mercredi 15 juillet 2009

Martine Aubry provoquera-t-elle la mort du PS?

Je vous rassure, ce n'est pas un appeau à trolls.

Vous vous interrogerez certainement. De quel droit un militant démocrate peut-il critiquer le fonctionnement interne d'un parti auquel il n'est pas associé?

Voici ma réponse: j'estime que la démocratie ne fonctionne jamais mieux que lorsque l'électorat dispose d'une offre politique la plus étendue et la plus crédible possible. Si vous allez chez le fleuriste pour offrir un bouquet à votre moitié, vous aimeriez avoir d'autres choix que la rose ou le lys, surtout si celle-ci est grande amatrice de glaïeuls oranges. En politique, il en va de même. Nous avons souffert assez longtemps du duopole mégalithique PS/UMP, ce n'est pas pour le prôner à nouveau aujourd'hui.

Je ne souhaite la mort d'aucun parti, surtout pas des partis de gouvernement. Tant que des électeurs s'y reconnaîtront, il faut souhaiter leur pérennité.

C'est ce qui m'a amené à la réflexion suivante: le PS serait-il dans le même état de délabrement aujourd'hui si Ségolène Royal avait été élue Premier Secrétaire?
Après les lumières mises sur les manigances internes qui auraient probablement permis à Martine Aubry d'obtenir la tête du PS, je me dis non sans une point de cynisme: quitte à avoir une direction illégitime, autant qu'elle brille par son efficacité.

Force est de constater que la discipline et la cohérence ne sont toujours pas de mise au PS: entre les débauchés du gouvernement, les dissidents et les ségolénistes, l'inintelligible chahut règne toujours Rue de Solférino.

Ainsi, m'interrogè-je: Ségolène Royal aurait-elle réussi à créer une véritable union autour d'elle? S'agit-il d'un problème de personne? Ne serions-nous pas tout simplement dans une problématique idéologique? Est-ce la fin du socialisme à la française?

S'il ne s'agit que d'un problème structuel, alors le PS doit à tout prix se réformer pour permettre l'émergence d'un leader incontestable.
A défaut, les socialistes doivent aborder le plus grand défi qu'un parti doit affronter: la rénovation idéologique. Délicate aventure en ce qu'il serait bien difficile de créer l'unanimité autour d'un projet qui ne trahisse pas une partie de l'électorat.

Je m'interroge finalement sur le nom qui a perduré au fil des années. Parti Socialiste.
Difficile de ne pas trahir quelques électeurs. Le socialisme renvoit à une idéologie claire, précise et dense héritée des penseurs du XIXe siècle comme Marx ou Engels. Cette idéologie ne compose guère avec le capitalisme qu'elle dénonce à corps et à cri. Certes, le socialisme "à la française" s'en est drastiquement éloigné mais l'imbroglio idéologique règne toujours.

L'analogie avec l'histoire politique italienne n'est d'ailleurs pas inintéressante. (C'est Claudio qui va être content). Les nombreuses scissions et fusions issues du Parti Socialiste Italien depuis 1947 n'ont cessé jusqu'à aujourd'hui de créer le trouble et empêcher une véritable union à long terme contre la droite de Berlusconi. Il n'est pas inintéressant de relever que Romano Prodi, Démocrate italien, a été l'un des rares à relever le défi.

C'est ce qu'ont mis en relief les dissensions internes au PS en France au sujet de l'alliance avec le MoDem. Certains n'acceptent pas une forme de libéralisation du marché et associe tout ce qui s'en rapproche à la droite lorsque l'aile socio-démocrate y voit un penchant naturel.

On pensait que le MoDem était pris dans un étau. Je crois personnellement que c'est le PS qui l'est.

Le PS pourra-t-il aborder ce tournant sans perdre une frange de son électorat?

J'ai bien peur que l'entreprise soit titanesque. Or, l'urgence de la situation, et les nombreuses secousses provoquées par le Parti de Gauche d'un côté et le MoDem de l'autre risquent de faire chavirer le navire avant d'atteindre le rivage.

Heureusement que le tissu associatif, les élus en place, la méforme temporaire du MoDem, ainsi que la relative jeunesse de ces deux mouvements lui donnent un certain répit.

Jusqu'à quand?

4 commentaires:

  1. Dans l'interview de MLN (mon billet que tu mets en lien), on comprend aisément que Martine Aubry n'est pas pour grand chose dans l'état du PS et, surtout, que Ségolène Royal aurait eu les mêmes difficultés avec "ses" barons...

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  2. Nicolas,

    Toute la question est de savoir si sans ces barons le PS ne se confronterait pas aux mêmes difficultés.

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  3. Avec de tels amis on n'a aps besoin d'enemis au PS. un slogan qui vit sa vie depuis assez longtemps, j'espere que la coupe aura été bue jusqu'à la lie ce coup-ci.

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  4. Peuples,

    En même temps, si vous vous débarrassiez de tous ces barons qui vont à la soupe, certains ne manqueraient pas de crier à la mort du parti.
    C'est déjà ce qui s'est passé lorsqu'au MoDem, les Nouveaux Centristes sont partis. A mon sens, c'était pour notre plus grand bien. Ca a mis en lumière des personnalités indésirables aux attitudes de "barons".

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