mercredi 5 mai 2010

Un retour particulier

Que d'emails en retard, de billets de blog à lire, d'actualité à suivre !

Je suis de retour mais les analyses politiques attendront un peu.

Comme vous devez vous en doutez chers lecteurs, ce fût pour moi une période intense et nécessairement éprouvante tant physiquement que moralement.

Un mariage est évidemment un événement générateur de stress, surtout quand viennent s'y greffer des imprévus de dernière minute dont on pourrait se passer allègrement.

Pour peu que vous soyez de ceux qui voient dans le mariage un événement solennel que vous ne célébrerez qu'une fois dans une vie, vous percevrez à quel point vous pouvez être exposé à l'émotivité en pareille circonstance.

C'est ce qui rend cet événément à la fois magique mais aussi surréaliste. La sensation d'être à la fois acteur mais aussi simple témoin.

Toutefois, une circonstance particulière aura marqué cette célébration du sceau de la singularité.

Quelques jours précédents la cérémonie, j'ai dû embarquer en catastrophe pour un aller-retour pour le Portugal dans lequel l'intensité l'a disputé à la brieveté.

J'aurais préféré retourner en mes terres d'origine en d'autres circonstances.
Mon grand-père - o meu avô, comme on dit en portugais - vient de nous quitter.

Son état végétatif et son âge auraient dû rendre la chose plus facile, plus acceptable. Il n'en fût rien.

Pour autant, la cérémonie fût digne. Pas de mélodrame. Beaucoup de larmes cependant.

Mais surtout...surtout, ce fût l'occasion de revoir des parents qu'une quinzaine d'années avait éloignés. Les enfants, les petites-enfants, les amis, les soeurs, les frères, les cousins, le village entier. Tous étaient réunis.

On n'aurait pu offrir plus beau cadeau à mon grand-père.

Par ailleurs, il n'est nul doute qu'il est bien mieux là où il est que dans cette vie qu'il a connu ces dix dernières années. Ce n'est pas pour cela que nous pleurons.

Ce n'est pas non plus parce qu'il était absent. Je suis sûr qu'il était avec nous et qu'il nous regardait, ma femme et moi célébrer notre union.

Non, ce n'est pas pour cela.

Dieu qu'il était difficile de ne pas penser à lui et à ma grand-mère qui n'aura jamais quitté son chevet.

La cruelle vérité est qu'il était notre repère à tous.
Il était évidemment loin d'être parfait mais il était le guide immuable, le roc, le patriarche certes dur mais profondément aimant.

Celui par lequel toutes les valeurs de notre famille ont été transmises.

Homme de principe et de tradition, c'est lui qui m'a fait découvrir ce vin rouge si sacré que j'avais obligation de tester dès mon plus jeune âge.
C'est aussi lui qui s'assurait que la phratrie restât unie.

Dieu qu'il était insupportable de songer à ces querelles de famille ineptes qui lui feraient honte aujourd'hui et qui sont autant d'insultes à tout ce qu'il représentait.

Je ne saurais mieux honorer son nom qu'en léguant à mon tour ces valeurs qu'il nous avaient inculquées afin de les perpétuer.

En attendant, nos navires ont perdu leur phare. Faites qu'ils retrouvent la lumière.

Dieu qu'il me manque.
 
blog d'expatrié