurs du protectionnisme, d'ayatollahs de l'interventionnisme et d'amateurs de nationalisme aux couleurs du socialisme.

En effet, depuis le gaullisme jusqu'au libéralisme en passant par le poujadisme, la palette est très diverse et sans réelle cohérence apparente.

C'est donc bien l'unité d'une certaine gauche qui détermine ce qu'est la droite.
Les juristes diraient qu'il s'agit d'une définition négative, c'est à dire qu'elle est définie non pas par ce qu'elle est mais par ce qu'elle n'est pas: l'héritière du socialisme international et de ses déclinaisons.

vendredi 17 juillet 2009

C'est quoi être de droite ou de gauche? La chaîne

L'idée a plu à l'Hérétique et m'a donné envie de lancer une chaîne pour avoir les opinions de la blogosphère.


Le principe?

Un billet simple (pas nécessairement simpliste) sur ce que signifie pour vous être de droite ou de gauche aujourd'hui.
Pour que le débat soit constructif, essayez de ne pas vous montrer condescendant ni même arrogant à l'égard des opinions contraires.

Sondages: et si Bayrou avait eu raison?

Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Arrêt sur Images et Marianne2.fr.

Victimisation vous aviez dit?

Dis Maman, c'est quoi être de droite?

...ou de gauche?

C'est la réflexion qu'a suscité en moi ce billet du Faucon et qui m'amène à inventer ce dialogue imaginaire entre une maman comme il en existe tant et son jeune fils, confronté pour la première fois à la question de la politique et dont la soif de savoir est sans limite.
" Maman, maman ! A la télé, je n'arrête pas d'entendre des gens qui disent qu'ils sont "de gauche" ou "de droite", ça a un rapport avec la main avec laquelle on tient son stylo?

- Non, mon chéri. C'est une manière pour les gens de définir leur idéologie politique.

- C'est quoi une "idéologie politique"?

- La politique à l'origine, c'est l'art de diriger la Cité. Aujourd'hui, la Cité a disparu et est devenu l'Etat. Donc la politique, c'est l'art de conduire un Etat, comme la France par exemple.

- Mais ça veut dire quoi, une "idéologie"?

- Tout le monde n'est pas forcément d'accord sur la manière de conduire un Etat. Certains groupes de personnes partagent toutefois des idées proches et c'est ce qui a permis de déterminer deux grands camps. Historiquement, les représentants du peuple siégeaient au Parlement à côté de leurs copains aux idées proches, et c'est ainsi que sont nées les distinctions "à gauche" et "à droite" en fonction de l'endroit où ils siégeaient dans la salle.

- Ah, et si on est copain avec les deux?

- Heureusement, on a crée des salles en forme de demi-cercle que l'on appelle hemicycles. Ce n'est toutefois pas le cas partout comme en Angleterre, mon chéri, où la chambre des députés, la House of Commons, est clairement divisée en deux rangs...ce n'est pas sans poser problème à certains.

- Mais Maman, ça veut dire que ces deux camps sont toujours en désaccord sur tout?

- Disons que lorsqu'un des deux camps est majoritaire, l'autre camp qu'on appelle "opposition", a tendance à contredire tout ce que fait l'autre pour pouvoir à son tour devenir majoritaire. C'est un peu comme si à un match de foot, on autorisait une équipe à faire entrer des remplaçants sur le terrain sans faire sortir qui que ce soit. La victoire est donnée à ceux qui sont les plus nombreux. Et pour que l'arbitre (les électeurs) autorise à être plus nombreux, chaque camp crie sans cesse que le jeu de l'autre équipe est nul, qu'ils sont mauvais joueurs, etc...

- Mais on est obligé d'être copain avec un seul des deux camps?

- Non, mais c'est malheureusement la tendance en France où les deux grands partis refusent de travailler ensemble. Notre Président de la République fait même croire le contraire en faisant venir dans son gouvernement des gens du camp d'en face mais au lieu de les laisser diriger leur ministère selon les idées de leur camp, il les force à appliquer les idées de son camp à lui.

- Ces gens-là vont devoir s'asseoir de l'autre côté de la salle maintenant ?

- Hélas, non mon chéri. Pour cela, il faudrait que ses anciens copains décident de l'exclure et que ses nouveaux copains décident de l'accueillir. C'est peu probable.

- Alors, ça veut dire qu'il peut y avoir des gens "de gauche" qui travaillent comme des gens "de droite"?

- Oui.

- Comment on fait alors si jamais on m'a mis "à gauche" mais que parfois, je suis d'accord avec ceux qui sont "à droite"?

- Si tu veux rester avec tes copains "de gauche", il faudra faire ce que leur chef dit. Sinon, ils risquent de t'exclure de l'équipe.

- Qu'est-ce qui se passe si le chef est mis "à gauche" mais qu'il décide de faire la même chose que ceux "de droite"?

- Je crois bien qu'ils feront tout pour faire croire qu'ils sont pourtant bien à gauche.

- C'est donc le chef qui décide si on est à gauche ou à droite? On ne peut pas avoir des copains des deux côtés?

- J'en ai bien peur mon chéri. L'arbitre se mêle rarement de ces affaires-là. Mais sache que depuis de nombreuses années, il y a des petits groupes qui grandissent et qui essayent de changer cela. On les a mis au milieu de la salle, on les appelle parfois "centristes", parfois "démocrates". Ils sont comme toi, ils estiment qu'on peut avoir des copains "de gauche", comme "de droite", tout dépend du problème soulevé.

- Ca veut dire que tous ceux qui sont "à gauche" sont copains et tous ceux qui sont "à droite" aussi?

- Pas vraiment. C'était le cas il y a de nombreuses années, ce ne l'est plus véritablement aujourd'hui.

- Maman...j'ai rien compris. C'est quoi finalement être "à gauche" ou être "à droite"?

Elle embrasse affectueusement son fils sur le front.

- La prochaine fois, mon chéri. La prochaine fois.

jeudi 16 juillet 2009

Le Royaume-Uni, mieux réglementé que la France?

La Perfide Albion, ce pays où les ultra-libéraux se pavanent dans l'argent obtenu sur le dos des honnêtes travailleurs, où l'on paye beaucoup moins d'impôts qu'en France, où c'est le "chacun pour soi". Oui, ce même pays est en train de devancer la France en matière de réglementation...

Je vous ai traduit l'article du Guardian:
Des centaines d’ambitieux de La City pourraient être forcés de révéler leur salaire et leurs bonus selon les plans dévoilés par l’agence de conseil sous tutelle gouvernementale.

Quelques uns des salariés les mieux payés au sein des établissements bancaires, pour le moment à l’abri d’une telle intrusion, pourraient être exposés à la lumière afin que les actionnaires puissent juger s’ils sont trop payés ou si leur bonus encouragent des comportements à risque, selon le rapport.

L’examen réalisé par Sir David Walker met en avant que les politiques salariales de La City offraient des boni à court-termes sur des affaires qui créaient des risques sur le long-terme pour les banques.

Walker dit qu’il voulait que les règles s’appliquent à toutes les banques opérant à LA City, notamment les banques américaines les plus importantes.

Le rapport sera transmis au Ministre des Finances, Alistair Darling à un moment où de nombreuses banques ont commencé à mettre de côté des boni massifs pour leur personnel. Goldman Sachs a déjà publié des profits records pour la première moitié de l’année. JP Morgan, l’autre célèbre banque américaine à avoir largement échappé au pire de la crise financière, devrait publier elle-aussi des bénéfices records aujourd’hui.

Walker a dit que les noms des membres du personnel d’un grade inférieur aux administrateurs et qui gagnent des sommes importantes seront tenus secrets, mais le Comité de Rémunération aurait le pouvoir d’outrepasser le Conseil d’Administration s’il pense que les niveaux de salaire ou les politiques de primes favorisent des comportements à risque.

Il ajoute que le rôle des Directeurs non dirigeants pourrait être renforcé afin de combler les défaillances des banques qui ont eu lieu avant la crise financière. Un Comité des Risques au niveau du Conseil d’Administration aurait un droit de regard sur les politiques de la banque et évaluerait si celles-ci sont susceptibles d’ébranler sa force ou provoquer une deuxième crise.

Les actionnaires mécontents des actions entreprises par le Comité de Rémunération pourraient demander à se présenter pour une réélection.

Walker a ajouté : « Ces suggestions sont destinées à améliorer le professionnalisme et la diligence des administrateurs des banques, en augmentant l’importance des contraintes pesant sur le Conseil d’Administration. Si cela doit avoir pour conséquence de réduire la collégialité au sein des Conseils d’Administration par rapport au passé, ce serait un prix modique à payer pour une meilleure gouvernance. »
Faut-il encore d'autres preuves démontrant que l'on peut être libéral et ne pas être un ayatollah du marché débridé? A quand en France?

Plus sérieusement, j'avoue être atterré de lire que Goldman Sachs et JP Morgan annoncent à nouveau des bénéfices records pendant que des milliers d'entreprises sont en train de licencier, souffrant du manque de trésorerie que ces mêmes banques ne peuvent plus leur consentir.

On ne peut certes que se réjouir de la probable santé retrouvée du système bancaire, préalable à une reprise économique, mais j'ai comme l'impression que la morale n'est pas sauve dans cette histoire...

Je ne sais pas ce qu'en pense mon copain blogueur expatrié Vonric, mais je sais que ça pourrait en faire réagir plus d'un...

On m'écoute au PS...?

Je suis écouté au Parti Socialiste et plus particulièrement par Manuel Valls.

Il s'interroge lui aussi sur la survie du nom "Parti Socialiste".

Pour sûr, il a lu mon billet à ce sujet.

Puisqu'on me lit, j'ai une autre idée. L'aile socio-démocrate devrait quitter le PS et rejoindre le Mouvement Démocrate !

Chiche qu'on m'entende.

NDLR: Ce billet est susceptible de comporter une dose d'ironie.

mercredi 15 juillet 2009

Fier d'être Français?

Je passe chez Roman et je m'arrête sur son dernier billet qui provoque en moi une réaction immédiate.
Il se trouve que cet anniversaire coïncide très précisément avec celui de la Fête de la Fédération de 1790, en la mémoire de laquelle a été instituée la Fête nationale. Je ne voue pas à cette dernière un culte particulier, non plus qu'au drapeau tricolore et à la Marseillaise.
Cette fameuse relation ambigüe entre le peuple français et son identité.
Je m'étonne toujours et encore aujourd'hui qu'une connotation raciste et ultranationaliste soit affublée aux symboles de la République.

Roman associe ce patriotisme de façade aux pays à l'identité nationale faible, prenant l'exemple des pays scandinaves en voie d'anglicisation.

Je lui répondrais tout d'abord que le patriotisme de façade peut parfois correspondre à une réalité de fond, pas seulement à une apparence. Je prendrais pour exemple un pays que je connais particulièrement bien, le Portugal.

Il n'y est pas rare ni même choquant de voir des drapeaux brandis dans les jardins et arrière-cours ni même d'entendre chanter l'hymne national (dont le refrain est étrangement similaire à la Marseillaise) à l'occasion d'événements publics. Or, on ne peut décemment accuser le Portugal d'être un pays à identité faible sauf à mépriser près de 2000 ans d'histoire et la domination de la culture lusophone au travers de ses grands navigateurs surtout au courant du XVe et du XVIe siècle.

Les Portugais n'ont pas une relation aussi trouble avec leur identité nationale, loin s'en faut. les méditerranéens sont généralement fiers. Ceux-là n'échappent pas à cette règle et l'affirmation des symboles de la Nation et de l'Etat participent de cette fierté affichée.

Les Français de leur côté ont développé dans leur inconscient collectif l'association malencontreuse entre nazisme et nationalisme. Le gouvernement de Vichy et la collaboration avec l'occupant nazi auront laissé des traces plus profondes que l'on ne veut bien croire.

Pourtant, on pourrait s'interroger sur ces autres pays qui ne connaissent pas un telle gêne mais qui ont fricoté plus qu'amicalement avec le fascisme comme l'Italie qui lui a donné naissance et dont le drapeau est aussi ancien que le notre.

L'une des raisons principales est que la France se distingue de son voisin transalpin dans ce qui constitue une de ses grandes spécialités: le silence de la honte. En effet, nous ne brillons pas par notre capacité à affronter notre histoire dans les yeux (Vichy, Guerre d'Algérie, etc...)

L'Italie quant à elle, n'a guère eu le choix et a dû expier ses crimes et entamer un processus de confrontation à la vérité, tout comme l'Allemagne.

La France n'a pas été aussi prompte à procéder à ce travail pour plusieurs raisons que je ne développerai pas ici. Dès lors, les symboles de la République ont été entachés d'un passé qu'elle n'a pas expié, la peur de la résurgence du nationalisme et de son parent proche le racisme, est fortement ancrée dans les esprits.

Cette peur est ravivée à chaque fait divers aux allures de crime raciste, chaque région où le Front National reprend du poil de la bête, chaque drapeau qui est brandi.

Pourtant ce drapeau et cet hymne, ces simples symboles, des millions de gens se sont sacrifiés pour eux. Pour la République et l'idéal qu'elle représente.

Il n'y a aucun mal à être fier de cela. Je suis même persuadé que c'est en étant fier de ses origines que l'on est plus à même de s'ouvrir aux autres. Fierté n'est pas arrogance.

L'ouverture vers les cultures étrangères n'est pas plus un affaiblissement de son identité nationale. Les pays scandinaves sont certes très proches du Royaume-Uni (et ce, depuis longtemps) mais de ce que j'en connais leur identité reste forte à mon sens, surtout en Norvège et en Suède où le peuple reste attaché à leur monarchie constitutionnelle.

En conclusion, je répondrais à Roman que l'identité nationale n'est pas affaire de drapeau, d'hymne, pas plus qu'elle n'est affaire de langue, de culture ou d'histoire. Non. C'est un tout. Chacun de ces éléments construisent l'identité d'une nation et en renier l'un d'entre eux est renier l'ensemble.

Soyez fiers des symboles de la République et acceptons publiquement la vérité !
 
blog d'expatrié