La défaite est incontestable - et je crois incontestée -, des erreurs ont été sans doute commises mais voyez-vous, l'agonie est le moment préféré de certains pour commenter. Non pas qu'il s'agisse d'une propension mortifère mais simplement d'un traumatisme dont la douleur nous atteint au plus profond et nous réveille de la léthargie dans laquelle nous étions tombés.
Oui, car de léthargie il était question. Au gré du parcours du MoDem, les idées, le travail de terrain et le combat européen ne transitaient plus depuis le corps jusqu'à la tête et partant, depuis la tête vers l'extérieur.
Aussi, nul ne s'était réellement alarmé jusqu'à cette terrible déconvenue du 7 juin 2009, aspirés par le discours antigouvernemental de notre Président, François Bayrou.
Or, soulignons un instant cette forte incompréhension de certains Démocrates lorsque ces derniers réalisèrent amèrement qu'on ne pouvait apparemment mêler politique nationale et enjeux européens. D'un côté, d'aucuns considèrent que l'opposition frontale au gouvernement n'est guère une posture antisarkozyste, mais cet antisarkozysme n'est qu'un symptôme de l'incompatibilité définitive entre le projet de société porté par la majorité en place (que Bayrou qualifie de "société des inégalités croissantes") et celui des Démocrates, foncièrement républicain en ce qu'il est libéral* (liberté), social (égalité) et humaniste (fraternité). Or, ce projet de société est aussi valable pour la France que pour l'Europe qu'on ne peut raisonnablement dissocier.
De l'autre, le message a été perçu comme individuel, adressé par un futur candidat à la présidentielle de 2012 contre son opposant, faisant fi de l'excellent programme européen du parti et de ses candidats pourtant reconnus pour leur qualité.
Les raisons sont multiples, notamment:
- l'individualisation apparente du parti, un François Bayrou surexposé (fût-ce volontaire ou la conséquence indésirée de médias qui ne jurent que par le Président du mouvement? L'oeuf ou la poule...). Ce qui atteint François Bayrou, atteint le MoDem aux yeux des tiers.
- le discours de François Bayrou résolument antigouvernental et la parution d"Abus de pouvoir"
- une élection de groupes et de listes à laquelle le MoDem a répondu par une communication adaptée à une élection présidentielle
- un discours politique adressé aux militants qui ne sont pas ceux à convaincre.
Malgré la subtilité de la situation, certains ont cette tendance détestable, irraisonnée et épidermique, à réclamer la tête de celui qui incarne le mouvement (comme on licencie un entraîneur "fusible" dans un club de foot en dérive, persuadés que c'est l'unique solution).
On ne peut tout à fait reprocher aux médias de pratiquer cet exercice: l'urgence de l'information ne permet pas d'essayer d'analyser le fond. On se contente des apparences.
Non. Ce qui n'est pas tolérable, c'est cet appel de la part de certains à brûler aujourd'hui ce qu'ils ont encensés hier. Entre ceux résolus à jeter le bébé avec l'eau du bain et ceux déterminés à installer la collégialité, le seul choix qui nous serait offert serait:
Vous voulez mourir façon PS ou façon Verts?
Allons, allons. Les déconvenues font partie de la vie politique, aussi forte soit la désillusion.
Le tout est de savoir apprendre de ses erreurs. Pour autant, aux ayatollahs de la collégialité, je les renvoie à l'intervention de Jean-Luc Bennahmias, brillante de pertinence. Quant aux autres, je les renvoie à cette célèbre déclaration du Général de Gaulle:
La réforme oui, la chianlit, non !Ne touchez pas aux idées ! Cessez de contribuer à répandre l'idée qu'il n'y aura pas eu de programme au MoDem, arrêtez de tirer contre votre propre camp ! Nous avons déjà fort à faire avec les autres partis d'opposition qui n'ont pas compris que tirer contre nous, c'est favoriser leur ennemi.
Traitons ensemble le problème pour ce qu'il est principalement: une erreur de stratégie de communication et un manque de visibilité des cadres du mouvement.
Le reste n'est que gesticulation d'apparatchiks.
* Veuillez comprendre libéral dans son sens véritable et non dans la dérive de sa compréhension où certains qualifient la société actuelle de libérale, ce qui est une erreur fondamentale.
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