J'ai promis à Disparitus un billet sur les tensions actuelles au MoDem, mais avant de ce faire, en faisait un tour chez Olympe, je tombe sur ce billet qui n'a pas manqué de titiller mon esprit contradicteur.
La question du déterminisme sexuel ou social dans l'entreprise m'apparaît fort intéressante dès lors que l'on évite d'en dresser un portrait au gros trait.
Il existe des comportements dans l'entreprise que j'ai déjà eu l'occasion de dénoncer et qui malheureusement sont légion. Une attitude ouvertement sexiste est à réprimer avec force dès lors que l'on a clairement identifié ce qui relève ou non de cette appellation.
Aussi, ne suis-je pas certain que l'inégalité salariale tombe nécessairement dans le champ de ce que l'on cherche à dénoncer.
Du moins, je crois que la situation appelle d'importantes nuances qui ne permettent pas d'en établir avec certitude la cause principale à l'échelle micro ou macro-économique.
Les nombreuses études officielles ont démontré jusqu'à aujourd'hui, qu'il existe encore et toujours d'importantes disparités salariales à la défaveur des femmes. Il convient dès lors de ne plus revenir sur ce constat.
La question que je me pose est: pourquoi ?
1. L'employeur prisonnier de réflexes sexistes: convaincu qu'une femme ne saurait ou ne devrait consacrer trop d'importance à sa vie professionnelle, sans qu'un choix fût laissé, pratique une distinction consciente ou inconsciente.
2. Les salariés prisonniers des mêmes réflexes: une proportion extrêmement importante de femmes a tendance à privilégier la vie privée au détriment de leur évolution professionnelle.
3. Des choix de carrière libres et éclairés.
Je crois la deuxième situation plus fréquente que la première. Il n'est d'ailleurs pas inintéressant de rapprocher ce fait de la tendance croissante de la population à ne plus croire en l'émancipation par le travail.
J'ai bien conscience qu'il convient de s'interroger sur la prison dans laquelle la femme serait enfermée mais pour l'en libérer, comment procéder?
Comment ne pas se retrouver dans l'excès inverse, forme de discrimination positive, qui effacerait les écarts salariaux alors même que un certain nombre de femmes, à poste équivalent, seraient de leur propre choix libre et éclairé, moins méritante ou moins impliquée dans l'entreprise?
Cette question soulève par ailleurs une multitde d'interrogations:
L'entreprise doit-elle avoir ce rôle social à contre-temps de la société?
Quelle est la part de choix libre et éclairé, émancipé de l'environnement social dans les choix de vie familiale de tout un chacun?
Quelle est la part de déterminisme social et sexuel dans les décisions managériales d'un employeur?
Vastes questions pour lesquelles il n'existe pas, à mon sens, de réponse tranchée, sauf à faire une analyse casuistique et individualisée.
En conclusion, toute la question demeure au final de savoir si pour chaque cas, dans quelle mesure l'inégalité salariale est la conséquence d'un choix esclave d'une pression sociale ou professionnelle. En d'autres termes, dans quelle mesure sommes-nous libres et éclairés dans nos décisions?
Vous avez deux heures.
Mise à jour: L'hérétique a rebondi sur mon billet.
bon je ne vais pas avoir le temps de faire la réponse avant les vancances, mais le choix que ofnt les femmes de privilègier la vie familiale n'explique qu'une partie de la différence salariale. toutes choses égales par ailleurs (par exemple des fmemes qui n'ont pas d'enfants) il reste une différence. il y a des études la dessus
RépondreSupprimerOlympe,
RépondreSupprimerJustement, je crois que seuls des cas d'évidence (une femme sans enfant, poste équivalent, etc) peuvent faire l'objet de statistiques incontestables.
J'ai bien peur que ces mêmes statistiques ne pourront que difficilement appréhender les situations plus complexes où il est question de savoir pourquoi ce sont les femmes qui privilégient de manière si disproportionnée leur vie familiale au détriment de leur carrière.
Olympe,
RépondreSupprimerQuand vous dites : "toutes choses égales par ailleurs (par exemple des femmes qui n'ont pas d'enfants) il reste une différence", j'en déduis qu'on enlève des statistiques les femmes avec enfants, mais par contre pour les hommes c'est avec ou sans enfants. Pourquoi ?
DaniT
"pourquoi ce sont les femmes qui privilégient de manière si disproportionnée leur vie familiale au détriment de leur carrière."
RépondreSupprimerJe pense que c'est un vrai problème. Je pense qu'il s'agit moins d'un choix personnel qu'une conséquence du formatage dans le cadre duquel les filles sont élevées. Peut-être le biologique a-t-il un rôle (instinct maternel).
Je suis mère de famille nombreuse et cadre sup, et si l'homme qui partage ma vie me soutient dans mes choix de carrière, j'avoue que c'est moi qui culpabilise. J'ai parfois le sentiment de délaisser les miens, voire même d'être une piètre mère...
Daniele,
RépondreSupprimerL'exercice de comparaison est de toutes façons périlleux, enfant ou pas !
Ink,
Vous avez vu exactement le problème.
Déterminisme social? Conditionnement sociologique? ou simple instinct maternel?
Et s'il y avait un peu des trois ??
RépondreSupprimerFrance,
RépondreSupprimerChaque cas est différent mais il est possible qu'il y ait un peu des trois à chaque fois.
Il n'est pas impossible non plus qu'un des trois critères soit prépondérant dans telle ou telle situation.
Le travail des hommes a été longtemps considéré comme un travail qui méritait un salaire parce qu'il était le chef de famille, le modèle patriarcal et le travail de la femme était considéré comme un "salaire d'appoint"donc il n'était pas nécessaire de le rétribuer plus que cela.C'était le chef de famille qui subvenait aux besoins de la famille .On considérait à l'époque que le salaire de la femme ne pouvait se développer.C'est peut-être une explication des différences de salaires et même du regard posé sur la femme qui travaille qui persistent encore de nos jours.
RépondreSupprimerCath37,
RépondreSupprimerEffectivement mais il demeure la question de savoir dans quelle mesure cet héritage persiste encore dans l'inconscient collectif?
Les femmes ne "privilégient" pas la vie familiale : c'est avec ce type de postulat que l'on fait stagner le problème.
RépondreSupprimerC'est comme si je vous disais que vous privilégiez le bricolage parce que vous êtes un homme.
C'est une "bête" construction sociale, on assigne des rôles aux femmes et aux hommes, on les attend "à leur place"...
La vraie question à mon sens est celle du libre-arbitre contre le déterminisme emprisonnant... Une affaire de prise de conscience individuelle.
Bon allez, je vais faire la vaisselle ;o)
Mat,
RépondreSupprimerJ'entends ce que vous dites mais je ne reçois pas votre premier argument.
Tout d'abord, je n'exclue aucune hypothèse, ce que vous faites. Relisez bien, vous verrez que j'envisage plusieurs possibilités, d'un choix libre et éclairé jusqu'au conditonnement socio-culturel, en passant par la mysoginie imposée.
Il est tout aussi inepte et dangereux à mes yeux que de vouloir mettre toutes les femmes "dans le même sac". L'enfer est pavé de bonnes intentions dit-on, je me méfie de ceux qui au nom de l'intérêt des femmes voudraient les sauver d'elles-mêmes. Les femmes qui privilégient leur vie familiale ne sont pas toutes prisonnières d'un conditionnement.
Nous sommes en revanche d'accord sur la véritable question par laquelle je conclue: dans quelle mesure sommes-nous libres de nos choix?
Malheureusement, j'ai bien peur que la réponse à cette question ne puisse être fournie par des statistiques.