samedi 25 juillet 2009

Le Royaume-Uni recolonise !

Sa Majesté Elizabeth II sait se montrer politiquement incorrecte.

Conséquemment à une situation de corruption devenu systémique sur les îles Turks et Caïcos, petit archipel des Caraïbes, ancienne colonie britannique resté dans le giron du Commonwealth, le Royaume-Uni s'apprêterait à "annexer" à nouveau le territoire devenu indépendant depuis 1976.

1976, c'est un an après la fin des guerres de colonies du Portugal, dernier pays d'Europe à entrer dans la danse africaine de l'émancipation.

Finalement, je m'interroge. N'est-ce pas de la responsabilité des anciennes puissances colonisatrices qui ont abandonné ces nations avec pertes et fracas que de s'assurer d'une transition démocratique et économique vers un fonctionnement stable?
En d'autres termes, la France ne devrait-elle pas en faire de même auprès de certaines de ses anciennes colonies africaines?

Je sais que certains vont pousser des cris d'orfraies: quelle horreur, la perspective d'une nouvelle colonisation, le fantôme du paternalisme européen !

Sachons raison garder. Le fait est que l'on ne peut maintenir des populations sous sa tutelle pendant plusieurs décennies et espérer que du jour au lendemain celles-ci sauront organiser les conditions sociales, économiques et culturelles de la démocratie lorsque la plupart des nations mettent des décennies pour ce faire. Le cas Irakien en est un exemple flagrant.
Raser les institutions existantes et laisser le vide s'installer est d'une naïveté déconcertante. Le vide profite toujours aux plus forts.

Ce n'est certes pas politiquement correct mais il n'est pas plus correct à mes yeux que de laisser faire une situation dans laquelle nous avons une part de responsabilité en tant qu'anciens gouvernants européens.
La création du Commonwealth s'inscrivait dans cet esprit: maintenir une cohésion, un lien, un tissu économique au profit mutuel. L'organisation est certes très théorique mais n'en demeure pas moins symbolique. En matière de relations internationales, les symboles sont peut-être ce qu'il y a de plus important.

Alors, dans des situations analogues de corruption systémique, renforcée par un décolonisation brutale, la recolonisation est-elle souhaitable ?

Peut-être. Encore faut-il une véritable volonté des anciennes puissances dirigeantes de mettre fin à pareils systèmes et j'ai bien l'impression que la France a trop souvent intérêt à ce qu'ils perdurent.

7 commentaires:

  1. C'est amusant l'emploi qui est fait de la "dè-re-colonisation". Présenté tel que, ça implique exclusivement une dimension géopolitique "exotique", en-dehors des frontières d'un état.

    Comme si on ne colonisait pas à l'intérieur des frontières.
    Région, dépts, cantons, villes, ne sont-ils pas autant de colonies? De sub-divisions selons des critères géographiques?
    Si je prends le seul exemple de Paris avec ses rives droite et gauche, l'une n'est-elle pas la colonie de l'autre, l'une exploitée au sein d'une même région administrative par l'autre?
    L'une tirant ses richesses de l'exploitaion des pauvres de l'autre???

    Il y a aussi cet autre aspect de la colonisation: celle des individus... Par rapport au sexe, à la couleur de la peau, à l'âge, à l'emploi, au savoir, à la culture, à la nationalité, etc.
    Ne sont-ce pas des "colonies"?

    Putt Bill

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  2. Putt Bill,

    Je crois précisément que ce qui a provoqué l'échec de la colonisation à la française, tout comme la décolonisation est l'absence de mutualisation des ressources et des charges, ce qui nécessairement induit une absence de communautarisation dans son sens noble.
    Ainsi, l'Union Européenne est née sous la forme de la CECA, premier pas vers la solidarité inter-nationale.
    Malgré la centralisation française jacobine, les divisions administratives sont à peu près toutes solidaires et mutualisées au sein de la France.
    C'est ce qui les distingue à mon sens des "colonies" qui suggèrent nécessairement une forme d'unilatéralisme découlant du paternalisme impérialiste.

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  3. J'ai du mal à saisir ta dernière phrase... Est-ce à dire qu'il y a une colonisation "propre" et une autre "sale"?.. "Propre" à l'intérieur de nos frontières, "sale" à l'extérieur?

    Le but de la colonisation n'est pas - n'a jamais été- la mutualisation. Attendre d'elle qu'elle produise des effets communautaristes est illusoire.
    J'ai délibérément choisi l'exemple des deux rives parisiennes justement parce qu'elles offrent cette image contrastée d'un communautarisme raté dans une dimension géographique restreinte.

    Si la France est une "réussite" en matière de solidarité, elle est à mettre au crédit du rayonnement économique. Si elle avait été philosophique, alors seulement pourrait-elle prétendre produire des effets communautaristes.
    Pour l'heure, le genre humain mesure ses communautés en €uros, ne considère ses pairs que via la psychologie de la propriété au détriment de la solidarité...

    Putt Bill

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  4. Putt Bill,

    Je crois effectivement que l'un des tournants actuels qui déterminera l'avenir est la mutation du concept de propriété.

    Le débat sur le téléchargement illicite est l'arbre qui en cache la forêt.

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  5. C'est devenu le rôle de l'ONU, qu'elle a su remplir dans certains cas (Salvador, Cambodge, Mozambique, Sierra Leone, Timor Oriental etc.) et pour lequel elle a souvent échoué (Somalie, Rwanda, etc.). Ses échecs ou non-interventions sont cependant plus souvent le fait d'Etats membres, et notamment les membres permanents du Conseil de Sécurité, par excès de zèle (Somalie, Afghanistan), recherche d'une chasse-gardée (Côte d'Ivoire, Irak, Géorgie), peu d'importance donnée au dossier (Rwanda, Soudan).

    C'est toute l'importance qui doit être donné au concept de Responsabilité de Protéger (R2P) et son extension au zones de faible gouvernance / inexistence de gouvernements.

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  6. Arnaud,

    C'est effectivement intéressant.
    Pour autant, nul n'ignore l'affaiblissement du rôle de l'ONU depuis l'invasion américaine en Irak.
    En outre, tant que les puissances dominantes de ce monde ne se soumettront pas totalement à la prédominance des Nations Unies en lui accordant un pouvoir coercitif, les Etats membres seront toujours libres d'en parasiter l'action.
    C'est un des principes fondamentaux du droit.
    Un droit qui n'est pas sanctionnable n'est pas un droit.

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  7. Nemo,

    Deux options se présentent alors, celle de la création d'un pouvoir coercitif direct au sein de l'ONU, peu probable à moyen terme (même si nécessaire à long terme), ou la délégation à des organisations régionales de sécurité des problématiques purement régionales. La deuxième option commence à prendre corps (OTAN puis UE dans les Balkans occidentaux et au large des côtes somaliennes, UA aux Comores et au Soudan, ASEAN pour le règlement des zones contestées en Mer de Chine Méridionale).

    Cela pourrait s'étendre à certaines organisations hybrides comme le Commonwealth, mais ne peut en aucun cas se généraliser au niveau de l'ex-puissance coloniale, sauf exception, avec une délégation d'autorité par toutes les parties.

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