C'est affreux, c'est terrible. Je suis atteint d'une maladie que les plus grands spécialistes austro-coréens ont nommé "le syndrôme JCVD".
Quels en sont les symptômes?
Difficultés d'élocution, impossibilité de trouver ses mots, mais surtout, surtout...devoir remplacer ses mots par l'équivalent anglophone.
Cela fait plusieurs mois que j'essaie d'ignorer ce mal qui me ronge à petits feux.
On arrive par ailleurs à trouver des subterfuges des plus subtils afin de camoufler ce handicap: quelques pauses dans le discours, le temps de réfléchir à son mot, l'utilisation de phrases alambiquées qui permettent au vocable français de parvenir jusqu'à votre cerveau, une hésitation ou deux afin de forcer votre interlocuteur à prononcer le mot à votre place...
Mais je ne puis cacher la terrible vérité plus longtemps.
La semaine dernière, lors d'un déplacement dans le bureau français de ma société, au détour d'une conversation informelle avec un collègue de longue date, l'inéluctable se produisit. Je vous livre la retranscription de cet échange dans lequel des invités inattendus se sont immiscés...
Mon collègue: "Alors comment vont tes enfants?A en devenir schizophrène...
Moi: - A merveille, ils grandissent trop vite.
Mon collègue: - Je me doute.
Moi: - Si vite que l'on ne s'en rend pas compte. Mais du jour au lendemain, lorsque l'on s'est rendu compte que ma fille pouvait monter les escaliers sitôt le dos tourné, nous avons immédiatement acheté un...
Mon cerveau, invité inattendu: gate...gate...gate...gate...
Moi: ...porte...non euh, un portail...
Mon cerveau: gate...gate...gate...gate...you bought a gate...
Moi: portillon...arf...
Mon cerveau: gate...that's a gate!!!...the word you're looking for is "gate", say it !!! Say it !!!
Mon autre cerveau, celui qui parle français, autre invité inattendu: Non mais ça va pas non? Je vais avoir l'air ridicule en casant un mot anglais dans une conversation française !
Mon cerveau anglophone: Gate...say it, you're being ridiculous !!! Say it!!! Gate, gate, gate, gate!!!
Moi: bon sang de bonsoir...
Mon collègue: ?
Mon cerveau francophone: Purée, je vais avoir l'air de me la raconter, genre "je case un mot anglais"
Mon cerveau anglophone: gate...gate...gate...
Mon cerveau francophone: Ce n'est pas un portique, ni un portillon, c'est...
Moi, comme délivré d'une atroce souffrance: une barrière!!!! C'est ça, une barrière !!!
Mon collègue: ?
Ne vous étonnez pas si jamais un jour je vous parle de notre monde composé de flèches et de molécules, et d'électricité, comme le Big-Bang tu vois, et tout ça ensemble, ça forme l'Univers.
Il n'empêche, le linguiste que je suis a mal au fondement...
Het hek. Moi c'est le néerlandais.
RépondreSupprimerNon rassure toi, tu l'avais avant :D
RépondreSupprimerNicolas,
RépondreSupprimerBon je t'ai au moins fait sourire !
Luciolebrune,
Tant que tu ne prends pas l'accent de Bruxelles...
Ma banane,
Au moins, j'ai toujours été aware!
Ne vous inquiétez pas, j'ai eu les mêmes symptômes lorsque j'étais ......... de liaison en Italie...tout revient dans l'ordre une fois revenu sur son sol.;)
RépondreSupprimeraspi-rine
Ma femme appelle cela le début d'Alzheimer, je comprends ta frustration. J'ai arrêté de lutter il y a bien longtemps... Si le mot vient en anglais, ben ça sera en anglais!
RépondreSupprimerAspi-rine,
RépondreSupprimerL'ennui, c'est que je ne reviens en France jamais assez longtemps !
Manuel,
Il faut accepter de s'exposer aux quolibets et aux railleries !
Je trouve que cela s'empire quand on a les enfants qui passent en mode bilingue!!
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