lundi 14 septembre 2009

La fin de la récession ne sera pas une bonne nouvelle

C'est un véritable ras-le-bol dont votre serviteur est victime en ce début de semaine.

Je me posais la question il y a peu, de savoir si la fin de la récession serait une bonne nouvelle ou non.

Deux facteurs, conjugués l'un à l'autre ont tendance à me faire craindre la négative.

1. On nous casse les pieds depuis plusieurs semaines pour nous signaler que la reprise a déjà commencé. Un empressement des plus vifs s'est emparé des politiciens et de certains économistes qui nous serinent à l'envie que les chiffres sont bons... ceci ravira très certainement les nombreux salariés mis au chômage indirectement par des inconscients de la finance qui ont joué avec le feu.
Il est sûr que pour les inconscients en question, la reprise est là, fanfaronnant à l'annonce de bénéfices records pour le premier semestre de cette anée. Pour les autres...

2. La schlérose est de mise chez les décideurs et lorsqu'un semblant de mouvement s'opère, il s'agit avant tout d'une marotte destinée à détourner le regard du peuple des questions structurelles toujours en suspens. Nicolas Sarkozy continue à faire de la limitation des bonus bancaires, son cheval de bataille, quitte à menacer de claquer la porte du G20 (laissez-moi rire!).
Bien que ce ne soit que poudre aux yeux, l'effet escompté sur l'opinion public fonctionne. 52% des Français seraient satisfaits.

Pis encore, c'est à une véritable crise de nostalgie que l'on a droit de la part de ces décideurs.

L'article du Daily Telegraph en lien révèle la profondeur de cet immobilisme qui n'est que la résultant d'une bipolarisation excessive de la vie politique ! Dans un manichéisme que les meilleurs blockbusters américains nous envieraient, on continue à opposer dirigisme à laisser-faire, marché dérégulé à interventionnisme total, modèle anglo-saxon contre modèle français.

Mario Monti, commissaire européen attaché à la concurrence pendant 10 ans, s'émeut:
"The special role played by the Commission in EU integration is based on the market, and this crisis has brought the market economy itself into crisis. It has lost respectability. This threatens to tip the Community into disintegration," he told The Daily Telegraph.
Traduction:
Le rôle spécial joué par la Commission dans l'intégration européenne est basée sur le marché, et cette crise a amené l'économie de marché elle-même vers une crise. Elle a perdu sa respectabilité. C'est une menace extrême de désintégration de la Communauté" a-t-il dit au Daily Telegraph.
Bon. Je ne disconviens pas que le marché est le liant de la Communauté Européenne.

Mais pourquoi personne ne met-il en exergue que c'est bien l'incapacité de cette Communauté de s'unir politiquement, de fonctionner de concert, d'apporter des réponses rapides, conjointes et ambitieuses qui a contribué fortement à jeter le discrédit sur l'Union Européenne?
Comment Mario Monti peut-il tant ignorer qu'on ne peut se contenter de revenir en arrière, promouvoir la libre-concurrence sans l'associer de l'impérieuse union politique, sociale et fiscale?

Il faut être idiot pour vouloir se soumettre aux règles de la libre-concurrence absolue, dans un jeu où l'économie n'est pensée que par le prisme de la finance, excluant l'Homme, face à des pays aux normes sociales et fiscales en friche?

Libre-concurrence intra-communautaire? Il n'y aurait donc que cela qui soit important?

Et la valorisation du travail, la juste répartition des bénéfices, la limitation des stratégies financières au mépris de la logique d'entreprise sur le long terme, la protection européenne face aux importateurs n'hésitant pas à employer de la main-d'oeuvre à 30 dollars du mois?

Ah ça, on sera bien content que les traders ne puissent toucher que des bonus limités à court terme, les banques vont pouvoir augmenter un peu plus leurs marges sur les investissements financiers...

Mise à jour 12h45: En complément, courez lire cet excellent entretien de Joseph Stilgitz réalisée par LaCroix.

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