Wizzgo est le nom d'un service de "magnétoscope online gratuit", permettant comme son nom l'indique d'enregistrer et de revoir des émissions diffusées gratuitement par les chaînes de télévision française.
Après avoir subi déjà un premier revers judiciaire devant le juge de l'urgence saisi par M6 et W9,
le groupe FranceTélévision vient d'obtenir
une décision analogue.
La décision apparaît difficilement contestable juridiquement dans la mesure où effectivement, l'exception de copie privée s'interprète strictement et ne vaut que pour un usage réalisé
par le copiste et
pour le copiste.
Hors du débat juridique, d'un point de vue économique et progressiste, je suis consterné par cet entêtement des grandes chaînes de télévision à vouloir interdire de telles initiatives lorsqu'elles-mêmes sont incapables d'offrir ce que le consommateur demande.
A l'instar des majors, il est évident que ces tenants de la vieille économie ont commencé à vaciller sur un équilibre dont il sont pourtant à l'origine: ardent artisans de l'industrialisation de l'audiovisuel dans la lignée du marché du multimédia, ceux-là ont révéillé chez le consommateur l'envie de nouveaux modes de consommation, portés par les grandioses promesses de la globalisation et de l'Internet mettant l'information et l'inaccessible à portée de clic.
En effet, à s'évertuer à transformer l'immatériel en un bien quasi-tangible et à vouloir se rémunérer à l'utilisation (ou la diffusion) et non en fonction de l'utilisateur et/ou de l'oeuvre, le consommateur a modifié son appréhension de l'oeuvre culturelle.
L'information circule et le marketing n'a jamais touché sa cible aussi directement et immédiatement que depuis que le web est aisément accessible dans les pays développés.
Le teasing provoqué par une bande-annonce, par une série à succès dont les derniers épisodes sont disponibles outre-atlantique attirent le chaland qui n'accepte plus qu'on lui oppose des frontières invisibles.
La globalisation à deux vitesses est alors vécue comme une antienne que les grandes sociétés versatilement adorent quand elle leur bénéficie et abhorrent lorsque elle présente des inconvénients.
Parlez délocalisation, évasion fiscale, investissements étrangers,... et l'ouverture du marché a du bon.
Droits de propriété intellectuelle, distribution de contenu, multimédia, audiovisuel, et l'on vous oppose le retour aux bonnes vieilles frontières nationales, la logique du marché local et les différences culturelles.
Ce paradoxe est du même ressort que la régulation et la dérégulation, l'Etat-Providence et l'Etat-Gendarme, le libéralisme et le keynésianisme, un Etat fort et un Etat faible,...
Toutefois, au jeu de l'économie libérale et capitalistique, il est un paramètre que les diffuseurs, éditeurs, producteurs de contenu, etc. semblent s'entêter à ne pas prendre en compte.
La loi de l'offre et de la demande est un équilibre que l'on subit plus qu'on n'actionne.
Ce n'est pas en formattant l'offre selon la vision que le fournisseur estime le plus profitableque le consommateur va lui même nécessairement formatter sa demande.
Ceux-là se voilent la face en essayant d'user de l'arme judiciaire et/ou législative pour contrôler un phénomène de masse, une modification structurelle des modes de consommation.
Jouez-donc le jeu de l'économie que vous avez vous-même formattée !
Innovez, devancez la demande, libérez la créativité, la variété des produits, écoutez ce que le consommateur réclame.
Il n'est pas difficile de le savoir tellement les témoignages sur la Toile sont nombreux :
Des produits innovants et non verrouillés qui permettent une totale flexibilité à un prix "juste".
Ce n'est pas en tapant sur Wizzgo que vous "contrôlerez" le phénomène mais en les devançant et en améliorant le concept. Il en va de la santé de l'économie et du futur du marché de l'audiovisuel. Les diverses études démontrent que les consommateurs se détournent des médias traditionnels pour privilégier Internet.
Ne tapez pas sur Internet mais faites-vous en votre allié !