mardi 14 juillet 2009

Orelsan: le Dieudonné du Rap

S'il n'y avait pas eu cette polémique autour de la censure d'Orelsan aux Francofolies de la Rochelle, je n'aurais tout simplement pas su qui était cet artiste.

Je n'aurais pas non plus eu l'opportunité de connaître ce fabuleux chef d'oeuvre de la musique moderne qu'est "Sale Pute".

C'est à s'interroger sur la pertinence de ce mouvement contestataire féministe et du buzz sur Internet qui aura finalement mis en lumière un artiste qui ne le méritait peut-être pas tant.

Personnellement, il m'est difficile de ne pas penser qu'Orelsan est le Dieudonné du Rap. Un faux-pas artistique et polémique et c'est l'ostracisme médiatique ad vitam eternam.

Je comprends qu'on interdît un titre incitant à la haine sur fond de discrimination. Il est aussi acceptable que l'on décommandât un artiste si sa prestation représente une menace à l'ordre public. Ce ne sont apparemment pas les motivations qui ont été avancées.

Admettons un instant que le titre objet du scandale soit effectivement discriminant et un appel au crime. Il convient de saisir un juge afin de sanctionner l'auteur du délit ! Une fois réprimé, le coupable "aura payé sa dette" à la société. Nul besoin de surajouter d'autres sanctions.
La censure du titre serait fondée à cet égard mais la censure de l'artiste en lui-même serait une autre forme de discrimination, dût-elle viser un être humain détestable. La seule réponse démocratiquement acceptable serait d'apporter publiquement sa contradiction.
Au public de faire son choix. Aux festivals d'apprécier la pertinence artistique de la présence de tel ou tel chanteur.

Je serais moi-même bien incapable d'émettre un jugement, ce genre de musique n'est vraiment pas ma tasse de thé (que je bois Earl Grey avec un sucre et sans lait)*. Par ailleurs, je trouve la chanson en question absolument abjecte et, bien que n'ayant pas été éditée sur disque, mériterait une sanction pour sa diffusion sur Internet.

Il reste que lorsque l'on commet une infraction, une fois la sanction consommée, chacun doit pouvoir exercer ses droits et libertés sans entrave.

Vous m'accuserez de faire du juridisme peut-être mais j'ai tendance à penser que le droit est l'ultime rempart contre les injustices. Et imposer sa loi en est l'une des premières formes. Celle du plus fort sur le plus faible.

Bon, il paraît que ce sont les femmes qui en parlent le mieux.

*Dans ce texte se cache une information complètement inutile donc parfaitement indispensable. Sauras-tu la retrouver?


PS: Par anticipation, merci d'éviter les raccourcis bushistes du type "si tu n'es pas contre Orelsan, tu es pour Orelsan". Je n'ai aucune sympathie pour ce type.

8 commentaires:

  1. Il le mérite certainement ! Il réussi à faire du buzz...

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  2. Je ne sais pas si c'est son vidéoclip qui a fait le buzz ou la censure aux Francofolies...

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  3. Sa chanson n'a rien de scandaleux, c'est une fiction. Il se met dans la peau d'un type abjecte mais c'est une chanson, qui ne représente en aucun cas la pensée de l'auteur.

    Perso je ne suis pas fan mais il ne faut en aucun cas le sanctionner ni même le censurer, chacun a le droit de s'exprimer librement.

    Maintenant le buzz lui a profité, il s'est fait connaitre alors qu'il ne méritait probablement pas autant, mais c'était à prévoir. Grace à internet la censure est devenu le meilleur moyen de faire un buzz, il fallait s'y attendre.

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  4. Anonyme,

    La fiction n'est pas excuse à une telle apologie de la violence. J'imagine que vous vous rendez compte du risque que cela comporte de laisser libre cours aux idées les plus ignobles simplement parce qu'il s'agirait de fiction.
    Il reste que sur le reste, je vous suis. Pour autant, je ne crois pas avoir lu où que ce soit de sincères et profondes excuses d'Orelsan qui auraient eu le mérite de désamorcer le conflit.

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  5. @Nemo

    Orelsan s'était déjà expliqué sur la chanson:
    http://www.youtube.com/watch?v=4ahbV-7zW4w&eurl=http://www.europe1.fr/Decouverte/Talents-et-personnalite/Musique/Apres-le-tapage-autour-de-Sale-pute-Orelsan-s-excuse&feature=player_embedded

    "J'imagine que vous vous rendez compte du risque que cela comporte de laisser libre cours aux idées les plus ignobles simplement parce qu'il s'agirait de fiction."

    Je voie des risques encore plus grands dans les atteintes à la liberté d'expression dans la censure. Tout simplement parce que si l'on commence à censurer tel ou tel objet, après, où devra-t-on s'arrêter? Cette limite s'étendra progressivement jusqu'à en arriver au évènements actuels en Chine.

    La censure n'est pas une solution, d'ailleurs elle lui a même profité et a contribué à véritablement lancer sa carrière.

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  6. Intéressante vidéo.
    De toutes évidences, son message est râté. Il suffit pour s'en convaincre de lire les commentaires sous la vidéo sur Dailymotion.
    Plusieurs personnes applaudissent avec enthousiasme cet appel à la violence sur une femme.
    Pour ce qui est de la liberté d'expression, de grâce, épargnez-nous cette tarte à la crème. La liberté d'expression comme toute liberté a une limite qui est celle fixée par la loi. Or, la discrimination en est une.
    Ceci justifie amplement que la chanson soit au moins censurée partiellement ou du moins suivi d'un avertissement avec interdiction pour les mineurs de 18 ans.
    Mais ne vous méprenez pas, comme je le dis dans mon billet, je crois sincèrement qu'il ne faut pas censurer l'artiste.
    Errare humanum est, persevare diabolicum.

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  7. Ben pareil... Avant qu'on ne s'empare de lui, je ne le connaissais pas.
    Le pire est que je n'ai jamais entendu sa chanson, je ne l'ai jamais vu, jamais écouté...

    Une icone, voilà ce qu'il est deven Orelsan. Une icone.

    Mais ça me gène toujours le lynchage...

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  8. Le Faucon,
    Encore un phénomène de catharsis.

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