mardi 24 février 2009

Panem et circenses !

"Du pain et des jeux !". Ainsi s'exprimait Juvénal, poète latin décrivant que le peuple romain se satisfaisait de nourriture et de divertissement, taisant ainsi tout autre revendication politique.

Ainsi, en régents inspirés, les monarques et dirigeants romains procédèrent régulièrement à des distributions de farine et de pain jusqu'à convertir les boulangers en fonctionnaires d'Etat.

Le pain est un symbole extrêmement puissant de la condition humaine, représentant la nourriture dans son ensemble, élément vital à l'existence.

Le pain est omniprésent dans la Bible, depuis l'Exode où le pain n'est pas levé, en passant par l'incarnation du corps du Christ.

Il n'est pas anodin de souligner que la Révolution Française a éclos dans un contexte de grande famine où le peuple en colère venait chercher le Boulanger, la Boulangère et le Mitron (Louis XVI, sa femme et le dauphin).

Les jeux quant à eux ont toujours été considérés comme un moyen de détourner l'attention que ce soit sur l'ennui, sur la politique,
L'esprit humain cherche spontanément un moyen de ne pas affronter les contrariétés qui s'opposent à lui. Lorsqu'il ne peut le faire physiquement, l'Homme aura tendance à le faire mentalement.

Le champ lexical du jeu exprime à lui seul "l'évasion", le "rêve", mais le plus important le divertissement, qui étymologiquement désigne le fait de détourner à son profit, ou dans un sens plus usuel de s'éloigner du réel, se détourner de la vue de l'essentiel.

Il n'est donc pas étonnant que ces deux éléments aient une vertue lénifiante sur la population.
L'abondance de nourriture et partant, un certain niveau d'aisance calmeront les rancoeurs individuelles et collectives en ce qu'ils priveront de pertinence certaines revendications relatifs à la condition matérielle.

Le divertissement répond quant à lui à un réflexe inconscient de protection face à la difficulté.

Tant que la réunion de ces deux éléments est maintenue, les conditions d'une révolte voire d'une révolution semblent être altérées. Mais l'Histoire a prouvé que la suppression de l'un ou l'autre de ces éléments pouvaient compromettre la stabilité politique d'un pays.
Aujourd'hui encore, les pays les plus pauvres et où la répartition des richesses est la moins égale sont les pays les plus instables où seule une dictature armée est prompte à maintenir un régime en place.

La question se pose aujourd'hui face aux défis de notre société "de consommation" qui doit affronter la perspective d'un accès difficile aux matières premières et à l'alimentation.
La surpopulation, la menace écologique, le système ultralibéral sont autant d'obstacles d'aujourd'hui ou demain pour garantir le même accès à la nourriture.
Les investisseurs ont commencé à spéculer sur les matières premières.

Encore une bien mauvaise idée d'un système qui ne se régule guère et se cannibalise.
Encombrer l'accès au "pain" risque de réveiller les pulsions primaires de la population et son instinct de survie.
La seule réponse à cela est malheureusement la répression.

Gageons que nous n'en prenons pas le chemin et que nous serons mettre un frein à ce système financier boulimique et aux dérives liberticides de certains gouvernants occidentaux.

Du paix et des jeux pour la paix civile!
De la régulation financière et des libertés publiques pour nos peuples !

2 commentaires:

  1. En effet, nous sommes en accord, mais avant même les sinistres derniers Jeux Olympiques, cela fait des années que la plupart des pays, sinon la totalité, on fait sport l'équivalent des jeux du cirque.

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  2. J'avoue craindre que cela ne s'amplifie encore plus pour compenser les difficultés grandissantes d'accès au "pain".
    Plus de divertissements, donc des flux d'argents encore plus massifs pour contrer des conditions matérielles et environnementales qui dépérissent.

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