Il se trouve que cet anniversaire coïncide très précisément avec celui de la Fête de la Fédération de 1790, en la mémoire de laquelle a été instituée la Fête nationale. Je ne voue pas à cette dernière un culte particulier, non plus qu'au drapeau tricolore et à la Marseillaise.
Cette fameuse relation ambigüe entre le peuple français et son identité.
Je m'étonne toujours et encore aujourd'hui qu'une connotation raciste et ultranationaliste soit affublée aux symboles de la République.
Roman associe ce patriotisme de façade aux pays à l'identité nationale faible, prenant l'exemple des pays scandinaves en voie d'anglicisation.
Je lui répondrais tout d'abord que le patriotisme de façade peut parfois correspondre à une réalité de fond, pas seulement à une apparence. Je prendrais pour exemple un pays que je connais particulièrement bien, le Portugal.
Il n'y est pas rare ni même choquant de voir des drapeaux brandis dans les jardins et arrière-cours ni même d'entendre chanter l'hymne national (dont le refrain est étrangement similaire à la Marseillaise) à l'occasion d'événements publics. Or, on ne peut décemment accuser le Portugal d'être un pays à identité faible sauf à mépriser près de 2000 ans d'histoire et la domination de la culture lusophone au travers de ses grands navigateurs surtout au courant du XVe et du XVIe siècle.
Les Portugais n'ont pas une relation aussi trouble avec leur identité nationale, loin s'en faut. les méditerranéens sont généralement fiers. Ceux-là n'échappent pas à cette règle et l'affirmation des symboles de la Nation et de l'Etat participent de cette fierté affichée.
Les Français de leur côté ont développé dans leur inconscient collectif l'association malencontreuse entre nazisme et nationalisme. Le gouvernement de Vichy et la collaboration avec l'occupant nazi auront laissé des traces plus profondes que l'on ne veut bien croire.
Pourtant, on pourrait s'interroger sur ces autres pays qui ne connaissent pas un telle gêne mais qui ont fricoté plus qu'amicalement avec le fascisme comme l'Italie qui lui a donné naissance et dont le drapeau est aussi ancien que le notre.
L'une des raisons principales est que la France se distingue de son voisin transalpin dans ce qui constitue une de ses grandes spécialités: le silence de la honte. En effet, nous ne brillons pas par notre capacité à affronter notre histoire dans les yeux (Vichy, Guerre d'Algérie, etc...)
L'Italie quant à elle, n'a guère eu le choix et a dû expier ses crimes et entamer un processus de confrontation à la vérité, tout comme l'Allemagne.
La France n'a pas été aussi prompte à procéder à ce travail pour plusieurs raisons que je ne développerai pas ici. Dès lors, les symboles de la République ont été entachés d'un passé qu'elle n'a pas expié, la peur de la résurgence du nationalisme et de son parent proche le racisme, est fortement ancrée dans les esprits.
Cette peur est ravivée à chaque fait divers aux allures de crime raciste, chaque région où le Front National reprend du poil de la bête, chaque drapeau qui est brandi.
Pourtant ce drapeau et cet hymne, ces simples symboles, des millions de gens se sont sacrifiés pour eux. Pour la République et l'idéal qu'elle représente.
Il n'y a aucun mal à être fier de cela. Je suis même persuadé que c'est en étant fier de ses origines que l'on est plus à même de s'ouvrir aux autres. Fierté n'est pas arrogance.
L'ouverture vers les cultures étrangères n'est pas plus un affaiblissement de son identité nationale. Les pays scandinaves sont certes très proches du Royaume-Uni (et ce, depuis longtemps) mais de ce que j'en connais leur identité reste forte à mon sens, surtout en Norvège et en Suède où le peuple reste attaché à leur monarchie constitutionnelle.
En conclusion, je répondrais à Roman que l'identité nationale n'est pas affaire de drapeau, d'hymne, pas plus qu'elle n'est affaire de langue, de culture ou d'histoire. Non. C'est un tout. Chacun de ces éléments construisent l'identité d'une nation et en renier l'un d'entre eux est renier l'ensemble.
Soyez fiers des symboles de la République et acceptons publiquement la vérité !
Je m'étonne toujours et encore aujourd'hui qu'une connotation raciste et ultranationaliste soit affublée aux symboles de la République.
Roman associe ce patriotisme de façade aux pays à l'identité nationale faible, prenant l'exemple des pays scandinaves en voie d'anglicisation.
Je lui répondrais tout d'abord que le patriotisme de façade peut parfois correspondre à une réalité de fond, pas seulement à une apparence. Je prendrais pour exemple un pays que je connais particulièrement bien, le Portugal.
Il n'y est pas rare ni même choquant de voir des drapeaux brandis dans les jardins et arrière-cours ni même d'entendre chanter l'hymne national (dont le refrain est étrangement similaire à la Marseillaise) à l'occasion d'événements publics. Or, on ne peut décemment accuser le Portugal d'être un pays à identité faible sauf à mépriser près de 2000 ans d'histoire et la domination de la culture lusophone au travers de ses grands navigateurs surtout au courant du XVe et du XVIe siècle.
Les Portugais n'ont pas une relation aussi trouble avec leur identité nationale, loin s'en faut. les méditerranéens sont généralement fiers. Ceux-là n'échappent pas à cette règle et l'affirmation des symboles de la Nation et de l'Etat participent de cette fierté affichée.
Les Français de leur côté ont développé dans leur inconscient collectif l'association malencontreuse entre nazisme et nationalisme. Le gouvernement de Vichy et la collaboration avec l'occupant nazi auront laissé des traces plus profondes que l'on ne veut bien croire.
Pourtant, on pourrait s'interroger sur ces autres pays qui ne connaissent pas un telle gêne mais qui ont fricoté plus qu'amicalement avec le fascisme comme l'Italie qui lui a donné naissance et dont le drapeau est aussi ancien que le notre.
L'une des raisons principales est que la France se distingue de son voisin transalpin dans ce qui constitue une de ses grandes spécialités: le silence de la honte. En effet, nous ne brillons pas par notre capacité à affronter notre histoire dans les yeux (Vichy, Guerre d'Algérie, etc...)
L'Italie quant à elle, n'a guère eu le choix et a dû expier ses crimes et entamer un processus de confrontation à la vérité, tout comme l'Allemagne.
La France n'a pas été aussi prompte à procéder à ce travail pour plusieurs raisons que je ne développerai pas ici. Dès lors, les symboles de la République ont été entachés d'un passé qu'elle n'a pas expié, la peur de la résurgence du nationalisme et de son parent proche le racisme, est fortement ancrée dans les esprits.
Cette peur est ravivée à chaque fait divers aux allures de crime raciste, chaque région où le Front National reprend du poil de la bête, chaque drapeau qui est brandi.
Pourtant ce drapeau et cet hymne, ces simples symboles, des millions de gens se sont sacrifiés pour eux. Pour la République et l'idéal qu'elle représente.
Il n'y a aucun mal à être fier de cela. Je suis même persuadé que c'est en étant fier de ses origines que l'on est plus à même de s'ouvrir aux autres. Fierté n'est pas arrogance.
L'ouverture vers les cultures étrangères n'est pas plus un affaiblissement de son identité nationale. Les pays scandinaves sont certes très proches du Royaume-Uni (et ce, depuis longtemps) mais de ce que j'en connais leur identité reste forte à mon sens, surtout en Norvège et en Suède où le peuple reste attaché à leur monarchie constitutionnelle.
En conclusion, je répondrais à Roman que l'identité nationale n'est pas affaire de drapeau, d'hymne, pas plus qu'elle n'est affaire de langue, de culture ou d'histoire. Non. C'est un tout. Chacun de ces éléments construisent l'identité d'une nation et en renier l'un d'entre eux est renier l'ensemble.
Soyez fiers des symboles de la République et acceptons publiquement la vérité !
« L'ouverture vers les cultures étrangères n'est pas plus un affaiblissement de son identité nationale. Les pays scandinaves sont certes très proches du Royaume-Uni (et ce, depuis longtemps) mais de ce que j'en connais leur identité reste forte à mon sens, surtout en Norvège et en Suède où le peuple reste attaché à leur monarchie constitutionnelle. »
RépondreSupprimerDans le cas des pays scandinaves, je ne sais pas s'il faut parler d'ouverture ou de substitution culturelle. J'ai passé un mois et demi au Danemark en 2004 et j'ai pu constater que la sous-culture vaguement anglo-saxonne y a fait des ravages bien plus grands que dans les pays latins, de tradition catholique. Je n'ai aucune raison de penser que la tendance s'est inversée en cinq ans. C'est moins par proximité ancienne avec le Royaume-Uni que ce processus se fait jour en Europe et ailleurs dans le monde, mais en raison de cette sous-culture consumériste dont je parlais tantôt.
Moi, je suis fier des valeurs et de l'histoire de mon pays. Avec ses zones d'ombre. Comme un être humain, pas parfait.
RépondreSupprimerFier de faire parti du peuple français ? Ben j'en ai pas honte en tous cas.
Mais ton billet pose de bonnes questions. Merci.
Bonne soirée
Moi je suis bretonne et les Bretons ont peu de raisons d'apprécier la France.
RépondreSupprimerRoman,
RépondreSupprimerJe connais relativement peu la culture danoise. Pour autant, je travaille fréquemment avec des suédois. J'apprécie tout particulièrement leur ouverture d'esprit qui pour moi reste attachée à leur identité. Il reste possible qu'ils soient victimes d'une invasion consumériste. A vrai dire, je n'en ai aucune idée. Mais j'essaye de nuancer ton propos qui m'apparaissait trop manichéen en ce qu'il associait l'invasion d'une langue étrangère avec l'affaiblissement d'une identité nationale. Tant que l'on renie pas sa langue d'origine et qu'on la fait vivre...
Le Faucon,
C'est toute la nuance que j'ai apporté. Fier ne signifie pas être aveugle. Fier de ses origines c'est en accepter les qualités et les défauts.
Merci pour le compliment au passage. Si un jour on a l'occasion de se croiser (à la Comète le 27/08?), je te paye une mousse !
Christine,
RépondreSupprimerEncore une fois, ne mêlons pas tout. Être fier des symboles de la République, être fier d'être français, c'est aussi accepter les errements de l'histoire. Vous avez des raisons de ne pas aimer que la France ne soit pas confrontée à cette réalité. Mais rejetez l'identité de la France est un non-sens en ce que vous renieriez une partie de votre propre identité.
Mon identité n'est pas nationale.
RépondreSupprimerElle l'est en partie. Toute comme la Bretagne tient son identité en partie de l'identité française.
RépondreSupprimer« Tant que l'on renie pas sa langue d'origine et qu'on la fait vivre... »
RépondreSupprimerJustement, je ne suis pas sûr que les Scandinaves, et les Néerlandais, fassent vivre leur langue. Alors qu'en France, les immigrés finissent tous par devoir apprendre le français, ils peuvent se contenter, et bien souvent s'en contentent, de parler le « Globish », dans ces pays-là...
Encore une fois pour nuancer ton propos, je doute que les Scandinaves parlent anglais entre eux. C'est ainsi que la langue vit.
RépondreSupprimerEn outre, je sais que nombres d'immigrés sont encore très opaques au français et ce, malgré les années.
Ils ne parlent pas anglais entre eux - encore heureux -, mais que les nouveaux venus ne parlent qu'anglais n'est pas un bon signe de vitalité...
RépondreSupprimerLes nouveaux venus? Ne parlant que l'anglais?
RépondreSupprimerJe ne te suis plus. ;-)
Dans les pays scandinaves et les Pays-Bas...
RépondreSupprimerJe ne sais pas si tu bases ces affirmations sur des statistiques ou sur une perception, mais si tu as des sources, je suis preneur.
RépondreSupprimerUne perception, confirmée par les témoignages de personnes qui ont eu la même expérience que moi.
RépondreSupprimerS'il n'y avait que les statistiques pour avancer une idée, la littérature n'aurait jamais existé.
Tu pourras lire sur ce blog que moi-même je fonde certaines analyses sur ma perception. Néanmoins, je crois qu'il nous faut émettre une réserve intellectuelle et tâcher de confirmer une perception par une analyse plus complète et donc statistique.
RépondreSupprimerA défaut, on tombe facilement dans des réflexes ethnocentristes.
Ça ne m'empêche pas de noter avec intérêt l'expérience dont tu nous fais part.
J'ai quand même un fait : dans les pays nordiques (Pays-Bas, Scandinavie, Finlande), les études supérieures se font en anglais. Si ce n'est pas un signe d'anglicisation, ça, je ne sais pas ce que c'est : http://www.uva.nl/start.cfm/la=en ...
RépondreSupprimerDans les pays scandinaves, les films anglophones ne sont pas doublés (mais éventuellement sous-titrés), les jeunes sont donc rapidement bilingues (au moins). C'est quelque chose qu'on devrait appliquer en France depuis longtemps, mais à chaque fois qu'on parle d'anglais, les ministes de la culture &co poussent des hauts cris, cf la loi Toubon, votée contre l'usage de l'anglais, et qui justifie actuellement la non ratification par la France de la charte sur les langues régionales et minoritaires. L'exception culturelle française est une bouffonnerie et le résultat de cet aveuglement cocardier est que nos étudiants sont de piètres linguistes...
RépondreSupprimerJe vous rejoins pour les films en version originale sous-titrée (que, une fois que je les ai vus avec sous-titres, je regarde sans, ou encore avec des sous-titres en anglais)...
RépondreSupprimerPas sur les langues régionales : on ne peut les mettre sur le même plan que les langues nationales. Une langue comme le français n'est d'ailleurs pas seulement la langue de la France, c'est également et surtout une langue internationale. On ne peut en dire autant d'aucune langue régionale. Et les productions intellectuelles qu'elles recouvrent n'ont pas la même valeur : s'il y avait autant d'auteurs de talent en langues régionales qu'en langue française, cela aurait bien fini par se savoir, assimilation « jacobine » ou non...
Christine,
RépondreSupprimerJe crois bien que je suis d'accord avec vous même si je note une évolution positive depuis une dizaine d'années. Les français sont moins fermés aux langues étrangères que par le passé. Il reste que des progrès importants doivent être réalisés.
Roman,
Comme souvent, la France est peu sûre d'elle. Ce n'est pas en s'ouvrant aux autres qu'on renie ce que l'on est. La promotion de sa langue ne doit pas se faire aux détriments des autres. C'est par ailleurs une recette qui ne marche pas.
Nemo,
RépondreSupprimerSi la France était fermée, ça se saurait : aussi bien en termes migratoires qu'économiques ou culturels, la France est ouverte sur l'extérieur. Les Français ne sont sûrement pas de grands linguistes, mais ce n'est pas davantage le cas des Anglo-Saxons : personne ne leur en tient rigueur. Cessons donc cet auto-dénigrement... !
Roman,
RépondreSupprimerPrendre le modèle anglo-saxon en contrepoids du modèle français est tout sauf pertinent à mes yeux. Je ne dénigre pas cet aspect là, je constate simplement des difficultés de s'ouvrir à la langue et à la culture d'autres pays. Ce n'est certes pas l'apanage de la France mais ça n'en fait pas une qualité pour autant.
C'est pour moi, au contraire, le début de la petite mort de la culture française et de sa langue. Et ça me fait bien peur.
Le libéral que je suis a tendance à penser que ce n'est pas avec des interdictions que l'on parviendra à revaloriser la langue et la culture française mais en l'améliorant, en permettant notamment à nos artistes, nos industriels, nos commerçants de s'exporter...et donc...de s'ouvrir aux cultures étrangères pour mieux s'y introduire.
Mais en France on a l'habitude de se contenter de défendre en interdisant au lieu de défendre en promouvant.
Attention, je ne dis pas qu'il faut interdire quoi que ce soit ! Je dis qu'il ne faut pas se tromper de diagnostic : si la France n'arrive plus à assimiler ce qui lui est étranger, c'est aussi parce que ce qui lui permettait de le faire, et qui découle de l'universalisme romain et catholique, est renié. Par exemple, la francisation des noms, qui n'est pas une marque de fermeture, mais bien d'appropriation de ce qui lui est extérieur. Rémi Brague a généralisé cette thèse à l'ensemble de l'Europe dans Europe, la voie romaine.
RépondreSupprimerNous nous rejoignons donc sur ce dernier point d'autant plus que cela participe à mon sens de cette notion de fierté des racines.
RépondreSupprimer