lundi 10 août 2009

Pourquoi on ne peut qu'être antisarkosiste

Le piège dans lequel l'UMP aimerait faire tomber l'opposition dont le MoDem et François Bayrou est celui de jouer à un jeu que l'on dénonce de toutes nos forces: la posture stérile.

François Bayrou en avait fait son thème de campagne: dépasser les clivages idéologiques stériles, appeler à un grand rassemblement des forces politiques afin de travailler de concert aux nécessaires réformes (Dieu, que ce terme est galvaudé!) pour la France.

Sentant l'opportunisme politique, Nicolas Sarkozy a repris et déformé cet argument à son avantage: au lieu de rassembler et de réfléchir ensemble, il s'agissait de débaucher et de soumettre à son autorité affirmée. Double effet "bistouille" (ce billet n'est pas sponsorisé), ça a la couleur de l'ouverture, ça en a même l'odeur mais ça n'en a pas la saveur. En outre, pagaille et désordre sont semés dans le camp d'en face...véritable coup de maître, n'est-il pas?

Ca fait déjà une bonne raison pour être antisarkosiste mais ce n'est pas ce qui m'a inscrit dans une opposition ferme et décidée à Nicolas Sarkozy.

J'ai même longuement hésité au second tour de la présidentielle de 2007 entre voter blanc et voter Nicolas Sarkozy. (Désolé pour les Ségolénistes qui me lisent!) Je ne peux qu'être on ne peut plus fier de mon choix mûrement réfléchi et de ne pas avoir donné mon suffrage au fossoyeur du modèle français.

Bref, j'étais donc plutôt ouvert à l'idée de voir le leader de l'UMP diriger la France pendant 5 ans et de juger les résultats. Quelques mois seulement de mandat m'auront suffi pour basculer d'un scepticisme ouvert au statut d'antisarkosiste primaire comme le dit si bien Rébus.

Entendons-nous bien, c'est effectivement les actes que je juge et non le personnage, bien que le bling-bling et l'irrespect dont il témoigne pour les institutions de la République m'insupportent.

Or, lorsque l'on est un républicain et un démocrate, - selon la définition française - on ne peut que s'opposer sans concession aucune à la politique engagée par la majorité en place depuis au moins 2007.

Au bilan de ces inacceptables réformes annoncées et/ou adoptées, on trouve notamment:
- Le glissement anticonstitutionnel d'un pouvoir exécutif bicéphal vers une organisation monocéphale dont le chef n'est pas responsable politiquement devant le Parlement
- L'asservissement du pouvoir judiciaire, les petits pois (magistrats du siège) d'un côté et les soldats (ministère public) sous les ordres indirects du Président de la République de l'autre.
- L'effacement total du Parlement sous l'effet de députés godillots qui suivent les ordres d'un chef d'Etat qui demeure chef de parti politique et ne gouverne que pour la majorité
- Les collusions évidentes entre le pouvoir et les grands médias
- Les collusions toujours entre le pouvoir et les grandes puissances industrielles et financières
- La concentration des pouvoirs qui en résulte (Montesquieu s'en retourne dans sa tombe...) et nous inscrit dans une monarchie élective
- Les plus riches toujours moins sollicités par ces mêmes efforts contributifs sous l'effet du bouclier fiscal
- De lourdes atteintes aux principes fondamentaux de notre République pour satisfaire l'appétit vorace de rentiers de situation ou simplement pour servir l'intérêt des grands groupes

Liberté, Egalité, Fraternité. Telle est notre devise nationale.

Chacune de ces mesures est une gifle infligée à l'un de ces trois piliers.

Comment ne pas être antisarkosiste ?

18 commentaires:

  1. On ne peut évidemment qu'être antisarkozyste.

    Mais voter blanc à un deuxième tour d'élections est fait pour faire gagner le favori... Mauvais choix, donc...

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  2. Non, je crois que mon choix était le bon. Je l'assume pleinement.
    Je suis pour la prise en compte du vote blanc et de l'abstention.
    En outre, il m'était difficilement possible de savoir en 2007 ce que Sarkozy allait s'avérer être.
    Enfin, l'absence de programme de Ségolène Royal était pour moi une calamité.

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  3. Ségolène Royal avait un progamme parfait (le célèbre Pacte Présidentiel) contrairement à Nicolas Sarkozy qui n'avait qu'un torchon plein de mesures abstraites comme "travailler plus pour gagner plus".

    Pour ce qui concerne la prise en compte du vote blanc et de l'abstention, c'est bien joli mais impossible. Au deuxième tour d'une élection (ou au troisième...), il faut bien désigner un vainqueur.

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  4. Nicolas, M.me Royal herself déclara ne pas croire au programme qu'elle défenda (mal). Cela se ressentait dans sa campagne. Difficile d'être crédible dans ces conditions. Je reste persuadé que son score reposait largement sur la peur du 21 avril bis.

    En revanche, antisarkozyste ... je suis sceptique. Je suis anti-umpiste, à la limite. Sarko, ça me laisse indifférent.

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  5. Claudio,

    Son score ne reposait pas sur la peur d'un 21 avril bis mais sur l'union de la gauche (elle-même probablement basée sur la peur d'un 21 avril bis).

    Il n'empêche qu'il serait amusant de comparer maintenant les programmes réciproques ! Ségolène Royal, elle-même, ne pourrait aboutir qu'à la conclusion que son propre programme était largement meilleur !

    Pour le reste, ça ne veut rien. L'UMP est Sarko.

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  6. grrr, le commentaire que j'avais écrit n'est pas passé...

    Bon, en résumé, c'était "bon billet". Et ensuite "entre la peste et le choléra, le choix est toujours délicat". Personnellement, j'ai choisi le choléra. Sachant que la peste, ou Royal, je pense pouvoir encore moins que Nicolas Sarkozy... Un commentaire personnel, un choix personnel.
    J'avais voté pour un autre au premier tour. Sans doute le même que toi Némo.

    Bonne semaine

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  7. Je dis ça en tant que novice de la politique (et bien décidé à le rester), mais pour moi, il me semble que le mode de scrutin actuel ne représente pas correctement les Français.
    J'aurais une idée assez simple, c'est qu'au lieu d'avoir 60% des votes à gauche répartis dans divers partis plus ou moins solides, puis 40% de droite répartis dans .... un parti unique et d'avoir au final une victoire de la droite,
    Je préfèrerais avoir un premier vote d'orientation du pays (gauche, centre, droite), puis une deuxième élection pour choisir le candidat dans les factions concernées.

    On éviterait ainsi d'avoir une victoire de la droite face à un plus grand nombre de voies de gauche ou centre.

    Voili voilou .... mais ce n'est que mon avis (qui bien sur reste le meilleur ;D )

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  8. Nicolas,

    Tout comme Claudio, elle ne croyait elle-même pas à son programme. A posteriori, peut-être aurais-je voté pour elle au second tour car j'avoue avoir du mal à concevoir ce qui pourrait être pire que ce qu'a accompli l'hypergesticulant jusqu'ici. Mais bon avec des si...on couperait du bois...(allez zou, elle est pour moi celle-là!)

    Claudio,

    Tout comme Nicolas (lol), l'UMP est Nicolas Sarkozy et vice-versa.

    Mon Faucon,

    Comme d'habitude, nos avis convergent. ;-)

    Ma Banane Bleue,

    C'est le principe du scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Je le trouve assez bon. Ce qui l'est moins en revanche, c'est ce qu'en font les partis politiques...incapables de s'entendre alors que les distinctions sont sibyllines.
    http://uniqueetcommun.blogspot.com/2009/07/comment-sy-retrouve-t-on-entre-tous-ces.html

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  9. L'UMP a produit Sarkozy. Chirac a produit Sarkozy. Le RPR a produit Sarkozy. Le manque de crédibilité de "la gauche" a produit Sarkozy. Les atermoiements "centristes" ont produit Sarkozy.

    C'est une question chronologique.

    Je ne donne pas autant d'importance à un produit.

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  10. Nicolas, Nemo: "voter blanc"> L'essentiel, c'est de voter!
    Bananebleue> euh, j'ai pas tout compris...

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  11. Claudio,

    Peu importe au final les raisons qui ont amené Sarkozy au pouvoir. Ce que ce dernier a démontré depuis son accession à la Présidence ne peut que susciter une opposition ferme et définitive !

    Vonric,

    Voter, voter, certes mais encore faut-il que le système de scrutin reflète pertinemment les suffrages exprimés ou non ! ;)

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  12. Ces atermoiements sur le vote, vote pour, vote contre, vote non représentatif ... m'interpellent.
    Le vote blanc n'a aucune valeur sinon celle de valider le choix d'autrui. C'est ainsi.
    Les élections européennes ont été un modèle dans ce sens où le non-vote (vote blanc) est entré dans la stratégie de l'UMP, sondages à l'appui.
    Sondages, ... sondages et pouvoir ... ça ne vous rappelle rien?
    Tous ces non-votants (blanc) ou abstentionnistes consciencieux ont été très soigneusement ciblés par la formation qui s'est dite gagnante du scrutin, l'UMP à 28% !
    Alors votons!
    J'ai voté blanc une fois. Plus jamais!
    Plutôt FN ou NPA que blanc.

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  13. Anonyme,

    Comme je l'ai déjà exprimé, je suis en faveur de la reconnaissance du vote blanc et de l'abstention tout en leur donnant deux effets différents.
    Certains pays ont avancé l'idée courageuse d'établir un seuil de suffrages en deçà duquel un vote ne saurait être considéré comme valable. Par exemple, un taux d'abstention supérieur à 65%.
    En ce qui concerne le vote blanc, il devrait être considéré à mon sens comme un suffrage exprimé et non assimilé à l'abstention.
    Cela nous éviterait justement les votes "sanction" qui bénéficieraient opportunément aux extrêmes.

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  14. Faute de la maîtrise de l'outil, je continue à publier comme "anonyme".

    L'ayant pratiqué une fois, et l'ayant regretté, je considère le vote blanc au même titre que l'abstention, sauf à profiter de la sortie pour acheter sa baguette et faire pisser le chien.
    Le vote blanc est un non-choix qui profite "opportunément" à la faction qui manipule, ou tend à manipuler, l'opinion.
    De plus, c'est un échappatoire au devoir du citoyen de se prononcer s'il devait être recevable et comptabilisé.
    Ainsi donc, pourquoi tant fustiger le vote aux extrêmes? Celà doit entrer dans le débat, défendu, combattu, mis à nu comme tout autre opinion.
    Revenons-en au titre même de l'article, Sarkozy n'a-t-il pas anihilé l'extrême droite en reprenant et appliquant quasiment à la lettre les principales lignes de programme?
    - bouclier fiscal
    - immigration
    - identité nationale
    - communautarisme
    - autorité et répression
    - connivence avec certain despote
    - ultra libéralisme
    - attaques verbales envers les enseignants
    - la justice aux ordres
    ... et j'en passe.
    Laissons celà à l'extrême droite. Et que celà se sache. Et que le vote s'exprime!

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  15. Anonyme,

    Si vous voulez poster sous un pseudonyme quel qu'il soit, dans la liste déroulante en-dessous du champ vide où vous tapez votre commentaire, au-dessus du bouton "publier un commentaire", choisissez "Nom/URL" et inscrivez votre nom et si vous avez un blog ou un site inscrivez-y votre URL.

    Le vote blanc au premier tour des présidentielles est un non-sens. Au second tour toutefois, comme le dit si bien le Faucon, c'était pour moi choisir entre la peste et le choléra. Je ne voulais pas être de ceux qui ont promu l'un ou l'autre.

    Dès lors, lorsque vous n'avez pas d'alternative au second tour (pas de partis extrêmes), mon vote protestataire à moi que j'ai, c'est le vote blanc. J'ai conscience que le candidat élu se moque bien de savoir le nombre de votes blancs au second tour. Mais si les votes blancs étaient majoritaires la stabilité du gouvernement s'en ressentirait.
    Voter pour les extrêmes donnerait lieu à une interprétation biaisée outre le fait que je ne me reconnais pas dans ce vote là. (Et je ne vais pas donner ma voix à quelqu'un que je ne soutiens pas!)
    Pour ce qui est de Sarkozy piétinant les plates-bandes de l'extrême droite, j'ai tendance à penser qu'il piétine tout le spectre politique, du moment que son objectif (la monarchie élective) est atteint.

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  16. Ce que je crains le plus dans la comptabilisation du vote blanc, c'est la déresponsabilisation politique du citoyen, la désacralisation du vote.
    L'engagement personnel du politique sera sanctionné par le non-engagement de l'électeur.
    Ce non-engagement est flagrant dans bien des cas : vie associative, parents d'élèves, syndicats, militantisme politique. N'y ajoutons pas les épisodes électoraux.
    Je pense sincèrement que l'équipe à Sarko a géré la dernière élection comme une AG d'entreprise : ne mobilisons que nos troupes, veillons à démobiliser les autres, le quorum n'importe pas.
    Prendre en compte le vote blanc, c'est fixer un quorum, ce n'est pas mobiliser, favoriser l'engagement.
    Pour terminer, je ne suis pas d'accord sur la formulation, Sarkozy "balaie et soigne" le spectre du FN et "piétine" une certaine gauche.

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  17. Anamo,

    Vous trouvez peut-être que le citoyen se responsabilise en fuyant les urnes?

    De toutes façons, le problème n'est pas dans le mode de scrutin mais dans l'offre politique proposée par des partis éclatés en micro-formations qui n'ont de dissemblance que les apparences.

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