lundi 7 septembre 2009

Discours de Bayrou: un bipartisme sans la gauche?

Il y a quelque chose qui doit immédiatement rassurer les sympathisants et militants démocrates, même les plus critiques, c'est que le discours de François Bayrou en clôture de l'Université de Rentrée 2009 a vraisemblablement eu un fort écho au-delà même de la sphère démocrate. Patrick Devedjian en arrive même à penser que le leader démocrate met le bazar à gauche. (Ô hôpital quand tu te moques de la charité...)

J'ai eu moi-même la chance de pouvoir le suivre en direct depuis l'Angleterre sur LCI par le web (merci à eux!). Le discours était long. C'était du François Bayrou. Je dirais même qu'on a retrouvé notre François Bayrou, bien qu'il ait été plus doux à l'endroit du PS sans pour autant marquer une quelconque volonté de se soumettre. Loin s'en faut.

Pourtant, certains craignent - à tort, à mon sens - que le MoDem ne soit aspiré dans le giron du PS, surtout lorsqu'il est souligné qu'existent deux camps. Il ne s'agit guère d'un écueil en ce qu'il ne s'agit pas d'accepter aujourd'hui le bipartisme que l'on dénonçait hier. Non. Il est rappelé ici qu'une majorité est en place et que celle-ci s'inscrit dans le mouvement mondialiste, cette machine à broyer de l'humain. Qu'en acceptant cela, on renonce à l'héritage français qui s'est historiquement inscrit en alternative à cette tendance. Il y a donc bel et bien une majorité et une opposition. Si la majorité est unie autour de modèle de développement des inégalités par le prisme de la monarchie élective, l'opposition n'est aujourd'hui d'accord que...sur son opposition.

Il faut prendre acte aujourd'hui qu'il ne s'agit pas de dénoncer la bipolarisation de la vie politique mais bien de constater l'obsolescence d'un affrontement politicien plus qu'idéologique entre d'un côté, une droite UMPiste amalgamant tout et n'importe quoi depuis le "centre-droit" jusqu'aux nationalistes en passant par les eurosceptiques et ultra-libéraux et de l'autre, une gauche rose-rouge incapable de s'accorder sur une projet de société en ce que les anticapitalistes et les antilibéraux cotoient de nombreux socio-démocrates.

Faire bouger les lignes, c'est accepter la "troisième voie", celle du projet démocrate qui s'inscrirait entre la gauche antilibérale et la droite des inégalités. Ce projet est à même à mon sens de fédérer une large majorité de Français pour peu que les partis cessent de s'enfermer dans des postures idéologiques et dans le sectarisme. N'en déplaise à mes copains blogueurs de gauche.

J'ai d'ailleurs relevé trois concepts essentiels intelligemment posés par le Président du Mouvement Démocrate et que la cellule de communication serait bien inspirée à en vendre le concept dans les semaines à venir.

L'Offre Publique de Dialogue: Refuser les postures, accepter que nul ne détient la Vérité, réfléchir à un nouveau modèle de société. Voilà quelle est la responsabilité des partis d'opposition. L'occasion idéale de rappeler à Martine Aubry et autre Benoît Hamon qu'un rejet a priori de discussions avec le MoDem n'est ni plus ni moins que du sectarisme ou du calcul politicien.
L'Alternance Crédible: l'Hérétique aime ce qu'il en a entendu. J'applaudis personnellement avec enthousiasme. L'alternance, certes mais pour en faire quoi? Ceci est un plaidoyer pour ne pas se contenter de se retrouver autour de l'antisarkosisme. Ce dernier ne saurait perdurer que parce que le projet de société que nous défendons s'y oppose frontalement.
Le Centre Progressiste: le terme "solidarité" a été certainement l'un des plus utilisés dans ce discours. A la fois, solidarité verticale celle entre générations, et solidarité horizontale, celle entre citoyens de même génération. J'ai un moment eu la crainte d'entendre un discours se gauchiser. La solidarité ne saurait être notre unique boussole.
Heureusement, dans les fondements idéologiques développés en douze points, le deuxième mentionne:
"Il n’y a pas de solidarité sans liberté. Les citoyens doivent être protégés dans leur liberté individuelle et leurs libertés collectives."
Ceci est pour moi l'expression-même de ce qu'est le courant démocrate. Libéralisme et humanisme, ce qui nous a fondé notre République Française: Liberté, Egalité, Fraternité.

En attendant, d'autres continuent leurs tractations politiciennes...l'UMP envisage de s'allier avec les Verts... Comme si on ne l'avait pas vu venir.

18 commentaires:

  1. "Ce projet est à même à mon sens de fédérer une large majorité de Français "

    8% ?

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  2. Nicolas,

    C'est toujours le double de la gauche antilibérale... :D

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  3. Pas si tu ajoutes le "Front de Gauche"...

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  4. A mon avis, tu commets une erreur fondamentale de penser que les résultats des élections européennes sont inscrits dans le marbre...loin s'en faut.

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  5. On est d'accord. Le PS va récupérer ses 25%.

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  6. Je n'en suis pas sûr...mais alors là, pas du tout...sauf à se repositionner au centre et marcher sur les plates-bandes du Modem...pourquoi pas...

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  7. Je n'ai pas écouté le discour, mais les synthèses me plaisent bien, je m'y retrouve bien.
    Pour le reste on verra bien: les électeurs sont très volatiles.

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  8. Nelson,

    A nous de faire en sorte qu'ils soient moins volatile en étant clair sur le projet de société que nous leur proposons. ;)

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  9. Bonjour,

    Billet intéressant et original. Même si je regrette de votre part une confusion, faussant un peu l'analyse, entre bipolarisation et bipartisme :
    http://www.france-politique.fr/bipolarisation.htm

    S'il y a bipolarisation, il y a forcément un pôle de gauche (qui siège à gauche dans les assemblées parlementaires) et un pôle de droite (qui siège à droite dans les assemblées parlementaires). Mais s'il y a bipolarisation, il n'y a pas forcément bipartisme.

    Cordialement.

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  10. Laurent,

    C'est bien de bipolarisation dont je parle car il ne vous aura pas échappé qu'en France, malgré les apparences, il existe d'autres partis politiques même si le duopole UMPS est tenace.
    C'est bien cette bipolarisation dépassée qu'il convient de dénoncer car comme je m'évertue à le présenter sur mon blog, il est des incompatibilités idéologiques que l'on a tues pour favoriser les compatibilités électoralistes.
    On ne marie pas un socio-démocrate à un antilibéral par exemple. Par nature, le PCF n'a rien à faire avec l'aile centriste du PS ou avec une partie des Verts...et pourtant, on s'évertue à présenter cela comme étant "la gauche".

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  11. Billet parfait (ça devient une habitude). Réflexion annexe, il n'y aura de toute façon pas de bipartisme, mais éventuellement un tripartisme, la gauche radicale continuera à exister et refusera toute alliance avec les démocrates et progressistes.

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  12. ArnaudH,

    Tu vas me faire rougir là...
    Je te rejoins sur le fait qu'il soit possible que nous aboutissions à terme à un tripartisme.
    Cela sous-entend aussi que les divergences idéologiques entre Parti de Gauche, PCF, NPA, FO et consorts sont tout de même mineures...

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  13. Mouais...

    Le positionnement de F.Bayrou parait aujourd'hui plus tactique qu'idéologique.

    Je ne dis pas qu'il a tort mais avant de parler de dialogue il faudrait quand même savoir ce qui va être énoncé au nom du Modem

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  14. Oaz,

    Il n'y a pire sourd que celui qui ne veut entendre.
    Il me semble qu'il avait été clair quant:
    1. A la nécessité du Congrès Programmatique qui sera lancé d'ici Décembre
    2. Aux 12 points énoncés qui pourraient inspirer la réflexion idéologique des démocrates

    Rien n'interdit de discuter avec les autres partis en parallèle. Loin s'en faut. C'est une discussion, pas une soumission. Ils auront peut-être de bonnes idées à nous soumettre et inversement.

    Des divergences, il y en aura, c'est certain.
    Des convergences aussi. Ce sera l'occasion de prendre acte des divisions internes à la gauche et à l'impossible conciliation entre antilibéraux et socio-libéralisme, humanisme ou social-démocratie.

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  15. @Nemo,
    Le congrès, c'est un aboutissement qui entérine des choix et certainement pas le début d'une réflexion.
    Qu'est-ce qui va être fait d'ici là ?
    Comment seront considérés les travaux (bien avancés) des commissions démocrates ?

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  16. Oaz,

    A mais si on est dans le procès d'intention, il va être difficile d'être constructif dans la discussion. ;)

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