Ce matin, j'ai envie de compléter les propos brillamment tenus par notre ami le Toréro (via Claudio), ainsi que ceux du Faucon sur l'agression subie par le sulfureux Président du Conseil italien, Silvio Berlusconi.
Le premier rappelle judicieusement:
Je ne pense pas qu’il faille justifier, comme certains le font, cette violence Dôme* à Homme. Il n’y a pas à peser tel ou tel acte d’agression en fonction de la victime. Il n’y a pas de « bons coups de dôme » et des « mauvais coups de dôme ». C’est par même souci d’absolu que la France a supprimé la peine de mort : quelque soit la monstruosité du coupable, on juge que la peine ne peut pas s’appliquer.
Je suis affligé et scandalisé par ce coup de poing. On n'aime ou pas Berlusconi. J'aime son club de foot. Moins l'homme politique qu'il est, et qui représente ce que je n'aime pas dans la droite au sens large. Sarkozy est de cette essence BerlusconoBushiste. Ca ne me plait pas.
En effet, je ne peux m'empêcher d'avoir une idée précise de ce qu'aurait été la position de la France si Nicolas Sarkozy avait été Chef de l'Etat au moment de l'invasion en Irak. Pas de brillante déclaration de Dominique de Villepin à l'ONU, pas de pays pour éclairer la voie, osant braver l'omerta diplomatique ambiante...
Ce que ces commentateurs ont brillamment entraperçu et ce sur quoi cette agression permet de réfléchir, n'est pas tant la qualité du service de sécurité - la perfection étant humainement impossible à atteindre - mais le symbolisme de ces actions.
Au fur et à mesure que les crises s'approfondissent - crise sociale, économique, politique, acroissement des inégalités - passant de crises conjoncturelles à structurelles, une forme de rébellion, d'insoumission à cette civilisation moderne qui se réveille.
Oui, ce n'est guère l'homme qui est visé - aussi détestable soit-il - mais bel et bien le système qu'il représente.
Par ces agressions, peut-être ceux-là se sentent investis d'une forme de mandat pour le compte du peuple qu'ils entendent représenter. C'est un système dans son ensemble qui n'est plus accepté, le sentiment d'une élite néo-aristocratique qui détourne le pouvoir à son profit.
Le mandat du peuple face au mandat confié par le suffrage universel. On ne peut que nécessairement constater que la classe politique, et la classe dirigeante plus globalement, ont perdu de leur légitimité et du respect que celle-ci induit.
On agresse les leaders politiques tout comme on séquestre les dirigeants d'entreprise ou que l'on exerce une forme de violence contre les biens qu'ils soient privés ou qu'ils appartiennent à la communauté. Aussi, un assassinat ne changerait-il rien à l'affaire sinon qu'il créerait nécessairement une forme d'empathie pour la victime, ce qui est, vous conviendrez, parfaitement contre-productif.
C'est un véritable besoin symbolique que ces agresseurs cherchent peut-être inconsciemment à assouvir.
Affirmer l'illégitimité des mesures investies du mandat électif, montrer que le pouvoir demeure encore dans les mains du peuple, et surtout que la volonté de ne rien changer à l'ordre établi est outrancièrement inacceptable car il en va de l'intérêt général qui doit être défendu et non du calcul politicien visant à protéger l'intérêt de quelques-uns.
Cette outrance accélérée par une droite dite "décomplexée" provoque la colère de ceux à l'encontre de qui cette libération s'exerce. Décomplexé de quoi, je vous dis?
Décomplexé du besoin d'intérêt général, du respect de notre héritage républicain, des valeurs fondamentales démocrates. C'est de cela dont il s'agit.
La droite est enfin débarrassée du sentiment de devoir freiner ce besoin d'élitisme, de néo-aristocratisme.
Ceux qui n'entrent pas dans les canons posés arbitrairement par le pouvoir en place, étrangement similaire des deux côtés des Alpes, nourrissent nécessairement un sentiment de colère, ascendant de la violence.
En effet, face à la brutalité d'une situation de plus en plus invivable et de l'autre, le sentiment que les dirigeants essaient de protéger l'aréopage qu'ils se sont constitués et qu'ils n'entendent ouvrir qu'à ceux qu'ils auront choisis, cette colère-là se commue nécessairement en une forme de rébellion de l'esprit, passant d'inacceptation à insoumission, d'insoumission à rébellion, de rébellion à action.
Ces dirigeants commettent une erreur fondamentale en misant sur une contention durable de la colère collective, pensant que le caractère lénifiant de notre société perdurera ad vitam eternam. Il est un instinct puissant capable de transcender l'homme civilisé: l'instinct de survie.
Ainsi, Nicolas Sarkozy ferait bien de s'inspirer de ces événements en opérant un virement fondamental de sa politique car à trop singer la mouvance berlusconienne, il risque d'en partager l'infortune.
Espérons simplement que la France et l'Europe ne sombreront pas avec eux.
*Je vous renvoie à son billet pour expliquer d'où vient le jeu de mots.
Ce que ces commentateurs ont brillamment entraperçu et ce sur quoi cette agression permet de réfléchir, n'est pas tant la qualité du service de sécurité - la perfection étant humainement impossible à atteindre - mais le symbolisme de ces actions.
Au fur et à mesure que les crises s'approfondissent - crise sociale, économique, politique, acroissement des inégalités - passant de crises conjoncturelles à structurelles, une forme de rébellion, d'insoumission à cette civilisation moderne qui se réveille.
Oui, ce n'est guère l'homme qui est visé - aussi détestable soit-il - mais bel et bien le système qu'il représente.
Par ces agressions, peut-être ceux-là se sentent investis d'une forme de mandat pour le compte du peuple qu'ils entendent représenter. C'est un système dans son ensemble qui n'est plus accepté, le sentiment d'une élite néo-aristocratique qui détourne le pouvoir à son profit.
Le mandat du peuple face au mandat confié par le suffrage universel. On ne peut que nécessairement constater que la classe politique, et la classe dirigeante plus globalement, ont perdu de leur légitimité et du respect que celle-ci induit.
On agresse les leaders politiques tout comme on séquestre les dirigeants d'entreprise ou que l'on exerce une forme de violence contre les biens qu'ils soient privés ou qu'ils appartiennent à la communauté. Aussi, un assassinat ne changerait-il rien à l'affaire sinon qu'il créerait nécessairement une forme d'empathie pour la victime, ce qui est, vous conviendrez, parfaitement contre-productif.
C'est un véritable besoin symbolique que ces agresseurs cherchent peut-être inconsciemment à assouvir.
Affirmer l'illégitimité des mesures investies du mandat électif, montrer que le pouvoir demeure encore dans les mains du peuple, et surtout que la volonté de ne rien changer à l'ordre établi est outrancièrement inacceptable car il en va de l'intérêt général qui doit être défendu et non du calcul politicien visant à protéger l'intérêt de quelques-uns.
Cette outrance accélérée par une droite dite "décomplexée" provoque la colère de ceux à l'encontre de qui cette libération s'exerce. Décomplexé de quoi, je vous dis?
Décomplexé du besoin d'intérêt général, du respect de notre héritage républicain, des valeurs fondamentales démocrates. C'est de cela dont il s'agit.
La droite est enfin débarrassée du sentiment de devoir freiner ce besoin d'élitisme, de néo-aristocratisme.
Ceux qui n'entrent pas dans les canons posés arbitrairement par le pouvoir en place, étrangement similaire des deux côtés des Alpes, nourrissent nécessairement un sentiment de colère, ascendant de la violence.
En effet, face à la brutalité d'une situation de plus en plus invivable et de l'autre, le sentiment que les dirigeants essaient de protéger l'aréopage qu'ils se sont constitués et qu'ils n'entendent ouvrir qu'à ceux qu'ils auront choisis, cette colère-là se commue nécessairement en une forme de rébellion de l'esprit, passant d'inacceptation à insoumission, d'insoumission à rébellion, de rébellion à action.
Ces dirigeants commettent une erreur fondamentale en misant sur une contention durable de la colère collective, pensant que le caractère lénifiant de notre société perdurera ad vitam eternam. Il est un instinct puissant capable de transcender l'homme civilisé: l'instinct de survie.
Ainsi, Nicolas Sarkozy ferait bien de s'inspirer de ces événements en opérant un virement fondamental de sa politique car à trop singer la mouvance berlusconienne, il risque d'en partager l'infortune.
Espérons simplement que la France et l'Europe ne sombreront pas avec eux.
*Je vous renvoie à son billet pour expliquer d'où vient le jeu de mots.
J'aime beaucoup l'enchaînement qui conduit de l'inacceptation à l'action en passant par l'insoumission et la rebellion. Avec Sarko, nous sommes en pleine phase d'insoumission, même ceux qui le servaient s'inquiètent et s'insurgent, et commence la phase rebellion grèves, manifs... et les médias ne pourront pas toujours cacher ces manifestations de colère contre le pouvoir.
RépondreSupprimerIl y a rien d'étrange dans cette ressemblance : Sarko est un élève fasciné.
RépondreSupprimerBerlusconi n'a aucunement besoin d'une plume tierce pour scotcher son public des heures durant. Sarko est obligé de répéter par coeur la petite lesson écrite...
Andre777,
RépondreSupprimerMais de là à ce que l'on passe de à l'étape de la colère collective, il risque d'y avoir des dégats.
Claudio,
Je ne sais pas s'il cherche à s'en inspirer malgré sa piètre image, il reste que la France et l'Italie sont plus que jamais cousine germaine du point de vue politique...
Analyse et réflexions pertinentes que je partage. bravo.
RépondreSupprimerOrange Sanguine,
RépondreSupprimerMerci.