mercredi 23 septembre 2009

Nick Clegg, le François Bayrou anglais?

Le leader des LibDems (Liberal Democrats) Nick Clegg, dont le parti achève aujourd'hui son "Université de Rentrée" a tout d'un François Bayrou...avec un léger temps d'avance.
Il est d'ailleurs assez amusant de constater la situation politique globale comparable (mais pas identique) entre le Royaume-Uni et la France.

La Gauche des Travaillistes est à l'agonie et il est très peu probable que la majorité soit reconduite aux prochaines élections législatives. Gordon Brown est extrêmement décrié, sa gestion de la crise jugée insatisfaisante, son aura vue comme insuffisante pour une charge de cette importance. Il ne manque que la perruque pour qu'on y voit une Martine Aubry, version british.

Les Tories (Conservateurs) derrière David Cameron n'attendent que l'alternance et brillent pas une communication politique efficace axée sur la critique constante du pouvoir en place... en revanche, du point de vue des idées, c'est assez désertique si ce n'est une certaine continuité dans l'ultra-libéralisme et la lutte contre l'interventionnisme d'Etat.

Entre les deux, le troisième parti du pays qui souhaite incarner l'alternative à ce duopole vieillissant et à bout de souffle.

Principale différence avec le MoDem de François Bayrou: les LibDems vont plutôt bien. Pas de progression significative mais une stabilité en tant que troisième force politique du pays.

Les dernières élections européennes ont par ailleurs confirmé cette installation dans le paysage politique britannique. Pour rappel, les MPs (députés) se répartissent entre 349 travaillistes, 193 conservateurs et 63 démocrates. On est tout de même loin des 3 députés orange siégeant au Palais Bourbon.

Si l'on reproche souvent à François Bayrou de ne convoiter que la Présidence de la République, Nick Clegg ne se cache pas de sa volonté d'être le futur Premier Ministre anglais. Il explique par ailleurs, brillamment les raisons qui le poussent naturellement à nourrir une telle ambition:

"Let me tell you why I want to be prime minister. It's because I want to change our country for good," said Clegg.

"Because I want to live in a country where prejudice, insularity and fear are conquered by the great British traditions of tolerance, pluralism and justice."

Traduction:
"Laissez-moi vous dire pouquoi je veux être premier ministre. C'est parce que je veux changer notre pays pour de bon" a dit Clegg.
"Parce que je veux vivre dans un pays où les préjugés, l'insularité et la peur sont supplantés par les grandes traditions britanniques de tolérance, de pluralisme et de justice."
Clegg a annoncé récemment sans avoir consulté les militants de son parti qu'il souhaitait que la priorité soit donnée à la réduction drastique de la dette du pays. Chacun sait qu'il s'agit depuis longtemps d'une priorité pour François Bayrou qui en avait fait son thème central lors des présidentielles de 2007. D'aucun diront qu'il y a aussi une certaine similitude dans cette propension à être le fer de lance isolé d'un parti méprisant quelque peu la démocratie interne.

Le discours de clôture du président du Mouvement Démocrate a emprunté quelque peu au vocabulaire traditionnel de gauche. Solidarité, progrès, réforme, égalité. De son côté Nick Clegg affirme:
"If you supported Labour in 1997 because you wanted fairness, you wanted young people to flourish, you wanted political reform, you wanted the environment protected, or you simply believed in a better future, turn to the Liberal Democrats. We carry the torch of progress now."
Traduction:
"Si vous supportiez le Parti Travailliste en 1997 parce que vous vouliez la justice, que vous vouliez l'épanouissement des jeunes, que vous vouliez la réforme politique, que vous vouliez la protection de l'environnement, ou que vous croyiez simplement dans un futur meilleur, tournez-vous vers les Libéraux Démocrates. Nous portons désormais la torche du progrès."
François Bayrou ne dirait pas cela aujourd'hui. Le MoDem n'est pas dans un état plus enviable que le PS et l'Offre Publique de Dialogue en pâtirait fortement.

En revanche, d'ici 2012...

PS: Les LibDems et le MoDem siègent ensemble au Parlement Européen au sein de l'ALDE. Les affinités politiques sont naturelles entre les deux partis. Pour l'anecdote, Nick Clegg s'exprime dans un parfait français.

13 commentaires:

  1. Claudio,

    IL existe bien des divergences aussi mais les similitudes dans le comportement (plutôt que dans le personnage en lui-même) sont troublantes. Il serait intéressant d'étudier la situation chez nos voisins. En Allemagne, l'alliance gouvernementale est menacée. En Italie, elle n'est toujours pas en état de menacer Berlusconi. Que font nos voisins démocrates?

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  2. Joli parallèle. Une différence ceci dit par rapport au MoDem: les LibDems se positionne plus à gauche que le Labour... bon ceci dit le curseur gauche-droite est propre à chaque pays.

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  3. Julien,

    Je ne suis pas tout à fait d'accord. Sur certains projets, les LibDems sont plus libéraux que le MoDem donc plus à droite selon la définition contemporaine française. (Mais à gauche selon la définition américaine par exemple).

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  4. Nemo, je ne comparais pas LibDems et MoDem en soi mais leurs positionnements respectifs dans l'échiquier politique des 2 pays par rapport aux 2 forces dominantes.
    En France, le MoDem se positionne au centre vs. UMP et PS. En Grande-Bretagne, les LibDems se positionne à gauche du Labour (aujourd'hui, historiquement ce n'était pas le cas).
    Par contre étant donné les différences de culture politique entre les 2 pays, les idées des LibDems ne sont pas à gauche du PS en France. Le curseur de ce qui est considéré de gauche ou de droite varie selon les pays.

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  5. Julien,

    Exactement. C'est une preuve supplémentaire que la gauche ne sait plus où se situer en France comme en Grande-Bretagne.

    Le Crapaud,

    Merci !

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  6. D'accord avec Julien.
    Derniere exemple: l'idée de taxer les propriétaires de maisons de plus de 1 million de Sterling (au passage ca me semble peu avec la bulle immo des 10 dernieres années - donc peu réaliste, mais ca lance un débat dira-t'on)... pour redistribuer en exhonerant d'impot sur le revenu les plus bas revenus (tranche de £10k).

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  7. Vonric,

    Exactement. C'est aussi pourquoi il est difficile d'attribuer une étiquette française aux LibDems...mais l'exercice est aussi difficile à l'égard du MoDem. L'idéologie démocrate est à gauche aux US, à gauche en Angleterre, mais plutôt à droite en France (si l'on en croit nos amis gauchistes).

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  8. Je crois qu'il y a un même élan progressiste chez les libéraux européens, qui dépasse les seules critères économiques. C'est la place de l'Homme et sa liberté qui sont mis en avant, pour tenter de trouver un autre système de gouvernement. Les maîtres-mots ne seraient-il pas "autonomie" et "société en réseaux" ? ce qui implique de nouvelles solidarités et de nouveaux curseurs hiérarchiques.

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  9. Laurent,

    Je n'aime pas le terme de "progressiste" même s'il est utilisé parfois par les démocrates car il renvoit à la terminologie socialiste, ce que nous ne sommes pas.
    Humanisme et démocrate sont déjà des termes fortement connotés. Je vous rejoins sur la notion de liberté consubstantielle à celle de démocrate.

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