lundi 25 mai 2009

L'humeur n'est pas à la fête

Chers lecteurs internautes,

Je ne puis que me confondre en excuses de vous laisser cois face à mon apparent mutisme.

Mais la raison est totalement professionnelle et malheureusement d'actualité.

Je ne fais pas mystère de ma profession qui est celle de Juriste d'Entreprise au sein d'une entreprise de taille moyenne de nationalité américaine. Je ne puis vous en dire plus afin de protéger l'identité de mon employeur.

Mon actuelle suractivité a le mérite de mettre en lumière des pratiques sur lesquelles nous pourrions nous pencher d'un point de vue macroéconomique. En effet, comme dans beaucoup d'entreprises à travers le monde, la crise financière se mue en crise économique. Néanmoins, celle-ci ne frappe pas nécessairement l'activité commerciale de tout un chacun même si les premiers effets se font ressentir. Les négociations commerciales sont plus dures, plus longues, la croissance du chiffre d'affaire (leitmotiv des sociétés côtées en bourse) ralentit et même si les bénéfices sont toujours en rendez-vous, il convient de réfléchir par anticipation sur le long terme.
Voilà qui peut être étonnant. Réfléchir sur le long terme n'est pas l'apanage des sociétés côtées en Bourse. Bien au contraire. On ne jure généralement que par les chiffres au trimestre et les annonces qui l'on pourra en faire aux actionnaires, espérant une augmentation du cours de l'action.

Dès qu'il s'agit de toucher au portemonnaie des actionnaires, la réflexion à un horizon plus éloigné s'ouvre.

Mais toutes les entreprises ne répondent pas nécessairement à cette caricature. Mon employeur compte parmi ceux qui tentent de maintenir un équilibre délicat entre résultats court-termistes prometteurs pour les actionnaires, et projet d'entreprise sur le long terme. Jusqu'à présent, cet équilibre a été maintenu avec brio.

Aujourd'hui, dans l'esprit de prévenir les conséquences de la crise économique à venir, me voilà chargé d'accompagner les réductions d'effectifs en Europe. Attention, il est une nuance délicate que l'anglais consacre entre "downsizing" et "rightsizing". Il n'est pas question de réduire les effectifs répondant à une crise économique mais d'analyser objectivement les postes redondants, et les emplois qui ne s'inscrivent pas nécessairement dans l'organisation globale de l'entreprise.

Aussi, certains profitent de ce mouvement pour aborder la question des salariés "gênants". Comprenez ceux dont les performances et la qualité professionnels ne sont pas au rendez-vous. La nuance est importante juridiquement car si d'un côté il s'agit d'une réflexion globale sur l'organisation de l'entreprise et le meilleur rendement possible. De l'autre, est abordée la question à l'échelle individuelle. Et ici, il est difficile de ne pas consacrer l'appréciation souveraine du manager sur les performances de ses salariés. Si aucun outil n'a été donné à ce manager pour évaluer et accompagner son collaborateur, l'exercice en devient périlleux.

Le Juriste d'Entreprise devient à ce titre absolument indispensable car l'analyse a priori des risques juridiques permettra de réfléchir à la stratégie à aborder.
Je peux vous dire qu'à ce poste on découvre que la perspective d'une crise économique exerce des effets pervers en ce qu'elle exerce une pression invisible sur les managers qui découvrent des travers inacceptables parmi leurs employés. Certains sont réels et indiscustables.
J'ai la chance de travailler pour une société humaniste qui ne permettra pas que l'on licencie un salarié sur des considérations fragiles et subjectives...et pourtant, les américains s'embarrassent rarement de ce genre de considérations en se contentant d'une réponse chiffrée à la question "combien ce licenciement va coûter?".

Il n'en reste pas moins que ce n'est pas un moment agréable à passer car on ne peut s'empêcher de penser: "et si c'était moi?"

Voilà, vous savez pourquoi je suis aspiré par le travail qui se surajoute à mes projets commerciaux dont la date limite est déjà dépassée.

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