vendredi 27 juin 2008

Laissez-moi vous conter une histoire

1h30 le matin. Une sonnerie retentit foudroyant mon cœur qui se met à battre la chamade.

Un appel à ce moment de la nuit, c'est nécessairement grave.

Je bondis hors de mon lit où une angoisse lancinante m'avait étreint depuis le coucher, m'empêchant de trouver le sommeil.

Je dévale les marches de l'escalier et saisis le téléphone:

" Qu'y a-t-il?
- J'ai bien peur que ça y est.
- Bon, pas de panique, je pars immédiatement."

Je jette sans réfléchir quelques affaires en vrac dans la valise.
Je verrouille et vérifie hâtivement portes et fenêtres de la maison.

Je prends la voiture.
Merde, je suis à sec. Je ne connais pas de stations services à guichet automatique dans les parages.

Je me lance tout de même dans mon itinéraire, priant Dieu de m'éviter la panne sèche avant le prochain pit stop.

Prière entendue.

Je roule à tombeau ouvert poussant mon vieux véhicule dans ses retranchements mais je déchiffre mal la route de nuit, le pare-brise est étrangement opaque.
Je n'arrive pas à le nettoyer correctement.

En outre, le GPS estime mon arrivée au car-ferry de Douvres à 7h10.

7h10? C'est bien trop tard !

J'accélère défiant les innombrables speed cameras croisées sur la route.

La tension relâchée l'espace d'un instant, je réalise que je me suis emmêlé les pinceaux.

Je reprogramme le GPS malhabilement. Arrivée estimée à 5h30.

Je ne suis pas plus rassuré. Je n'ai pas de billets.

Arrivé à Douvres à 5h10, le prochain départ est prévu à 5h40 sur la P&O.

Malgré les informations extrêmement claires affichées un peu partout au port, l'agent de l'enregistrement me renvoie vers un sombre bureau au-delà des barrières.
" Ce serait une bonne idée." affirma-t-il.

Je m'exécute non sans renfrognement.
Garé approximativement, je surgis au guichet.

" Bonjour ! Je voudrais acheter un billet !
- Vous venez d'où Monsieur?
- Du guichet d'enregistrement.
- De quel guichet?
- Je ne sais plus...un de ceux-là !
- C'était un guichet P&O?
- Oui, bien sûr. L'agent m'a dit de venir ici.
- Pourquoi vous a-t-il dit cela?
- Je n'en sais rien. Il a dit que c'était une bonne idée.
- C'est étrange... Bon, le billet coûte 104 pounds, l'embarquement est immédiat.
- Parfait."

Cintre accroché au rétroviseur en guise de billet, je me précipite à l'allée qui vient de m'être allouée.

L'embarquement est effectivement immédiat mais les véhicules grimpent à bord bien trop lentement.

Nous démarrons notre traversée avec 10 minutes de retard.

Je ne vais pas arriver à temps.
Je suis survolté, je ne puis ne serait-ce qu'envisager de me détendre une seconde.

Nous arrivons à Calais à 8h, heure française. C'est bien trop tard.

Les autoroutes françaises sont limitées à 130. J'en profite pour rouler pied au plancher.
Ma voiture ne sait plus dépasser le 140. J'essaye de ne pas y penser.

Calais, Boulogne, Berck, Amiens... les villes ne défilent pas assez vite.

Et le soleil qui est levé depuis si longtemps.
Je n'y serai décidément pas à temps !

Un appel:
" Tu en es où?
- Mon GPS me dit que je serai là dans 1h40.
- Dépêche-toi, j'ai bien peur que ce soit imminent."

Ces mots me terrorisent. Je suis électrique et je le sais.

Il faut que j'y sois, c'est trop important.

J'arrive désormais en terres connues, mais l'impatience se fait plus intense. Je sais la route qui me reste à parcourir.

"S'il y a un bouchon, je prends la bande d'arrêt d'urgence. Rien ne doit entraver ma route."

Il faut que j'y sois.

J'arrive enfin à destination mais on me refuse l'entrée.

"Il faut vous garer à l'extérieur monsieur!
- Quoi? Vous, vous moquez de moi ?
- Non, monsieur, il n'y a plus de places."

Les rues alentour ont toutes été prises d'assaut par des véhicules. Je dois chercher une place.
Un comble, me dis-je.

Je parviens à me garer. Une tête connue m'invite à la suivre.

" C'est par là. Je ne peux pas y entrer. Vas-y, toi. J'attends ici."
- D'accord."

J'enfile une blouse de protection, les surchaussures.

Je suis en eaux, la course, la fatigue, le stress me font suer comme jamais.

J'entre dans la salle.

" Ah vous êtes là ! Elle en est à 6 cm monsieur, on vient de lui poser la péridurale."

Je l'embrasse, nous sommes tous deux soulagés que je sois enfin arrivé.

40 minutes plus tard, son col était ouvert de 9 cm.

3h après. Tu faisais ton apparition.

Nous t'avons accueillie ta mère et moi.

Bienvenue ma chérie. Nous t'attendions depuis si longtemps.

mercredi 25 juin 2008

De mauvaise foi, moi?



Selon Jacques Attali: "La faiblesse du PS nuit fortement à la démocratie".

Curieuse affirmation qui se dispense de démonstration.

La sauvegarde de la démocratie serait-elle donc une notion que l'on brandit à convenance pour tenter de maintenir à flot sa formation politique aux abois?
Curieusement, on a connu d'autres partis moins "bankable" qui s'en étaient fait une marotte.

La démocratie française ne se définit-elle que comme l'opposition de deux partis politiques?

Jacques Attali devrait être renvoyé à ses leçons car il confond sans vergogne bipartisme et démocratie.

J'avoue le suspecter de malhonnêteté intellectuelle à cette occasion.

La France, spécialiste du rond-point?

Le pullulement des "carrefours à sens giratoire" ces dernières années a répandu chez les Français une croyance sous forme de résignation: nous serions les champions du monde du rond-point !

Définitivement faux, ma brave dame !*

Tenez-vous bien, en terre britannique, on fait bien mieux !

D'une part, la quantité de "roundabouts" existants sur le territoire de sa Majesté n'a rien à envier au nombre encore naissant de "rond-points" sur le sol de la République.

D'autre part, les "Grands Bretons" savent s'illustrer par leur inventivité et leur sens de la différence.

Admirez donc cette magnifique invention** qui brille par son inutile complexité source de confusions: le "double rond-point".


Mais comment diable font-ils donc pour ne pas provoquer d'innombrables accidents de la circulation?

Tout d'abord rappelons que les Anglais ont un comportement sur la route fondamentalement différent de l'impulsivité et l'agressivité latine propres à certaines populations d'Europe continentales dont la France elle-même (si, si!).

Extrêmement courtois - parfois même trop - il est très fréquent qu'un Anglais vous cède le passage dès que l'occasion se présente : dépassement, insertion dans une voie rapide, carrefour...

Conduire en Angleterre est beaucoup moins stressant de ce point de vue.
(Londres étant certainement une exception d'importance, je ne vous fais part que de mon expérience hors capitale).

Aussi, une fois arrivé à Calais, c'est le dur retour aux comportements agressifs et irresponsables que l'on se prend en pleine figure.

Qui n'a pas été éreinté par les trop fréquents incivismes du conducteur français lambda, convaincu que de vous céder le passage lui fait perdre sa place qu'il a dû lui-même gagner au prix d'une rude bataille - de nerfs.

Bien sûr, à l'abri dans son véhicule au moment de vous dépasser, ledit conducteur lambda feindra maladroitement un mal de crâne, un besoin irrépressible de chercher ce-truc-indispensable dans la boîte à gants, ou l'autoradio qui requiert soudainement un paramétrage des plus impérieux afin de ne pas avoir à confronter votre regard réprobateur, peu fier de son manque de courtoisie.

Rassurez-vous cette honte aura disparu au prochain carrefour.

Oui, le Français au volant est indiscipliné et peu courtois.

Ainsi, j'aimerais dès à présent mettre fin à ce faux-espoir que je sens grandir en vous cher lectorat : n'attendez pas que se répande cette merveilleuse invention du double rond-point en nos terres, la tôle de vos véhicules n'apprécierait pas !

Diable, la Perfide Albion en a profité pour nous voler la vedette.

* A mon lectorat masculin: ne vous offusquez pas, je ne cherche pas à vous féminiser!
** Notez que je n'attribue aucunement la paternité de cette invention aux Britanniques, je n'ai pas vérifié.

Emporté par la foule...

Comme vous l'aurez très certainement constaté, j'ai inséré une image dans le cadre du titre du blog.

Tout d'abord, comme l'usage le veut, voici les références de la photo originale:


Vue de la foule
Parade du Père Noël Eaton, Toronto, 1926
Photographie noir et blanc
Code de référence : F 229-308-0-807
Archives publiques de l'Ontario, I0020435

Ensuite, l'œuvre n'étant pas exactement ce que je recherchais j'ai donc du la retravailler à l'aide de GIMP.
Pour la version française, c'est par ici.

Je ne suis pas mécontent du résultat qui est à la hauteur de mes attentes.

Je vous laisse interpréter le sens de cette photo retouchée.

mardi 24 juin 2008

They try to make me go to revote but I say "no, no, no!"


Nonistes et ouiistes se livrent une guerre sans fin sur Internet au sujet de cette Europe que désaffectionnent beaucoup des peuples qui ont été paradoxalement à l'origine de cette merveilleuse idée.

Je suis toujours un peu gêné face à cette tendance dans l'air du temps à opposer les citoyens entre eux sur tout et n'importe quoi lorsque peu font l'effort d'analyser les raisons qui ont amené les uns à voter "non".

Pis encore, certains condamnent vertement et cataloguent les uns chez les pros, les autres chez les antis. Manière quelque peu manichéenne et simpliste que de traiter un problème aussi complexe que l'Europe.

Je le confesse ici, je fais partie des Français qui ont voté "non" au référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l'Europe (le "TCE"), le 29 mai 2005.
Ce projet, je l'ai pourtant lu et étais en mesure de le comprendre.

Je ne me reconnais pas pour autant dans la famille des nonistes ou des ouiistes car je suis à l'opposé de l'anti-européanisme que l'on voudrait affubler les nonistes, et ne partage pas la politique du béni-oui-oui des ouiistes.

Je regrette cependant et suis toujours autant scandalisé que pour seule réponse médiatique et politique l'on nous jette à la figure qu'il n'existe pas de plan B et qu'à cause de ce rejet, l'évolution de l'Europe est reportée sine die.

Si le seul choix admissible est de voter "oui", les Castristes apprécieront l'ironie.

L'Europe d'aujourd'hui est en panne d'idéal, et les Européens le sentent bien.

Si à l'origine la communauté économique et la zone de libre-échange étaient le vecteur idéal de la paix en ce qu'elle favorisait la solidarité dans un contexte faste, aujourd'hui, le spectre de la globalisation précarise, affaiblit les plus faibles, renforce les plus forts, et surtout est présentée par certains gouvernants et spécialistes comme une fatalité :

"L'ultra-libéralisme des capitalistes voyous, c'est le jeu ma pauv' Lucette !"

Dès lors, comment adhérer à une Europe qui ne sait pas proposer d'alternative à ce modèle de société économico-économique?
Comment s'identifier à une Europe qui envisage l'entrée de la Turquie alors qu'elle ne sais pas bien encore à quoi elle doit ressembler?

Ce "droit d'inventaire" pourrait bien se révéler fort utile en ce qu'il permettrait de voir les pays les plus proches, et ceux les plus distants, ceux prêt à l'harmonisation à court terme et ceux nécessitant un travail plus long, quels sujets nous réunit, quels sujets nous divisent.

Ce pourrait être le préalable idéal pour la constitution d'un noyau dur d'États à la proue de l'Europe, sorte de mini fédération qui loin de stigmatiser les différences, ferait l'effet d'un moteur auquel se rattacher.

Le plus ubuesque sans doute est que l'expansionnisme de l'UE aura jusqu'à présent réveillé les tensions en ce qu'elle tente d'occulter honteusement l'impossible égalité entre pays aux politiques salariales, sociales et fiscales foncièrement différentes. Le noyau dur permettrait de rééquilibrer ce jeu à court terme, les Français sont prêts à cela.

Plutôt que la machine à casser du social lancée par Sarkozy Ier, ce rééquilibrage aurait pour vertu de nous rapprocher des autres États y participant.

Lorsque les médias se font l'écho du concert d'indignation orchestré par les représentants européens et nationaux ("il faut faire revoter l'Irlande!"), l'effet désiré est dramatiquement contraire en donnant la sensation (justifiée?) aux peuples d'Europe que cette UE là n'est pas disposée à comprendre leurs peurs, leurs craintes, leurs désirs.

Non, je dis mille fois non lorsque l'on me répond qu'il n'y pas de solution à apporter à ces motifs de crainte donner purement internes (crise économique, chômage, crise alimentaire, énergétique...). Mettons-nous d'accord avant tout sur ce qui nous unit.

Les Européens ont besoin de rêver de nouveau à l'Europe mais avant de parler organisation, parlons identité.

L'idée de Nation n'est-elle pas le pré-requis à l'établissement d'une Constitution?

Plus qu'un pré-requis, elle en est le corollaire. De la Nation naît la légitimité d'un ordre social commun, et donc de l'idée de Constitution.

Europe, écoute ton peuple. Il n'attend que toi.

PS: J'aurais pu nommer ce billet "Je t'aime, moi non plus!"
PPS: Pour ceux qui n'auraient pas lu Pif Gadget, l'image est tirée de la série les Rigolus et les Tristus

lundi 23 juin 2008

Méfions-nous des titres racoleurs

Le Monde.fr dans son édition du jour présente sur sa une un article intitulé "L'agression d'un jeune juif à Paris soulève l'indignation".

A la lecture de l'article, il semblerait que pour le moment, la thèse de l'agression antisémite est contredite par la possibilité qu'il puisse s'agir d'une échauffourée entre "communautés".

Dans de telles circonstances, n'aurait-il pas été préférable de reformuler ce titre qui biaise le contenu de l'article suggérant qu'une thèse serait plus probable que l'autre.

Par exemple, "tensions communautaires autour d'une agression sulfureuse".

Le travail du journaliste est de veiller à ce que son jugement personnel ne soit pas trahi dans son article. En effet, l'information livrée doit être la plus exhaustive possible afin que le lecteur puisse se forger une opinion la plus éclairée possible.

En l'espèce, beaucoup retiendront de ce titre qu'il s'agissait sans nul doute d'une agression en raison de l'appartenance de la victime à la communauté juive, alors qu'à l'heure de la rédaction cette thèse fait encore débat.

Ici, même si l'enquête aboutit à confirmer l'opinion du journaliste - rien ne permet réellement de le penser aujourd'hui - il ne lui appartient pas d'orienter son article pour satisfaire telle ou telle thèse.

N'oublions pas qu'il n'est pas anodin de lire abondamment ça et là que des personnes sont "présumées coupables", "meurtriers présumés" ou autres "pédophiles présumés".

Rappelons l'article 11 de la "Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 de l'ONU":
« Article 11. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées."

Mise à jour: Notez que Rue89.com sait faire des titres autrement plus professionnels:
"Agression d'un jeune à Paris: le Crif dénonce un acte antisémite"

dimanche 22 juin 2008

Rassurez-nous, vous avez déjà 15 enfants, tout va bien?

Ainsi s'adressa un recruteur à un candidat lors d'un entretien pour un poste d'avocat collaborateur au sein d'un cabinet.

En dépit des règles protectrices en matière de relations du travail, et de l'arsenal répressif applicable en France en matière de discriminations, il n'est malheureusement pas rare - et je me fais l'écho ici de l'expérience d'amies proches - que cette question s'immisce dans un entretien et ce, avec plus ou moins délicatesse ou de diplomatie.

Les femmes qui se retrouvent dans pareille situation savent ô combien il est délicat de ne pas se sentir heurtée par le caractère manifestement intrusif d'une telle réflexion.

Si l'on peut d'emblée jeter l'opprobre sur les professionnels qui se permettent sans vergogne aucune une telle violation de la vie privée, il est une problématique sous-jacente plus vaste et peut-être plus sensible qu'il convient de protéger avec fermeté et combativité.

Vous apprendrez au gré de la longévité de ce blog, que bien qu'étant à l'écoute de mon instinct, je ne suis pas homme à condamner et juger solennellement sans procéder à une nécessaire réflexion préalable qui implique entre autres d'ouvrir la porte à la contradiction.

En outre, je privilégie généralement la réflexion sur les causes qui amènent à une situation conflictuelle plutôt que de me contenter de considérations in abstracto. N'est-ce pas le meilleur moyen de prévenir la survenance de ces situations à l'avenir en protégeant les intérêts de chacun?

Donc, loin des pratiques ayant cours dans les strates présidentielles, évacuons pour le moment l'empathie pour la victime.
Arrêtons-nous pour le moment sur ce qui anime le recruteur à pénétrer l'intimité d'une candidate.

Premier cas: la réponse n'intéresse pas l'interlocuteur.

Celui-ci cherche à cerner la personnalité de la candidate à la lumière de la réponse qui lui sera faite.
"Est-elle timide ou s'affirme-t-elle? Soumise ou plutôt rebelle? Emotionnelle ou rationnelle?..."
A ces techniques de recrutement, on peut y opposer un grand nombre, brillant par leur qualité et leur acuité sans pour autant se risquer à une telle intrusion.
L'excuse de la technique de recrutement n'est donc pas satisfaisante.

Deuxième cas: le simili Don Juan

L'indélicat recruteur masculin plus intéressé par le décolleté de la candidate que par ses compétences, recherche un intimité avec la candidate au moyen de questions personnelles.
Un entretien d'embauche est certainement le dernier lieu pour la gente masculine pour courtiser le sexe opposé dans la mesure où toute question déviant de l'objectif de l'entretien - qui est de s'assurer pour les deux parties que l'offre d'emploi correspond bien au demandeur et réciproquement - est susceptible d'entacher le recrutement d'une évidente discrimination.
Bien sûr, ces indélicats auront vite fait de se protéger derrière la difficulté d'amener la preuve de ces goujateries pour persévérer

Troisième cas: le futur employeur inquiet

Voilà certainement la situation la plus susceptible de provoquer l'empathie.
Quel employeur ne s'est-il pas retrouvé dans une situation où un jeune employée annonçait son absence pour grossesse, à peine célébré son premier anniversaire au sein de l'entreprise?
Pour autant, l'employeur est loin d'être désarmé face à un événement aussi incontournable qu'une grossesse dans la vie d'une employée.
Par exemple, l'absence pour congé-maternité est un cas de recours au contrat à durée déterminée légalement admis. Il est possible en outre de mettre en place une gestion permettant d'anticiper de tels événements (interlocuteurs de remplacement, renvois d'appels,
Certes, les solutions ne sont pas idéales et parfois coûteuses, voire difficiles à mettre en place dans des entreprises modestes ou lorsque l'activité permet difficilement des solutions de contournement.
Il n'en demeure pas moins qu'il n'est pas acceptable que l'employeur ou le recruteur fasse supporter cette pression ou ces difficultés sur les femmes actives car culpabiliser ces dernières n'amène pas de solutions concrètes à l'entreprise. Pire, une telle pression contribue à dégrader les relations et à créer un climat d'absence de confiance, terriblement empoisonnant dans un environnement de travail.

Dès lors, je réitère:
Mesdames, mesdemoiselles, refusez de répondre favorablement à ces questions !

Qu'y répondre?

L'humour, acerbe ou potache, à votre convenance est certainement une très bonne arme.
Autre solution: répondre par une autre question du type: "Pourquoi me demandez-vous cela? Connaitriez-vous des problèmes de fonctionnement dans l'entreprise dès qu'une femme est en congé-maternité? Je peux vous proposer des solutions non coûteuses pour gérer efficacement un tel événement.
Si le recruteur persévère, répondez simplement que dans la mesure où votre vie familiale n'a pas de lien avec le poste à pourvoir, vous ne souhaitez pas répondre à cette question.
Finalement, si celui-ci s'entête, rappelez-lui simplement que cette question est tout bonnement prohibée par les dispositions légales et réglementaires en vigueur dans notre pays.

D'aucuns rétorqueront que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, certes.
Mais de ma petite expérience, mesdames, mesdemoiselles, vous ne voudriez pas travailler avec un tel employeur, même si vous pensez ne jamais désirer d'enfants car cette propension à envahir votre vie privée et la mêler aux questions professionnelles peut rapidement devenir impossible à vivre. En tout état de cause, comme nous l'avons vu, déplacer la pression sur les salariées ou futures employées ne résout en rien les problématiques que peuvent rencontrer les employeurs. Pis encore, c'est un empoisonnement des relations du travail que nul ne souhaite.

Je pense compléter ce propos en commettant un billet prochainement qui portera sur le juste équilibre (possible à mon sens!) à trouver entre la bonne gestion de l'entreprise et la protection de la vie privée et de la politique familiale en France.

samedi 21 juin 2008

Dotting the I's, Crossing the T's

Expression anglaise qui n'a pas tout à fait le sens que sa traduction littérale laisserait supposer.

En effet, spontanément, nous rapprocherions telle expression de notre "mettre les points sur les i" pour lequel sont associés "précision" et "fermeté".

Sachez ici que l'expression anglaise n'a pas cette dernière connotation. Elle signifie plus volontiers s'agissant d'un document, de le peaufiner en y apportant les corrections finales et en privilégiant son exhaustivité. Lorsque le contexte porte sur une situation, il s'agira en revanche de "mettre les choses au clair".

C'était la minute Maître Capello*.

*Jacques Capelovici est agregé d'anglais.

Parce que j'aime les bons vieux rocks bien rétros

jeudi 19 juin 2008

Back Home...


La Sélection Portugaise est venue, a vu et n'a pas vaincu une décidément étonnante et constante équipe d'Allemagne.

Comme l'a si bien dit Gary Lineker après la défaite de l'équipe d'Angleterre en 1990 face à nos amis d'outre-Rhin :
"Football is a simple game; 22 men chase a ball for 90 minutes and at the end, the Germans win."*
Qui prédit une finale Pays-Bas - Allemagne?

*Le football est un jeu simple; 22 hommes courent après une balle pendant 90 minutes et à la fin, les Allemands gagnent.

En parlant d'Euro2008


Allez le Portugal !
La sélection allemande est connue pour ne jamais être aussi forte que lorsqu'elle n'est pas attendue ! La vigilance est de mise !

Espérons que le match soit beau, non entaché d'erreurs d'arbitrage ou de simulations outrancières !

Des buts, un bel esprit sportif et une victoire da Selecção das Quinas seraient une combinaison idéale !

mercredi 18 juin 2008

T'as pas un million pour m'dépanner?

Diantre, m'accointerais-je intimement avec mon auditoire, à peine lancée cette fabuleuse aventure bloguesque !
Que nenni ! Le tutoiement ne vous était pas adressé, public aimé (enfin, vous qui êtes tombé sur ma page par erreur et ferez office de public aimé pour aujourd'hui) mais il est le fruit d'un travail acharné d'une seconde trente donnant jour à ce que d'aucuns qualifieraient de merveille de l'intitulation !

Passé cet aparté impérieusement nécessaire, prenons un instant si vous le voulez bien (formule réthorique absolument inutile) pour réfléchir à cet omniprésent tabou en France: l'argent.

Ce qui m'amène à cette réflexion est la récente défaite de l'Equipe de France de football en phase de poules de l'Euro2008. Plus exactement, ce sont les réactions que cette défaite suscite auprès d'un certain public français.

Quel rapport avec la choucroute?

Minute, papillon, j'y viens.

La mauvais fortune des représentants sportifs tricolores de haut niveau est souvent l'occasion rêvée pour beaucoup de s'adonner à un exercice au succès incontestable, l'attaque ad personam.

Celle-ci a souvent pour motivation un mal inscrit dans l'inconscient collectif français, la honte de l'argent. En effet, que n'entendons-nous comme jérémiades telles que:
" Franchement, être payé des millions pour être aussi nul..."
" Ils font leur star, s'achètent des montres en diamant à 90.000,00 EUR, et n'en foutent pas une sur le terrain..."
" Ouais, tous pourris..." (Je suis friand de celle-là qui démontre l'éloquence et les qualités réthoriques de son auteur d'une manière redoutable...)

Le sujet de ce billet ne portera pas sur les travers du "football business" et les montants astronomiques que certains joueurs professionnels peuvent toucher, mais je veux vous parler de cette relation du "je t'aime, moi non plus" que les Français entretiennent avec l'argent.

Pourquoi donc cette honte, ce tabou inscrit dans la culture française ?

Philippe Bilger commettait un billet suscité par une question posée à Lilian Thuram, qui bien que simple impliquait une réponse autrement plus complexe:
http://www.philippebilger.com/blog/2008/06/le-don-du-silence.html

"Lilian Thuram, combien gagnez-vous?"
- Moins que ce que vous pensez ou peut-être plus !" (Le Parisien, 21 mai)

Ce billet avait d'ailleurs suscité de ma part le commentaire suivant:
http://www.philippebilger.com/blog/2008/06/le-don-du-silence.html#comment-118086046

Pour vous en résumer la teneur, lorsque quelqu'un vous pose une telle question en public, celle-ci loin d'être anodine est nécessairement teintée d'une pointe d'hypocrisie, voire de perversité.

Généralement, l'auteur-même de la question se garderait bien de parler de son propre salaire en public, n'ignorant guère les conséquences d'une telle information.

Et pour cause, révéler de tels secrets, c'est prendre le risque de voir déferler une horde de "bienpensants" qui feront de vous un "privilégié" et un "profiteur", induisant à la conclusion qu'un homme fortuné ne peut être bon.

Cette stigmatisation systématique révèle une autre crainte plus profonde, celle de l'abus de privilèges.

En effet, une espèce de suspicion latente, galvanisée par ces personnes "bien intentionnés" (celles-là mêmes qui aiment à penser à votre place) fait des plus fortunés, voire des gens simplement aisés, des individus au cœur de pierre (car ces profiteurs bien évidemment ne font pas preuve de charité).

L'équation est simpliste et manichéenne: faire le procès d'intention d'inconnus sur la simple foi de leur compte en banque est en soi, déjà inacceptable.
Ce sous-entendu selon lequel le montant de votre capital disponible est inversement proportionnel à votre bonté d'âme aura fini d'avoir raison de la logique.

Doit-on inscrire dans la Constitution de 1958 le vœu de charité?
Doit-on réprouver toute velléité d'aisance financière?
Finalement, ne doit-on pas plutôt s'occuper de ceux qui ne gagnent pas assez?
N'est-ce pas là, le vrai combat?

Le jour n'est peut être pas encore arrivé ou tout un chacun pourra parler librement en France de son argent.

Ce jour arrivera peut être lorsque les Américains pourront dépasser leur propre tabou en parlant librement et publiquement de sexe sans verser dans l'extrémisme de la vulgarité ou dans celui du puritanisme néo-conservateur.

A chaque société ses tabous.

Commençons par quelque chose de commun...

"Mais pourquoi donc céder à la mode cruellement triviale du blog?

- Ca commence bien, mon cher moi ! Peut-on décemment parler encore de "mode"?
Allons bon ! En 2008 ! A l'époque de la TSF et du téléviseur !

Loin de moi l'envie d'être "trendy", il s'agit ici de faire œuvre de salut pour ma santé mentale.
Je n'ai jamais eu jusqu'alors l'audace de mettre par écrit ce que j'avais sur le cœur ou la force de partager ouvertement ma pensée.
Le relatif anonymat qu'offre Internet est certainement un vecteur idéal pour ce faire.

J'aime profondément communiquer mais l'expression orale est un exercice éminemment différent.

Ne fuyez pas encore, il ne s'agit pas non plus de disserter - Internet s'accommode fort peu de cet exercice - mais de vous livrer aussi fréquemment que possible, mes opinions, mes envies, mes plaisirs, mes projets, mes révoltes, voire ce que certains perçoivent comme des contradictions.

Commençons, si vous le voulez bien !
- Ah, mais justement, j'veux pas !
- Vous n'êtes décidément pas sans contradiction, mon cher Nemo ! Allons, souhaitez-moi d'avoir le courage et le temps de maintenir ce blog à jour.

Tout comme vous, je suis client de blogs dont j'apprécie les auteurs par leur ouverture ou leur vivacité d'esprit.
Or, tout comme vous, j'aime me nourrir de quelques nouveautés aussi fréquemment que possible. C'est un pré-requis incontournable pour rencontrer le succès.

Mais pourquoi donc rechercher le succès, mon cher Nemo? (Diable, deviendrais-je schizophrène?)
Si j'écris, c'est pour être lu, pardi ! Les plus éclairés d'entre vous noteront la non-subtile tautologie dont j'avoue être adepte...
En bref, un blog pour vous parler de moi, et de ce que j'ai à l'esprit, un blog pour créer le dialogue, l'échange...et peut être obtenir un brin de reconnaissance. (Si peu ! Re-diable, trahi par mon ego: Mon ego ma tuer !)
 
blog d'expatrié