mardi 24 juin 2008
They try to make me go to revote but I say "no, no, no!"
Nonistes et ouiistes se livrent une guerre sans fin sur Internet au sujet de cette Europe que désaffectionnent beaucoup des peuples qui ont été paradoxalement à l'origine de cette merveilleuse idée.
Je suis toujours un peu gêné face à cette tendance dans l'air du temps à opposer les citoyens entre eux sur tout et n'importe quoi lorsque peu font l'effort d'analyser les raisons qui ont amené les uns à voter "non".
Pis encore, certains condamnent vertement et cataloguent les uns chez les pros, les autres chez les antis. Manière quelque peu manichéenne et simpliste que de traiter un problème aussi complexe que l'Europe.
Je le confesse ici, je fais partie des Français qui ont voté "non" au référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l'Europe (le "TCE"), le 29 mai 2005.
Ce projet, je l'ai pourtant lu et étais en mesure de le comprendre.
Je ne me reconnais pas pour autant dans la famille des nonistes ou des ouiistes car je suis à l'opposé de l'anti-européanisme que l'on voudrait affubler les nonistes, et ne partage pas la politique du béni-oui-oui des ouiistes.
Je regrette cependant et suis toujours autant scandalisé que pour seule réponse médiatique et politique l'on nous jette à la figure qu'il n'existe pas de plan B et qu'à cause de ce rejet, l'évolution de l'Europe est reportée sine die.
Si le seul choix admissible est de voter "oui", les Castristes apprécieront l'ironie.
L'Europe d'aujourd'hui est en panne d'idéal, et les Européens le sentent bien.
Si à l'origine la communauté économique et la zone de libre-échange étaient le vecteur idéal de la paix en ce qu'elle favorisait la solidarité dans un contexte faste, aujourd'hui, le spectre de la globalisation précarise, affaiblit les plus faibles, renforce les plus forts, et surtout est présentée par certains gouvernants et spécialistes comme une fatalité :
"L'ultra-libéralisme des capitalistes voyous, c'est le jeu ma pauv' Lucette !"
Dès lors, comment adhérer à une Europe qui ne sait pas proposer d'alternative à ce modèle de société économico-économique?
Comment s'identifier à une Europe qui envisage l'entrée de la Turquie alors qu'elle ne sais pas bien encore à quoi elle doit ressembler?
Ce "droit d'inventaire" pourrait bien se révéler fort utile en ce qu'il permettrait de voir les pays les plus proches, et ceux les plus distants, ceux prêt à l'harmonisation à court terme et ceux nécessitant un travail plus long, quels sujets nous réunit, quels sujets nous divisent.
Ce pourrait être le préalable idéal pour la constitution d'un noyau dur d'États à la proue de l'Europe, sorte de mini fédération qui loin de stigmatiser les différences, ferait l'effet d'un moteur auquel se rattacher.
Le plus ubuesque sans doute est que l'expansionnisme de l'UE aura jusqu'à présent réveillé les tensions en ce qu'elle tente d'occulter honteusement l'impossible égalité entre pays aux politiques salariales, sociales et fiscales foncièrement différentes. Le noyau dur permettrait de rééquilibrer ce jeu à court terme, les Français sont prêts à cela.
Plutôt que la machine à casser du social lancée par Sarkozy Ier, ce rééquilibrage aurait pour vertu de nous rapprocher des autres États y participant.
Lorsque les médias se font l'écho du concert d'indignation orchestré par les représentants européens et nationaux ("il faut faire revoter l'Irlande!"), l'effet désiré est dramatiquement contraire en donnant la sensation (justifiée?) aux peuples d'Europe que cette UE là n'est pas disposée à comprendre leurs peurs, leurs craintes, leurs désirs.
Non, je dis mille fois non lorsque l'on me répond qu'il n'y pas de solution à apporter à ces motifs de crainte donner purement internes (crise économique, chômage, crise alimentaire, énergétique...). Mettons-nous d'accord avant tout sur ce qui nous unit.
Les Européens ont besoin de rêver de nouveau à l'Europe mais avant de parler organisation, parlons identité.
L'idée de Nation n'est-elle pas le pré-requis à l'établissement d'une Constitution?
Plus qu'un pré-requis, elle en est le corollaire. De la Nation naît la légitimité d'un ordre social commun, et donc de l'idée de Constitution.
Europe, écoute ton peuple. Il n'attend que toi.
PS: J'aurais pu nommer ce billet "Je t'aime, moi non plus!"
PPS: Pour ceux qui n'auraient pas lu Pif Gadget, l'image est tirée de la série les Rigolus et les Tristus
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