mercredi 29 avril 2009

Eventuellement n'est pas probable...mais certain !

Une courte note pour vous inviter à faire attention à ce faux-ami extrêmement utilisé en anglais.

"Eventually" ne signifie pas "éventuellement" et n'insère aucunement l'idée d'une hypothèse ou d'une probabilité. Bien au contraire, l'anglais est lui beaucoup plus affirmatif en ce que cette expression est l'affirmation d'une certitude.

Donc, si vous lisez cet article de Timesonline:

Eventually, we will all hate Obama too.

Ne lisez pas "Peut-être finirons-nous tous par détester Obama aussi" mais bel et bien "Nous finirons tous par détester Obama aussi". La nuance est d'importance !

Si vous deviez utiliser l'équivalent du français "éventuellement", préférez "possibly" qui en est sa meilleure traduction.

C'était la minute "Cours d'Anglais avec le Professeur Nemo".

lundi 27 avril 2009

Utopia : déméler les bonnes idées des fausses

Lors d'un échange anodin avec Madame, dans un endroit qui ne s'y prétait guère, me voici en train de digresser insatiablement sur un thème propre aux effusions prolixes: "Et si..."

Je ne doute pas un instant que la variante suivante rencontre un succès sans pareil au bar-PMU "Chez Dédé" ou près de la machine à café avec votre collègue Jean-Guy* : "Et si tu gagnais à l'Euromillions?"

Non, chers lecteurs, je ne vous propose pas d'étendre ici cette discussion de comptoirs mais d'en élaborer une autre pour laquelle Internet devrait être définitivement un média d'intérêt.

"Et si vous étiez Président de la République? Et si vous étiez Président d'une Europe fédérale unie? Et si vous aviez le pouvoir de faire adopter les lois de votre choix par la France ou l'Europe?"

L'intérêt de l'exercice sera de régulièrement analyser et soumettre à la critique les vraies et les fausses bonnes idées. Un exercice que je ne manquerai pas de tenter moi-même dans un premier temps.

Je me lance d'ores et déjà sur une première idée:

Et si j'étais Président d'une Europe fédérale?
Je ferais voter une loi sur les droits de douanes, soumettant toute importation à destination de l'Union Européenne à une taxe dont le taux serait fixée chaque année par une commission d'experts indexé sur la situation économique et sociale du pays de production et ce, par secteur d'activités.

Par exemple, l'importation de vêtements de prêt-à-porter produits aux Etats-Unis serait soumis à une taxe que la commission aurait établi à 15% (chiffre fictif) en raison de charges sociales plus faibles et d'un salaire moyen inférieur. L'importation des mêmes produits en provenance du Viêt-Nam serait soumis à une taxe établie à 150%.

Avantages: réduction du dumping social, incitation au développement économique intra-Européen, concurrence équilibrée et humaine entre économies des pays occidentaux et pays moins développés

Inconvénients: travail collossal, mise en application difficile, impact immédiat sur les économies moins développées hors Europe, entreprises européennes moins concurrentielles à court terme, effet dissuasif pour les capitaux et investissement à court terme

*Nulle envie de plagier la série à succès de la petite chaîne qui monte. Pour l'anecdote, un de mes collègues en France s'appelle Jean-Guy et disons qu'il a acquis une certaine notoriété au sein de l'entreprise qui n'est pas due à ses qualités professionnelles...

vendredi 24 avril 2009

L'ACE insulte les Juristes d'Entreprise !

L'Association des Avocats Conseils d'Entreprises a publié un communiqué sur le Village de la Justice se prononçant sur l'accueil favorable qu'elle réserve au rapport de la Commission Darrois (quelle surprise!).

Voici un passage particulièrement intéressant sur la perception qu'ont certains avocats du travail des juristes d'entreprise.
L’élargissement des missions de l’avocat, notamment en permettant l’exercice de l’avocat en entreprise rejoint les propositions constantes de l’ACE et sera le moyen d’augmenter la place du droit dans notre société, ce qui est un devoir pour la profession d’avocat.
Nul besoin d'être omniscient pour saisir l'affirmation implicite: seul un élargissement des missions de l'avocat permettrait d'augmenter la place du droit dans notre société.
D'aucuns argueraient que l'on ne pourrait reprocher à une association défendant les intérêts des avocats conseils d'entreprises de prêcher pour leur paroisse.
Certes, ce serait néanmoins reconnaître que le but poursuivi est purement corporatiste.

Je préfère raisonner en fonction de l'intérêt général, qui en l'occurrence rejoint celui des juristes d'entreprise.

Juristes d'entreprise et avocats: des intérêts communs

Les juristes d'entreprise ont toujours déploré que le quidam ne perçoive le droit que par le seul prisme judiciaire. L'association d'idée a longtemps été systématique: droit = avocat = tribunal.
L'activité de conseil juridique n'étant à proprement parler pas clairement identifiée.
Nous nous sommes donc retrouvés ainsi dans un pays où beaucoup trop d'actes et de conseils juridiques ont été accomplis par les "professions du juridique par accessoire". Comprenez des professions dont l'activité principale n'est pas juridique et qui ne sont le plus souvent pas formées au droit (expert-comptables, conseils en ressources humaines...)

Les juristes d'entreprise ont donc dû bataillé ferme pour réinstaurer la fonction de conseil juridique.
Combien de fois n'ai-je entendu:
- Juriste d'entreprise? C'est quoi?

Nous ne reviendrons pas sur les raisons d'une telle méconnaissance partagée, la fusion des professions de conseils et avocats y ayant sûrement largement contribué. (Comment communiquer et sensibiliser sur la question juridique quand une déontologie propre à l'activité judiciaire en interdit toute forme?)

Le juriste d'entreprise est le garant de la sécurité juridique: il détecte, conseille et s'entoure...d'avocats !
Nous sommes certainement les premiers clients des avocats ! Nos intérêts sont communs : la sécurité juridique et l'accès au droit pour tous !

L'absence de reconnaissance

Beaucoup trop de voix s'élèvent pour applaudir des deux mains une réforme qui méprise le juriste d'entreprise.
Trouveriez-vous normal qu'on exigeât d'un ingénieur informatique qu'il ait 8 ans d'expérience pour exercer le même métier au motif qu'une réforme réserverait le conseil en informatique aux polytechniciens?
Quel en serait le motif autre que satisfaire les intérêts corporatistes des diplômés issus de l'X?
La situation est exactement la même ici.
Sauf à sous-entendre la sous-qualification de l'un par rapport à l'autre, il n'y aucun motif pour exiger une quelconque expérience pour permettre à des professionnels de bénéficier d'une réforme.

Nous sommes très largement favorables à ce que nous formions une seule et grande famille, encore faudrait-il qu'on n'ostracisât point tels frères et soeurs au motif qu'ils n'auraient pas les yeux bleus!

Avocats: vous voulez exercer notre métier? Rien ne vous l'interdit ! Pour ce faire, vous devrez vous soumettre à la concurrence des autres diplômés du droit.
Vous voulez créer une grande profession du droit réunissant nos deux métiers?
Intégrez-nous sans autre condition que la formation juridique (seul argument pertinent) et adaptez le CRFPA et la CAPA à l'exercice du conseil en entreprise pour les nouvelles générations.
Certains convoiteraient le gâteau pour eux-mêmes?

jeudi 23 avril 2009

What the hell is that?

Je viens juste de tenir une conférence téléphonique avec la représentante d'un client anglais sur une négociation contractuelle. (Minute papillon, ne vous en allez pas si vite, l'anecdote n'a rien de juridique!).

My Goodness!

J'ai été soudainement stupéfait par la conjugaison fascinante de loghorrée tenue par une femme à l'accent inconnu et à peine intelligible.

N'allez pas croire que je n'aurais pipé mot devant pareil surprise. L'exercice était délicat mais votre serviteur s'en est finalement sorti sans coup férir !

Selon l'opérationnel présent lors de cette conversation:
"I love that accent, some kind of middle-class west coast Glasgow accent"*
C'est ce que j'appelle de la localisation !
Imaginez-vous face à un interlocuteur à l'accent fortement marqué et pour lequel vous seriez capable de dire
"J'adore cet accent, une sorte d'accent des quartiers ouvriers du nord de Concarneau" (pure invention)
Personnellement, dès que j'entends des mots en "aing", j'ai bien du mal à trancher "Sud-Est ou Sud-Ouest?"...

Et pourtant, je reconnais plusieurs accents dans d'autres langues.
Mexicain, Argentin, Castillan, Andalous, Portugais du Nord, de Centre, Brésilien, Britannique de Londres, d'Oxford, de Manchester, Ecossais, Etats du Sud des Etats-Unis, Côte Est...
Et comme beaucoup je distingue l'accent Ch'ti du savoyard ou de l'accent du sud.

Les esprits les plus éclairés auront vite constaté qu'il s'agit là d'accents fortement personnalisés.
God damn it ! Je suis découvert !

Si d'aventures, vous deviez discourir face à un Ecossais, préparez-vos esgourdes !
Vous pourriez bien avoir à prêter l'attention la plus grande pour décortiquer cette manière tout à fait originale de pratique la langue de Shakespeare !

*J'adore cet accent, une sorte d'accent de la classe moyenne de la côte Est de Glasgow.

vendredi 17 avril 2009

8 ans d'expérience

Voilà un des points sur lequel nous discutions avec d'autres juristes quant au très actuel rapport Darrois.

8 ans d'expérience: c'est la condition requise et applaudie des deux mains (si tant est que l'on puisse applaudir autrement) par l'AFJE, association prétendument représentante de la profession.

Celle-ci avait un fondement dans le cadre de la passerelle dite "article 97" en référence aux dispositions du décret du 27 novembre 1991. En effet, il n'était pas aberrant que l'on exigeât d'un juriste d'entreprise dont la seule formation et expérience sont tournées vers le conseil juridique, que celui-ci ait acquis une certaine connaissance du terrain prouvant sa capacité à s'adapter et donc à se reconvertir pour lui ouvrir les portes d'une nouvelle dimension : le judiciaire.
Il n'était pas non plus aberrant que l'Ordre des Avocats se réservât l'appréciation des candidatures.

Rapporté à la création de la profession d'Avocat en Entreprise, cette exigence est insultante !

Pourquoi faudrait-il justifier d'une telle condition qui n'a à l'évidence aucun fondement, mais surtout n'est absolument pas indispensable pour l'exercice de ce métier?
Peut-on trouver plus ubuesque comme exigence?
Demanderait-on à un infirmer qu'il ait exercé 8 ans pour pouvoir continuer à exercer sous prétexte d'une nouvelle réglementation?

Les membres de la Commission Darrois avoueraient-ils à demi-mots qu'ils considèrent le juriste d'entreprise comme un sous-avocat d'entreprise?
Allons, bon, nous n'allons pas reproduire la guerre fratricide qui oppose certains JE et certains avocats depuis 30 ans !?

Une frontière au-delà du réel...
Qu'est-ce qu'un juriste d'entreprise avec moins de 8 ans d'expérience? Une inconnue? Un demi-juriste? Les diplômes aussi prestigieux que le DJCE sont-ils soudainement balayés d'un revers de la main et devenus inadaptés à la profession tant que l'on n'a pas franchi cette frontière symbolique de 8 ans d'expérience?

Que se passe-t-il au juste la neuvième année? Un hâlo de lumière entoure le juriste d'entreprise tel le Saint-Esprit un jour de Pentecôte? Une illumination métaphysique? Le Nirvâna ?

La compétence du JE
Arrêtons ces inepties. Les juristes d'entreprise ont soigneusement oeuvré jusqu'à aujourd'hui à sensibiliser les entreprises aux questions juridiques, favorisé l'intervention d'un avocat mettant à mal de facto, l'évolution inquiétante des professions du "juridique par accessoire"... en quelques mots, nous avons fait la publicité des professions du droit et contribué à l'enrichissement de tous.

Un Juriste d'Entreprise est un professionnel compétent et reconnu.
Sa formation universitaire et sa connaissance de l'entreprise lui donnent ses qualités.
C'est ce que le rapport Darrois aurait dû rappeler. La compétence du JE est bel et bien réelle.
" La valeur n'attend pas le nombre des années".
Mais cela aurait signifié qu'on lui accorderait systématiquement le statut d'avocat d'entreprise...et donc n'évincerait pas ces indésirables pour laisser le champ libre aux avocats qui souhaitent se reconvertir.
Or, rien ne les empêche de se convertir pour autant qu'ils daignent abandonner leurs privilèges et qu'ils se soumettent à une juste concurrence.

Le CRFPA, paragon de l'excellence juridique
Pourquoi réserver le conseil juridique à la profession d'avocat?
Pourquoi ne pas plutôt donner des règles à la profession existante?

Quitte à réserver au CRFPA le monopole de la formation du conseil juridique, ne vaudrait-il pas mieux permettre de postuler dès la fin du lycée?

Ah zut...cela voudrait dire que l'on admet enfin la sélection à l'entrée des études...bah oui, ma brave dame, on n'entre pas au CRFPA comme dans un moulin: vous devrez réussir au préalable un examen d'entrée...

Quel est le rôle du CRFPA, quelle formation indispensable dispenserait-il pour préparer à l'exercice du conseil juridique, profession qui en 30 ans d'existence s'est montré étrangement indifférente à son égard...?

Peut-être qu'un début de réponse réside dans le fait que l'on recherche avant tout la compétence juridique et la connaissance de l'entreprise. L'une s'acquiert sur les bancs de la fac, l'autre...avec le temps. Deux choses que le CRFPA ne peut et ne saurait offrir.

mercredi 15 avril 2009

Damn it!

Les pêcheurs bloquent les ports de Boulogne, Calais et Dunkerque.
Je ne me prononcerai pas sur la pertinence ou non de ce mouvement de contestation.
Non, ce sera juste un billet d'humeur.

Ma compagnie de ferry propose soit de rerouter les passagers par l'Eurotunnel, soit de changer le billet gratuitement.
Il n'est pas envisageable pour moi d'attendre indéfiniment au port de Calais qu'une place se libère sur l'Eurotunnel accompagné par ma femme enceinte et ma fille de neuf mois.
Dès lors, me voilà contraint, sous réserve que mon employeur compatissant ne s'y oppose pas, de perdre une journée de congé supplémentaire.

Me voilà donc solidaire d'un mouvement de protestation malgré moi.

Coup de gueule contre Free!

J'ai été un Freenaute convaincu pendant plusieurs années lorsque je vivais encore en France. Il est vrai que je n'avais jamais été confronté à un problème technique qui est certes, le meilleur moyen de tester la qualité du service d'un Fournisseur d'Accès à Internet.
Il faut dire que je fais partie de cette catégorie de la population que l'on peut qualifier de technophile à défaut d'être geek. D'ailleurs, Free a bien compris que son succès repose en partie sur une grande communauté d'utilisateurs technophiles prêts à s'entraider.
Des sites et associations de Freenautes tels que Freeks, Freenews et Aduf ont souvent joué les intermédiaires de communication entre des utilisateurs incompris et un FAI au succès exponentiel.
Ainsi, ces clients ont-ils toujours pu se retrancher sur l'aide bénévole d'utilisateurs expérimentés, qui n'est finalement que la traduction d'un comportement qui a généré l'apparition du web 2.0.

Le problème est l'effet pervers d'une telle politique qui a tendance à déresponsabiliser le FAI.
Si l'on pouvait pardonner certains pêchés d'un FAI au succès naissant mais à la volonté admirable, il est difficile aujourd'hui de passer outre les défauts du numéro 2 de l'Internet français.

Les FAI français ont pour réputation d'appâter généreusement le chaland tout en négligeant abondamment la clientèle acquise.

C'est l'expérience malheureuse rencontrée par certains de mes proches, clients du FAI sur les conseils (mal avisés?) des enfants.
La connection est excellente, les conditions techniques étant réunies. Dès lors, comme beaucoup, mes proches ont cédé aux sirènes de la Haute Définition et ont donc décidé d'acquérir un écran, tout-nouveau-tout-beau-avec-la-HD-qui-va-bien.

Le début des ennuis
Problème, impossible d'obtenir un signal par le port HDMI, port qui permet donc une connection numérique permettant la transmission du signal haute définition.
Après plusieurs tests, différents câbles, différents appareils, le diagnostic tombe: le port HDMI de la Freebox HD est en cause.

Plus de 6 mois d'échanges téléphoniques (donc payant), de courriers électroniques et de conversation "tchat"* avec le service technique, d'innombrables échanges aussi ineptes que répétitifs, (avez-vous testé une autre TV? avez-vous bien remis à jour votre Freebox?...) pour finalement déboucher sur la révélation d'un état d'esprit:

Désolé, Monsieur, mais nous considérons les services HD comme optionnels dans la mesure où vous pouvez bénéficier de la TV par péritel, nous n'échangerons donc par votre Freebox HD pour cela. Nous ne pouvons rien pour vous.
L'irrespect de ses obligations
Je crois que cela ne mérite pas plus de commentaires tant cette affirmation est représentative d'un irrespect du client et d'une déresponsabilisation outrancière.

Il est possible qu'il ne s'agisse que d'une errance des employés de la hotline, insuffisamment formés, mais il ne faut pas négliger cet aspect des services car il ne faut pas oublier que ce service est l'interface recueillant les informations sur l'anormalité d'une situation au détriment du client: un service défaillant.
Parfois, la responsabilité du FAI n'est pas en cause, mais elle l'est à d'autres occasions et ne pas recueiller de réponses ou de solutions à cela est inacceptable.

Free, ne glissez pas sur cette pente car comme la première réaction de mes proches le démontre: "de toutes façons, je pensais prendre la Dartybox".

*qui a le mérite d'exister

dimanche 12 avril 2009

Joyeuses Pâques à tous !

Soyez modéré(e) mais pas trop !

Personnellement, je compte bien mettre un terme au Carême en beauté !

A ceux qui auraient oublié les fondements de la fête de Pâques, je vous invite à vous rendre sur la page Wikipédia (que vous ne pourrez taxer ainsi de prosélytisme).

Une petite anecdote au passage, sachez que si les cloches amènent les oeufs en France, c'est l'Easter Bunny qui le fait en Angleterre.

Joyeuse fête !


jeudi 9 avril 2009

De vrais politiciens, ça existe !


Bravo à Lionel Tardy, député de Haute-Savoie pour s'exprimer publiquement sur les magouillages de la majorité dans le cadre du vote de la loi HADOPI.

On peut tout autant féliciter cet homme car il appartient lui-même au groupe parlementaire de l'UMP.
Il n'est pas à douter que d'aucuns ne manqueront pas de souligner que ceci est la preuve que le débat existe au sein de la majorité...ce serait faire fi des éléments qui ont été soulevés par plusieurs députés dont la voix dissonait avec celle du gouvernement.

Renforcer le rôle du Parlement vous aviez dit?
Je rendrai compte régulièrement de mon action devant les Français et devant le
Parlement. Je veux renforcer les pouvoirs de celui-ci et l’associer aux nominations les
plus importantes.
Bravo, encore pour un acte et un engagement propres à redonner foi dans l'Homme Politique.

mercredi 8 avril 2009

Rebelotte et dix de der !

Je me demandais si Rue89 n'avait pas un problème à l'égard de Benoît XVI.

J'aurais tendance à verser dans l'affirmative.

Une information qui tombe dans un climat délètère orchestré autour du pontificat de Benoît XVI...sauf que cette information n'a rien de la nouveauté puisque le texte date de 1998, qu'il n'a pas été écrit spécifiquement pour cette publication d'extrême-droite et que cette parution est connue des médias allemands depuis plus d'un an.

J'ai la forte impression que l'on veut à tout prix faire de Benoît XVI un néo-fasciste en puissance et blâmer par la même la crédibilité de toute l'Eglise.
Aliocha me faisait part de la possibilité que j'ai une lecture biaisée de ce type d'articles...je pense très sincèrement que certains journalistes ont une vision orientée des propos de Sa Sainteté.
On peut très bien faire dire tout et n'importe quoi à un texte dogmatique...sauf qu'en l'occurrence, on essaye de lui faire tenir un discours à teinte unique.

Il faut croire que l'Eglise n'a pas encore fini d'expier sa trop grande permissivité de la Seconde Guerre Mondiale et ce, malgré l'amende honorable qui a été faite depuis.

Il est tout à fait possible de faire l'exégèse du texte publié par la revue Die Aula sous un angle résolument humaniste et chrétien. Peut-être tenterai-je l'exercice si le temps me le permet.

Edit: Je trouve que ça irait bien à Rue89.

lundi 6 avril 2009

Agir contre le rapport "Darrois"?

Un cours billet pour vous signaler la présence d'une pétition lancée par un membre du Village de la Justice pour la défense de la profession de juriste d'entreprise menacée par le rapport de la Commission Darrois:

Ce qui est en jeu:
- Des juristes d'entreprise en place menacés par une éviction possible et soumis à l'appréciation souveraine de l'Ordre des Avocats quant à savoir s'ils pourront ou non devenir Avocat en Entreprise.
- Des jeunes diplômés qui se verront définitivement barrer l'accès à un emploi à l'issue de cinq années d'études voire plus, alors que les difficultés d'insertion actuelles sont déjà extraordinairement lourdes
- Le glissement définitif du marché du droit en faveur de professions plus pragmatiques dans leur approche ou de cabinets anglo-saxons, le juriste d'entreprise étant le garant de la diffusion de la connaissance du risque juridique dans l'entreprise
- L'appauvrissement accéléré de la valeur de la formation universitaire

Encore une fois, la réforme oui si tant est qu'elle est justifiée et proportionnée à l'égard du but poursuivi: l'intérêt général. Pour le moment, le projet de réforme va avant tout dans l'intérêt...des avocats et nous ne souhaitons certainement pas devenir deux professions qui s'opposent alors que nous avons toujours estimé être deux professions qui se complètent.

jeudi 2 avril 2009

Commission Darrois: l'OPA hostile des avocats

J'avais initialement l'idée de commettre un billet sur la surprotection des salariés et les effets pervers d'une telle situation mais actualité oblige, je ne peux rester muet sur le rapport remis par la Commission Darrois dont vous pourrez trouver copie ici.

Kézako cette Commission Darrois?

Un lien vaut parfois mieux que quelques lignes, je vous invite à vous rendre sur le site Internet de la Commission Darrois grâcieusement hébergé par le Ministère de la Justice.

La Commission Darrois, dont le nom revient à son Président, a été réunie par cet avocat d'affaires renommé Jean-Michel Darrois que d'aucuns qualifient " d'avocat le plus puissant de France" (diantre, rien que ça !) dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par le Président de la République himself.

Sa mission consiste notamment selon les termes de la lettre de Nicolas Sarkozy à formuler toutes les propositions visant à :
  • créer en France une grande profession du droit et préciser les formes que cette profession pourrait prendre, en conciliant l’indépendance nécessaire à l’exercice des droits de la défense avec les exigences propres à la réalisation de missions d’intérêt général ;
  • plus généralement, promouvoir une réforme profonde des structures d’exercice des professionnels du droit destinées tout à la fois à favoriser la concurrence et leur compétitivité interne et internationale et à améliorer la qualité des services rendus au profit de tous les usagers du droit ;
  • proposer l’instauration des modalités de régulation et de gouvernance de cette nouvelle profession et/ou des professions existantes en vue de favoriser la confiance du public français et étranger dans notre système juridique ;
  • faire des propositions de réforme du système d’aide juridictionnelle afin, non seulement d’en pérenniser l’existence, mais aussi de favoriser le développement de l’accès au droit et à la justice tout en permettant la maîtrise de son coût.
En tout premier lieu, il y a lieu de s'interroger sur la pertinence de confier la réflexion sur l'ensemble des professions du droit à un avocat d'affaires, lorsque l'on sait que notre HyperPrésident lui-même est avocat d'affaires de profession. Est-ce une raison de suspecter une analyse biaisée par un sentiment corporatiste? En (bon) juriste que je suis, je réserverai mon jugement en me fondant sur les faits.

La composition de la Commission elle-même a de quoi surprendre: si l'enseignement, l'avocature, la magistrature et la fonction d'Etat sont dignement représentés, d'autres le sont certainement moins: un seul représentant les juristes d'entreprise, et aucun pour des professions aussi essentielles qu'importantes telles que Notaires, et Huissiers de Justice. Toutes ces professions prodiguent pourtant au quotidien des conseils juridiques.

Cette Commission a donc remis un rapport comme il le lui a été demandé.

Keskidi ce rapport?

Mon bon ami, résumons la situation comme elle est, comment espérer qu'une Commission dont la mission est de réfléchir à l'amélioration de l'avocature réfléchisse avec distance et objectivité à la situation du marché du droit en France?
Les deux intérêts sont pourtant divergents.
On ne peut pas leur jeter l'opprobre de ce point de vue, si ce n'est que l'on pourrait légitimement attendre d'éminents juristes qu'ils remettent en question le postulat de départ, affirmé par Nicolas Sarkozy.

Du Juriste d'Entreprise...
En l'occurrence, je me ferais aujourd'hui le porte-voix d'une profession dont on ne parle jamais (et pour cause, elle est très faiblement représentée) et dont je fais partie: le juriste d'entreprise.

Faisons d'abord un bref point sur ce qu'est un juriste d'entreprise, profession très peu connue du grand public qui la plupart du temps nous assimilera aux avocat d'affaires.
Mes parents eux-mêmes ont bien mis 5 ans avant de savoir que j'étais juriste et non avocat.
On ne peut les reprocher d'ignorer l'existence d'une profession qui outre le nombre relativement faible de professionnels (on ne compte qu'environ 8000 juristes d'entreprises en France selon les dires de l'AFJE) n'est pas réglementée, et n'a donc pas d'institution officielle pour nous représenter. On ne peut décemment compter que sur les syndicats de salariés qui nous assimilent la plupart du temps au patronat en raison de la nature de notre mission : protéger les intérêts de l'entreprise.

La situation particulière en France est que contrairement à la plupart des pays occidentaux, le juriste d'entreprise n'a qu'une existence par défaut. Pas de titre, pas de reconnaissance officielle, des difficultés pour bénéficier - en pratique - de son droit à devenir avocat au terme d'une pratique professionnelle de 8 ans (que l'on appelle la "passerelle"), etc.

Il faut savoir que la situation pour un jeune diplômé en droit est loin d'être enviable à l'issue d'un Master 2 (Bac +5) qu'il fût de qualité ou non.
La tendance (lourde) qui s'est initiée depuis quelques années est l'exigence par les employeurs d'un cumul de diplômes et de formation, tous plus aberrants les uns que les autres, et ceci pour le seul exercice du conseil juridique en entreprise.
Armez-vous d'une MBA, d'un diplôme juridique étranger (de préférence anglo-saxon), d'une expérience professionnelle de 3 ans, du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (le CAPA), maîtrisez l'usage de trois langues parfaitement et vous pourrez prétendre postuler à un poste de juriste junior dans un grand service juridique, cantonné à faire du secrétariat de société pour un fabuleux salaire de 26k€ par an.

...vers l'Avocat d'Entreprise
Voilà qu'aujourd'hui, la Commission Darrois recommande la création de "l'avocat d'entreprise" permettant à tout avocat, d'être soumis aux règles de la profession et à la protection correspondante (déontologie, secret...) tout en interdisant de plaider au nom de son employeur.

Désormais, outre la sélection ahurissante déjà imposée par la pratique, il faudra être titulaire du CAPA pour être juriste en entreprise. Oui, ai-je bien dit le CAPA, diplôme qui sanctionne une formation destinée... à l'avocature.

Nul mot n'est dit sur la pertinence et l'apport pour l'entreprise comme pour les juristes en place d'une telle réforme. De toutes façons, si la réforme est adoptée en l'état, ceux-ci n'auront que 8 ans pour se conformer à cette obligation.
Le rapport se contente de renvoyer aux conditions "fixées par la jurisprudence" quant à la possibilité pour le juriste d'entreprise de devenir "avocat d'entreprise".

Beaucoup de question sont laissées en suspens alors qu'elles sont loin d'être anodines:

En quoi cet apport est-il indispensable ou à défaut, ne serait-ce qu'utile, à la profession de juriste d'entreprise?
Que va-t-on donc faire de ces juristes d'entreprise qui n'entreraient pas dans les conditions appréciées discrétionnairement par l'Ordre des Avocats ?
Que va-t-on faire de ces étudiants qui échouent à l'examen d'entrée à l'école d'avocat à l'issue de 5 ans d'étude?
Que faire si comme il est mentionné, l'employeur refuse pour les juristes en place d'accorder le changement de statut vers celui d'avocat d'entreprise?

L'intérêt pour la profession d'avocat est évident: il s'inscrit dans un manoeuvre généralisée d'extension du périmètre de la profession, lui réservant un sort très favorable:
Les avocats deviendront aussi Conseil en Propriété Intellectuelle, restreindront le champ de l'activité juridique de leurs concurrents (experts-comptables, agents immobiliers, conseils en RH,...) établiront des actes sinon authentiques du moins équivalents, et remplaceront les juristes d'entreprise...

L'intérêt pour l'usager du droit et pour les autres professions existantes?
Il est tout sauf évident, mon bon ami. Mais cela, vous ne l'entendrez guère car sans représentation officielle, les médias ne se pencheront pas sur ce problème qui pourrait en laisser plus d'un sur le carreau.
Je vois déjà des esprits chagrins conclure qu'il est paradoxal qu'une profession censée protéger les intérêts d'autrui ne sache pas défendre ses propres intérêts.
Répondons-leur qu'il est une chose de se défendre individuellement et une autre que de faire du lobbying.
 
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