lundi 19 janvier 2009

Et si le Gouvernement de Sa Majesté se trompait?

Le Gouvernement de Gordon Brown, représenté par le ministre des Finances Alistair Darling a annoncé ce matin un second plan de renflouement bancaire en six points.

Ceci est la démonstration que le Royaume-Uni est prêt à tout ce qu'il faut pour ne pas laisser sombrer le secteur bancaire, véritable moteur de l'économie britannique.

Il apparaît vital en effet, à ce stade de la crise financière de ne pas laisser s'effriter puis s'écrouler les fondements qui maintiennent l'ensemble du pays (et dont la répercussion sur d'autres économies dans ce contexte ultra-globalisé pourrait s'avérer délicate)

En revanche, plusieurs questions sont à poser:
1. N'est-on pas en droit d'exiger des contreparties aux institutions financières au lieu de leur donner blanc seing?
2. Ne peut-on désigner une commission chargée de surveiller l'exécution d'un plan si coûteux et dont on évalue mal l'impact positif sur l'économie?
3. Ne serait-ce pas là l'occasion rêvée d'accompagner de telles mesures extraordinaires d'un plan de développement de l'économie réelle et notamment matérielle?

Certains de mes collègues ne manquent pas de se montrer plus pessimistes quant aux capacités britanniques de rebondir sur cette crise financière dans la mesure où contrairement aux Etats-Unis, la France ou l'Allemagne, l'économie britannique ne repose pas sur le fait de "digging things out of the ground", "faire sortir des choses du sol".

Il convient en effet de mettre à mal un cliché qui en France fleurit depuis quelques années sur la prétendue bonne santé de l'économie du Royaume-Uni. Cette dernière est une économie du tertiaire exclusivement, le secteur industriel étant extrêmement marginal eu égard aux grandes Nations occidentales.

Par exemple, lorsque la France connaît un secteur automobile d'envergure avec les groupes Renault et PSA, l'Allemagne brille avec Volkswagen, BMW ou Mercedes-Benz, alors que les capitaux étrangers se sont emparés des anciens fleurons de l'industrie anglaise tels que Vauxhall (aujourd'hui filiale d'Opel, groupe américain General Motors) ou Jaguar Land Rover (filiale du groupe américain Ford), etc.

Certes, les sujets de Sa Majesté disposent d'autres atouts qui font que l'économie n'est pas mono-maniaque (une grande distribution en essor localement...mais en retard sur les concurrents étrangers, une industrie pharmaceutique puissante...) mais l'équilibre n'est plus et les mesures adoptées par l'exécutif britannique ne font que démontrer que le colosse a des pieds d'argile...

Or, il n'est pas scandaleux de faire remarquer que le secteur bancaire lui-même a forcé les britanniques à vivre "à crédit", (à l'instar des américains) ce qui a pour conséquence de faire vivre les institutions financières qui se rémunèrent au passage sur la plupart des actes de consommation, de favoriser cette dernière ainsi que l'investissement immobilier facilités, mais malheureusement aussi de rendre cette expansion "artificielle".

Hors cas de l'immobilier, il est assez étonnant de constater que l'arrêt du crédit facile n'a pas pour conséquence de reporter la consommation ("je n'ai pas l'argent en banque mais je vais économiser pour m'acheter X ou Y") mais simplement de l'étouffer ("je ne vais pas acheter finalement"), ce qui pose des questions sur un système qui s'auto-alimente sur de la simple spéculation. En effet, si l'on achète par simple influence du crédit et qu'on cesse d'acheter lorsque celui-ci disparaît, n'est-ce pas là le signe que la consommation repose sur de l'abstrait?
Ceci ne suscite pas de débat tant que spéculation et confiance font bon ménage, mais lorsque la dernière s'éloigne, le système s'effondre, dans la mesure où soudainement, tout un chacun reprend des réflexes de "bon gestionnaire" en n'investissant que sur du concret et du solide.
C'est le problème posé aujourd'hui avec ces actifs douteux répartis un peu partout dans le monde de la finance qui répandent la méfiance chez tous les acteurs du secteur....globalisation oblige.

Dès lors, ne doit-on pas encourager de sortir de cette dépendance tout en réglementant et en surveillant la façon dont les banques accomplissent leurs tâches?
Certes, d'aucuns diraient qu'un tel interventionnisme s'accomode mal du libéralisme ambiant, mais une sorte de consensus se dégage quant à la nécessaire réflexion sur notre système économique. L'occasion est rêvée pour l'Europe de mener une action concertée à ce titre...car force est de constater que la crise ne vient pas des pays où le secteur est bien plus réglementé, comme en France où le crédit est bien plus encadré*.
Reste à éviter le piège de la bureaucracie et de l'inflation législative et réglementaire.

*Si le secteur bancaire français est touché, c'est plus par répercussion des investissements effectués à l'étranger que par les crédits douteux accordés aux Français.

2 commentaires:

  1. En ce qui concerne le plan de sauvetage britannique, il faut d'abord noter que celui ci est beaucoup mieux ficelé que le français: en contrepartie de l'argent du contribuable, le gouvernement reçoit soit des actions préférentielles, soit des actions ordinaires qui - notamment dans le cas de RBS - correspondent a une quasi-nationalisation de la banque.

    En face, on voit le gouvernement français prier les banques (qui rechignent) de ne pas se verser de dividendes, de continuer a faire crédit... etc, sans grand levier de pression, si ce n;est celui de ne plus leur donner d'argent a l'avenir...

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  2. Certes, des actions en contrepartie pourquoi pas mais pendant ce temps on se détourne de la réflexion sur l'indépendance de l'économie à l'égard des institutions financières.

    Les banques doivent financer. A partir du moment où elles créent (et non facilitent) de l'économie et que l'on dépend massivement de cette économie, celle-ci reposant sur le seul sentiment de confiance, il convient de s'inquiéter.

    Quant à la France, je crois malheureusement que ce n'est que la démonstration que les Français ont élu un "communicant" et un "populiste" qui n'est réellement intéressé que par le pouvoir et le népotisme. Je n'aime décidément pas ce Président qui ne favorise que les puissants.

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