jeudi 11 juin 2009

Le flou politique autour de Barroso

Comme je l'indiquais dans un précédent billet, il faut savoir prendre une certaine distance lorsque l'on analyse les relations politiques et idéologiques au sein-même des Groupes de partis au Parlement Européen.

Certains médias ont tendance à prendre un raccourci en parlant de "partis européens" mais il n'en est rien, l'uniformité n'est pas la règle, pas plus que la discipline de vote.

Le choix du Président de la Commission Européenne en est un exemple criant.

Mais qui est donc José Manuel Durão Barroso ?
Est-ce un homme de gauche ou de droite?

Un éclairage historique n'est pas inutile:
Tout d'abord, notons que mon compatriote qui fut Premier Ministre du Portugal à partir de 2002 est originairement membre du Partido Social Democrata, le PSD.

"Ah, un homme de gauche !" d'aucuns diront. La réalité est plus subtile.

Au sortir de la Révolution des Œillets, le PSD a formé une coalition gouvernementale avec le Parti Socialiste portugais. Pour autant, le contexte historique d'alors avait nécessairement poussé les partis d'idéologies diverses à s'allier pour maintenir une certaine stabilité, surtout après une décennie sanglante de guerres coloniales menées par le régime du dictateur Salazar.
Ceci n'est donc pas un indice suffisant.

Une information qui vous éclairera encore moins est que le PSD s'appelait originairement le PPD.
Spontanément, tel un réflexe collectif, l'absence de "s" dans un acronyme et l'accumulation de "p" suggéreraient une influence politique de droite.
(Ex: en Espagne, le PSOE, à gauche, le PP, à droite, en France l'UMP à droite, le PS à gauche...)
Sachez que le PSD ne s'appelait le PPD que parce que quelque jour avant sa légalisation, un autre parti avait pris une dénomination proche (le Parti Chrétien Social Démocrate). Pour autant, le courant socio-démocrate est bel et bien celui qui a fondé le PPD, définitivement inscrit au centre, comme son fondateur Francisco Sá Carneiro l'avait voulu.
Pour des raisons éminemment historiques, et bien que cela apparaisse étrange aux socio-démocrates français, le PSD se teint à la fois d'un nationalisme affirmé (le nationalisme au Portugal n'étant pas aussi tabou qu'en France, nationalisme que l'on distingue très fortement des partis d'extrême-droite interdits de représentation parlementaire par la Constitution Portugaise).

On peut donc rester circonspect lorsqu'on lit le jugement définitif asséné par la page Wikipédia française consacré au PSD : il s'agit d'un parti "conservateur". Le réflexe bipartisme primaire s'inscrit décidément dans bien des plumes francophones. Pourtant la réalité est bien plus subtile.
Certes, au niveau européen, le PSD siège au PPE. Au niveau local, le PSD s'oppose au PS. Mais, José Manuel Durão Barroso est à la fois socio-libéral et conservateur...du moins, traditionnellement.
Il n'est donc pas étonnant qu'il recoive le soutien d'Angela Merkel, de centre droit, de Gordon Brown, de centre gauche, de José Luis Zapatero, de gauche et de José Socrates, de gauche.

Il n'en reste pas moins que du point de vue de la Présidence de la Commission, il a échoué à donner une unité à l'UE face aux différents problèmes qui se sont posés (guerre en Irak, conflit Israelo-Palestinien, crise économique...). A ce titre, il a fortement contribué à maintenir la droitisation de l'Europe, ce pourquoi il est supporté par le PPE pour sa reconduction.

C'est à ce seul titre, qu'il doit être jugé. Il nous faut aujourd'hui une Europe forte et unie.
Ce n'est pas au travers de l'actuel Président que nous y arriverons.
Une coalition qui mènerait à une alternance plus pro-européenne telle que celle offerte par Guy Verhofstadt, candidat proposé par le MoDem serait idéale.

Toutefois, soyons réalistes...la droite est majoritaire en Europe, cela ne sera pas chose aisée.

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