lundi 6 juillet 2009

Pourquoi le FN aurait dû l'emporter à Hénin-Beaumont

Hénin-Beaumont, sa rue Pasteur, sa place Carnot, son église.
Petite bourgade de 25.000 habitants dont les 64 975 000 autres français ignoraient encore l'existence jusqu'aux dernières élections municipales.

Occasion quelque peu incongrue de mettre en lumière cette municipalité si l'intention était d'attirer le touriste allemand en sandales-chaussettes en pays ch'ti. La presse ne s'est effectivement pas intéressée au patrimoine historico-culturel de cette ville du Pas-de-Calais, mais s'est jetée sur un sujet ô combien sulfureux: la menace fasciste !

Horreur, enfer et damnation. Le Front National est arrivé en tête du premier tour. L'honneur de la République est en danger, les chemises brunes sont aux portes des Ardennes, vite creusons des tranchées pour que s'opposent les Fronts (nationaux et républicains) !

Va-t-on un jour m'expliquer pourquoi le Front National a toujours le droit de cité dans notre République? En effet, je n'arrive pas à comprendre la logique qui soutend les hurlements de vierges effarouchées à la simple évocation du parti Lepéniste. Fasciste, pas fasciste? Nazi, néonazi? Antirépublicain? On l'autorise ou on l'interdit?

Les Portugais par exemple se formalisent moins: la Constitution du 2 avril 1976 dispose que "les organisations racistes ou qui se réclament de l'idéologie fasciste sont interdites" (Art.46, §4), de tels partis ne sont donc tout simplement pas représentés. La faute à une crainte viscérale héritée d'une dictature fascisante qui a laissé de profondes traces.

Mais que voulez-vous ma brave dame, aujourd'hui encore, d'aucun soutiennent mordicus que la France de la Seconde Guerre Mondiale a été unanimement résistante...il ne faut pas s'étonner que le nettoyage n'ait jamais été fait et que la marotte soit agitée dès que l'idéologie nationaliste ressurgit sur le devant de la scène.

En outre, j'ai beaucoup de mal à accepter qu'un Front Républicain se constitue face aux nationalistes alors que nul ne feint d'ignorer que s'il s'était agi du parti du facteur de Neuilly, nous ignorerions encore l'existence du patelin paumé de la magnifique bourgade d'Henin-Beaumont (Dieu merci, le FN a au moins servi à cela...).

Or, quand on sait que parmi ceux-là, certains considèrent encore les élections non comme une exigence démocratique mais comme un problème à résoudre, allant jusqu'à remettre en question la légitimité des institutions s'ils la considèrent comme "anti-ouvrière", vous me permettrez de ne pas considérer cet extrême-là plus républicain, aussi sympathique soit la bouille rondouillarde de Besancenot. (Vais-je en énerver quelques-uns?)

Soyons cohérents. Si l'on considère le Front National comme un parti démocratique aux idées acceptables aux yeux de la République, il n'y a strictement aucune raison acceptable pour qu'une union aussi hétéroclite qu'incohérente se constitue pour leur barrer le passage. Respect du choix de l'électeur.

Enfin, avant de s'émouvoir de voir un nationaliste proche d'accéder au pouvoir, encore faudrait-il donner des raisons aux électeurs de ne pas se tourner vers eux...le Front Républicain est à ce titre une insulte à tous ceux lassés par une classe politique corrompue qui aura mené la commune au désastre financier.

Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de la défaite de notre système politique, j'aurais moi-même tendance à relativiser le constat simpliste qu'on nous assène.

Je le répète: soyons cohérents ! Si le Front National n'est pas dissout par la loi, admettons que ses idées puissent se diffuser et en conséquence, qu'elles puissent porter un candidat au pouvoir. La seule réponse républicaine étant de lui opposer un programme, des candidats et des élus de qualité. A défaut, l'interdiction.

Mais quand je lis cela:
C'est peut-être l'un des mérites de l'ouverture pratiquée par Nicolas Sarkozy : les électeurs UMP - certes très peu nombreux à Hénin-Beaumont - n'ont pas eu l'impression de se trahir en donnant leur voix au candidat divers gauche Daniel Duquenne. Le changement d'attitude est symptomatique quand on se souvient des grincements de dents que provoquait il y a quelques années la notion de «front républicain».
J'ai vraiment tendance à penser que les idées du FN ont encore de beaux jours devant elles.

Si le Front Républicain ne s'était pas constitué, il n'est même pas sûr que Steeve Briois et Marine Le Pen eurent remporté les élections. Si cela avait été le cas, il aurait fallu juger le maire FN sur son bilan, son mandat et non sur l'idée que l'on s'en fait.

En outre, les partis d'opposition auraient pu tirer les leçons de leur échec, ce qu'ils ne feront pas. J'ai mal à la démocratie.

PS: Je préviens de suite. Je ne risque pas de me montrer conciliant face à des commentaires qui s'amuseraient à me taxer de soutien du Front National.

9 commentaires:

  1. je suis totalement de ton avis quand tu considères Besancenot au moins aussi nuisible que le Pen (c'est même un de mes dadas ça...). Est ce que le PS aurait appelé à un Front Républicain si Krivine s'était retrouvé au second tour contre un UMP lambda ?

    Et sur le reste aussi : un excellent billet que le tien. Qui me fait chaud au coeur aussi, des fois on croit qu'on est seul à penser certaines choses...

    Bonne semaine

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  2. Le faucon,
    Tu me vois ravi si mon billet t'a donné du baume au coeur!

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  3. Je n'aime pas les comparaisons de l'extrême droite et de l'extrême gauche... Il y en a une qui veut partager le pognon l'autre séparer les gens.

    Pour le reste, on est à peu près d'accord.

    Néanmoins, je vais répondre à FalconHill : "Est ce que le PS aurait appelé à un Front Républicain si Krivine s'était retrouvé au second tour contre un UMP lambda ? "

    La question ne s'est jamais posée... Preuve que l'extrême gauche est moins dangereuse, de nos jours...

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  4. Ah oui ! Un détail. Je n'ai pas fait de billet sur Hénin Machintruc.

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  5. Il y a quand même un biais dans l'article du Figaro : les chiffres le démentent (deux comptes d'apothicaire sur skeptikos)

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  6. Nicolas,
    L'enfer est pavé de bonnes intentions.
    Ce n'est pas tant l'objectif que les modalités préconisées par l'extrême-gauche qui me paraissent antirépublicaines. Dictature du prolétariat peut-être, dictature tout de même.

    Claudio,
    J'avais lu ton billet. Effectivement, l'article du Figaro est biaisé mais quoi de plus étonnant pour ce journal prosarkozyste?

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  7. Excellent billet, je partage, sauf le titre, mal choisi

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  8. Le crapaud,
    Merci...Pour le titre, c'était ça ou "Echec du FN à la sueur du Front Républicain". :D

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  9. @ Nemo

    Rien :-)

    C'est bien pour ça que je le lis ;-)

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