Voilà ce que réclament à corps et à cris, plusieurs militants démocrates regroupés pour certains au sein du Grid ou des Promoteurs, ces groupes internes au Mouvement Démocrate qui ont en commun une démarche collective et participative visant notamment "à l'amélioration de la gouvernance, l'optimisation de la communication, la production d'idées neuve" ou "de définir un projet".
Dernièrement, l'objet des crispations semble toutefois s'être concentré sur la question des primaires et de la démocratie interne. Reprenant en coeur l'idée qu'un Mouvement Démocrate ne saurait prôner des valeurs qu'il ne s'applique pas à lui-même, la tendance se fait radicale en ce que chaque décision, chaque nomination, chaque mouvement doit être explicité, décortiqué, justifié dans une transparence qui ferait frissonner le Grand Timonier tel un jour de parade des jeunesses communistes.*
Dans un contexte fortement économico-médiatique, un parti politique, c'est plus que jamais une entreprise dont le produit serait les idées et les projets.
Il s'inscrit donc dans un marché, est soumis à une concurrence et doit convaincre sa cible de passer à l'acte: voter en sa faveur.
Pour ce faire, il s'entoure de collaborateurs auxquels il attribue un rôle en fonction de critères qu'il juge opportuns (compétence, expérience, dynamisme, personnalité...).
Les candidats qu'il met en avant sont ses responsables commerciaux. Ils font la promotion des idées, cherchent à convaincre, démarchent.
Sauf que le marché dans lequel le Mouvement Démocrate évolue est fort particulier. La concurrence y est faussée, les pièges nombreux, un parti bénéficie d'un monopole de fait lorsque la présence de l'autre est sans commune mesure avec notre start-up.
Notre point fort? Le produit.
Les électeurs se lassent du produit UMP dont ils sentent bien qu'il ne présentera un intérêt au final que pour une petite partie de la population. De l'autre, l'entreprise n'a plus renouvelé sa gamme depuis une vingtaine d'années.
Certes, notre produit doit encore être amélioré. La version 2007 a besoin de mises à jour. Le service Communication a besoin de plancher sérieusement sur une stratégie efficace de publicité et de proposer un kit Marketing à l'ensemble de nos responsables commerciaux.
Il nous faut donc unifier le message et s'entourer des meilleurs et des plus expérimentés pour vendre notre produit.
Rien n'est véritablement choquant à ce que la Direction soit encore maître de son recrutement !
Je sais ce que l'on me rétorquera: "un parti politique n'appartient pas à ses dirigeants !", "certains ont des comportements inacceptables!", "nous aimerions que nos idées soient entendues".
Une entreprise n'appartient pas non plus à ses dirigeants mais à ses actionnaires, les militants. Mais les actionnaires ne prennent pas les décisions quotidiennes de l'entreprise sauf à désavouer une Direction qui en sera fragilisé, voire décrédibilisé. Si erreur il y a, alors désaveu de la Direction il y aura.
Si vous pensez que notre Direction Nationale doit être licenciée, alors je vous inviterais à songer à l'analogie avec votre emploi si l'on faisait preuve d'autant d'intransigeance à votre égard. Je crois sincèrement en notre produit et en nos fondateurs sans qui l'offre n'aurait pas été concrétisée.
Bien sûr, il n'est pas question ici de renoncer à appliquer des règles de démocratie interne à notre mouvement, à moyen ou long terme, loin s'en faut. Il convient cependant de faire preuve de tempérance et de patience.
La démocrative participative au sein du parti ainsi que des primaires pourraient bien nuire à la solidité (déjà fragile) de notre mouvement. Voyez ce qui s'est passé chez nos concurrents à gauche, au PS comme chez les Verts. Fragilisation et cacophonie.
Il nous faut avant tout solidifier l'existant, fort de nos idées, d'une Direction forte et de collaborateurs qu'elle aura judicieusement nommés.
La priorité pour les actionnaires est à la réflexion programmatique et pour ceux prenant part activement à la vie de l'entreprise, à l'amélioration de la communication.
Certes, nous rêverions tous de mettre en avant de nouvelles têtes, compétentes, dynamiques et fidèles à nos idéaux mais une élection en France se gagne encore aujourd'hui grâce à un personnel rompu à l'exercice, qui connaît les rouages de la politique et de la communication et dans un contexte fortement biaisé.
Tant que ces règles du jeu existent, à trop vouloir jouer l'élève modèle, nous en perdrions l'efficacité. Plus notre message sera clairement entendu, plus nous serons forts et plus nous serons en position de changer les règles du jeu.
Alors, lorsque les Démocrates seront installés de manière pérenne dans le paysage politique français, la question de la démocratie interne se posera tout comme celle des primaires.
En investissant dans le MoDem, vous avez investi votre confiance dans une Direction.
Continuez à témoignez votre confiance, ayez foi en notre projet.
En attendant, investissons notre énergie à faire entendre nos idées, à "vendre notre produit".
*Rappelons que les régimes les plus transparents sont les régimes totalitaires.
Analogie pertinente mais (très) dangereuse.
RépondreSupprimerJ'adhère à ce discours plein de bon sens, même si, je l'avoue, je n'ai pas du tout goûté le vote bloqué qui nous a été proposé pour les Européennes (et pourtant je suis très contente d’avoir soutenu Sylvie GOULARD que j’aurais moi-même choisie si j’avais eu à le faire)... Je déplore qu'il n'y ait pas de critères clairs qui donnent, en particulier, la priorité aux sortants quand ils ont bien fait leur travail, et qu'on accorde une importance démesurée à la notoriété parfois discutable (qui ne garantit pas nécessairement le résultat, on l'a vu dans le Sud-Est)!
RépondreSupprimerLes ambitions personnelles, en politique plus qu'ailleurs peut-être, sont nombreuses... bien plus fortes que les convictions, malheureusement ! J'ai des doutes sur les intentions de ceux qui, depuis des semaines et des semaines, nous bassinent pour que nous soutenions leurs candidatures, créent des groupes pour satisfaire leur besoin de médiatisation, critiquent systématiquement après avoir encensé tout aussi naturellement, se voient candidats après avoir viré ceux qui n'ont pas été élus sous la bannière orange (et pour cause...) ! Bref, pas très sain et souvent commandé par des intérêts purement personnels !
Je crois qu'il faut que le Mouvement Démocrate atteigne sa plénitude, et que la démocratie interne y devienne irréprochable, ou qu'au moins les statuts et RIN soient respectés sans aucune exception ! Mais voilà, c'est un jeune parti composé d'anciens UDF, de nouveaux venus de la gauche... ou de nulle part : pas facile de mettre tout ce joli monde d'accord, surtout quand la troisième voie qui pouvait créer la cohésion est abandonnée au profit d'une stratégie d'opposition à Sarkozy qui ne peut faire l'unanimité des adhérents et sympathisants de notre Mouvement !
Nous nous rendons bien compte, dans nos Mouvements départementaux, qu'en plus des ambitieux prêts à manger dans n'importe quelle gamelle de droite, de gauche, du centre ou de tout ce qu'on veut (ce n'est pas une espèce en voie de disparition, même au MoDem), il y a ceux qui ne peuvent se résoudre à une alliance avec les uns ou avec les autres parce que cela heurte leur sensibilité et leurs convictions : vive l’autonomie et l’ndépendance !Nous voyons ceux qui quittent le navire, ceux qui se tiennent en retrait, ceux qui se précipitent pour annoncer une alliance au premier tour avec le PS (malgré la décision du CN du 4 juillet), ceux qui ont déjà déclaré cette semaine être chefs de file parce qu'il n'y a pas d'autres candidatures (on s’en doute) et son prêts à faire ami-ami avec le PS... Et on pourra, je le crains allonger la liste dans les prochaines semaines !
Alors, face à cette situation difficile, et au moment où l'on annonce 8% aux Régionales pour notre parti (il y a encore du temps pour renverser la vapeur)… qui se focalise, encore une erreur fondamentale, sur les alliances mais pas sur le programme..., laissons à François Bayrou le soin de constituer les listes, des rancoeurs contre ses décisions étant certainement un moindre mal par rapport aux querelles locales qui pourraient faire définitivement éclater notre parti !
Espérons que nous ne nous laisserons pas séduire par la notoriété contestable parfois de certains people mais que nous saurons mettre à la tête des listes régionales des personnalités capables de booster des militants déboussolés et d’allier compétences et convictions ! Espérons que les décisions qui seront prises sauront cimenter notre parti et non le diviser, que nous n’éloignerons pas de nous les sympathisants qui nous ont permis, en 2007 de faire un score dont nous n’avons tiré, jusqu’à présent, aucun profit.
Claudio,
RépondreSupprimerEn quoi?
Marie,
RépondreSupprimerMerci pour cet excellent commentaire que je partage.
Je reste néanmoins convaincu que le problème fondamental du MoDem reste avant tout la communication interne et externe, celle par laquelle certains pensent que nous n'aurions pas de projet, que le fait d'envisager une alliance d'opposition serait se soumettre, que l'antisarkosisme n'est pas souhaitable alors qu'il n'est que la conséquence des positions antidémocrates de la majorité, etc.
Problème de lisibilité, pas de fond. ;)
Oui ces campagnes incessantes pour des primaires (avant même que les éléments qui importent, à savoir le programme, ne soient connus) commencent à devenir insupportables. Comme si ce qui importait le plus dans un parti c'était de désigner les candidats ! La culture starac' appliquée à la politique, ça me révulse.
RépondreSupprimerLa démocratie prônée pour le pays et les pratiques décisionnelles internes aux parti n'ont rien à voir, il n'y a aucune incohérence dans des procédures différentes. De plus les responsables sont élus précisément pour prendre des décisions, effectuer des choix (ce qui n'empêche pas de communiquer et de consulter les militants).
Voir le reste de mes arguments en lien.
@ Nemo
RépondreSupprimerJ'ai connu hélas de trop près un parti qui a pleinement assumé de fonctionner comme une entreprise et d'avoir des VRP comme candidats.
Où ils sont (ont été) choisi parce que "ça passe bien à la télé", "c'est une joli nana qui jette au visuel", "c'est un copain au patron", "c'est un produit de la boîte" ...
Certes, ce parti a gagné souvent les élections mais il a mis à genoux le pays.
Il s'appelle (appelait) Forza Italia.
C'est vous qui voyez, mon cher ami
J'oubliais ... je suis signataire de l'appel des Promoteurs et pourtant réservé sur les primaires, juste pour clarté.
RépondreSupprimerLe PS est en crise identitaire sans précédent ( à mon avis, il ne s'en remettra pas). Le modem peut être un grand partie d'opposition.Il lui reste à trouver un catalyseur aux oppositions ( de la trempe de F. mitterrand) si possible. je pense d'autre part que DCB ne peut jouer ce rôle. F. BAYROU , dont j'ai lu le livre qui est remarquable dans son diagnostic, présente des propositions générales de bon sens, un peu faible dans les propositions alternatives. Mais son diagnostic est 100% exact. c'est pour cela que l'on a cherche à l'abattre. sa tonalité démocrate chrétienne pourrait quand même l'aider.aspi
RépondreSupprimerMais quel est le produit du modem en dehors de l'anti-sarkozysme et des poses de Bayrou ?
RépondreSupprimerA une époque, le centre était porté par deux jambes :
le libéralisme
les chrétiens démocrates.
Ces mouvements distincts parvenaient à peu près à s'entendre.
Ces deux mouvements avaient une idéologie définie (en gros la défense de la société civile et de la liberté individuelle)
Qu'est ce qu'il reste au Modem de ces mouvements historiquement centristes ?
Rien.
Rien dans le discours. (la méchante loi du marché... tellement original dans le spectre politique français, vraiment il fallait le modem pour dire ça.)
Rien dans les programmes.
Ne reste qu'un discours assez radical et violent sans beaucoup de cohérence.
A partir de là, le modem va sans doute s'étoiler. Tant mieux, il a fait au moins autant de mal au centre que l'UMP (ou plutot le RPR).
Florent,
RépondreSupprimerJ'avais effectivement oublié ce billet, merci de me l'avoir rappelé. Je vois que nous sommes sur la même longueur d'ondes.
Claudio,
Toutes les entreprises ne se valent pas. Certaines ont une ethique, d'autres non. Le problème que tu soulèves est plus celui de l'éthique que du fonctionnement en entreprise.
Aspi-rine,
RépondreSupprimerFrançois Bayrou est très discret sur ses convictions religieuses. Je crois qu'il a fait un véritable cheminement depuis sa période démocrate chrétienne. Je suis par ailleurs de ceux qui considèrent être en phase avec ses convictions religieuses dans son engagement politique. Aujourd'hui, l'idéologie démocrate est à mon sens une synthèse pertinente des idées allant du centre gauche socio-démocrate jusqu'au gaullisme et à la démocratie-chrétienne de centre-droit.
Le libéralisme pour les débutants,
RépondreSupprimerAvant d'écouter doctement ce que râbachent les médias pressés par une analyse à l'emporte-pièce, enfermé dans ce schéma binaire, je vous invite à:
1. Lire Abus de Pouvoir
2. Relire le Programme Présidentiel de Bayrou en 2007
3. Essayez de faire l'analyse de ce qui opposent idéologiquement le centre-gauche et le centre-droit.
4. Comprendre que l'idéologie démocrate qui se développe partout dans le monde et notamment en Europe (voir mes précédents billets) est une idéologie qui ne s'inscrit plus dans l'affrontement traditionnel français gauche et droite.
Arrêtez de vouloir absolument chercher où se trouvent l'idéologie démocrate-chrétienne, le libéralisme pur et dur, vous ne le trouverez pas plus que la socio-démocratie. L'idéologie démocrate est une synthèse cohérente d'un patrimoine politique large.
@ Nemo
RépondreSupprimerVraiment ? D'efficacité plutôt ;-)
Je poursuis le débat sur Skep
Je rejoins Claudio sur la dangerosité de cette comparaison.
RépondreSupprimer"Toutes les entreprises ne se valent pas. Certaines ont une éthique, d'autres non". Au niveau des grandes entreprises nationales et internationales, l'éthique est souvent un argument marketing que l'on ne retrouve pas dans la réalité.
Les travers de la politique sont d'ailleurs souvent dus à des pratiques "d'entreprise" comme le storytelling, la culture des études de marché et des sondages, la vision court terme (pour favoriser le cours boursier)...etc
Pour ma part, je refuse d'assimiler un parti politique à une entreprise, dont les logiques et les buts sont bel et biens différents, même s'il est vrai que certains outils sont utilisés dans les 2 domaines comme le marketing.
Excepté cette comparaison, Nemo, je suis assez d'accord avec votre analyse.
Nicolas G,
RépondreSupprimerCa me gêne sincèrement que l'on associe entreprise à manque d'éthique. Je le répète toutes les entreprises ne se valent pas. ;)
Mise à part ce point, l'important est que l'on comprenne qu'il n'y a pas nécessairement d'horreur à ce qu'un candidat soit nommée et non élu par les militants. ;)