vendredi 7 novembre 2008

De l'absurdité du bipartisme en France

Mettre en exergue une opposition à l'américaine en France entre deux partis majoritaires, c'est étouffer toute velléité d'alternative, de troisième, quatrième ou cinquième voie.

Le bipartisme - conséquence du scrutin majoritaire uninominal à deux tours - qui présente l'heureux avantage d'asseoir une majorité confortable pour gouverner et rendre les institutions plus stables tend à la surreprésentation du partie majoritaire, à la sous-représentation de son principal opposant et au mutisme des parties émergents ou minoritaires.

Toutefois, cet article du Monde.fr démontre clairement les absurdités que peuvent présenter une telle démarche.

Lorsque le Président Nicolas Sarkozy haranguait les foules brandissant une prétendue ouverture de son gouvernement, celui-ci n'a en fait que procédé à un débauchage en bonne et due forme de personnalités de gauche afin de destabiliser son plus grand adversaire.

Quelle différence entre débauchage et ouverture me direz-vous?

L'ouverture aurait consister à réunir les partis politiques et non quelques-uns de leurs membres afin de procéder à une réflexion globale sur les mesures adéquates pour la France dans un tel contexte économique et social.

Problème, d'une part, c'eut été trahir le programme présidentiel du candidat Sarkozy qui au contraire de parler d'ouverture dressait "idéologiquement" les grandes lignes de sa future politique. D'autre part,

Le débauchage consiste simplement à promettre un poste au gouvernement à l'apparence du pouvoir. Pour autant, il s'agit bel et bien d'un poste de subordonné soumis à l'autorité indirecte du Président mais pis encore, à l'orientation politique pré-établie et à un programme que ceux-là avaient combattu avec force lors de la campagne électorale.
Dans de telles circonstances, ces personnes-là trahissent leurs idéaux, leur indépendance morale et intellectuelle dans la mesure où "l'Hyper-Président" n'offre pas les garanties suffisantes pour que l'ouverture soit effective.

Autre absurdité de la "bipartisation" française, peut être encore plus dommageable pour l'offre politique: l'opposant aura vite fait de se positionner en fonction du parti au pouvoir afin de démontrer qu'il propose une autre solution.
Ce que le PS n'a de cesse de faire, au lieu de rester fidèles à leurs convictions, est de se positionner en constante opposition par rapport aux actes du Président, fussent-ils en adéquation avec leur idéologie.
Le calcul politicien dicte leurs choix, il n'est plus aucune logique rationnelle et/ou idéologique qui dicte leur position.

C'est ce refus de la posture, cette fidélité au rationnel, à la logique, cette importance de l'écoute de tous, de droite ou de gauche, ce rejet du manichéisme, qui m'ont fait adhérer au Mouvement Démocrate.

François Bayrou, l'a parfaitement incarné jusqu'à présent approuvant telle ou telle mesure et s'attaquant vertement à telle autre, toujours inspiré par la raison et l'intérêt général.

Sauvegardons notre indépendance intellectuelle et n'acceptons plus d'être représentés par des girouettes qui se positionnent systématiquement à l'opposé de telle ou telle déclaration, de telle ou telle mesure, surtout lorsque ces déclarations et mesures sont elles-mêmes prises par un Président qui brille par sa capacité à réagir au gré des faits divers.

La politique est peut-être l'art du compromis, certes pas de la compromission.

Mise à jour du 8/11/08: Ce n'est pas tant le bipartisme mais le mode de scrutin qui est la cause de la surreprésentation du parti majoritaire.

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