jeudi 25 mars 2010

Que penser de la politique actuellement?

C'est la question qui me vient à l'esprit tant la politique française me désole par sa vacuité.

Tout d'abord, les médias ainsi que les commentateurs s'évertuent à vouloir tirer des enseignements des résultats, fort prévisibles au demeurant, des dernières élections régionales.

D'aucun parlent de nouvelle vague rose, d'autres de l'émergence pérenne d'une déclinaison écolo-gauchisante, certains évoquent même la sanction solennelle du peuple à l'égard de la politique de Nicolas Sarkozy.

Foutaises !

1. Les électeurs ne se sont pas déplacés, c'est le seul enseignement valable que l'on peut tirer de ces élections en demi-teinte.
2. Les raisons pour lesquelles l'abstention a été si importante ne tiennent nullement à une volonté collective de sanctionner ou de promouvoir un parti ou l'autre. A mon sens, les Français se détournent de la politique qui n'est plus que jamais, source de déceptions et de népotisme institutionnalisé. La représentation politique française n'est plus légitime, elle n'est pas fidèle aux aspirations des français, du moins de la majorité silencieuse.

Ceci est encore la preuve que l'abstention sert les intérêts des vainqueurs qui ne manquent pas de communiquer sur leur triomphant succès ! Et oui, cela a toujours de la gueule que de dire que l'on a remporté 56% des suffrages ! Cela en a moins lorsque l'on rapporte cela au nombre d'électeurs...

Le Mouvement Démocrate dégringole?

Certains se frottent les mains d'un tel revers, d'autres tentent d'expliquer cet échec cuisant.
Il ressort de mes différentes lectures que le projet du MoDem reste illisible pour une grande partie de l'électorat. L'idéologie démocrate n'est par une évidence pour tous, le clivage droite-gauche français du XXe siècle perdure encore dans les esprits et beaucoup ne conçoivent pas que l'on s'affranchisse d'un raisonnement binaire dépassé.

Il n'en demeure pas moins que l'on peut s'interroger sur la qualité de la gouvernance du parti du 133bis rue de l'Université. Communication approximative, procédures peu transparentes et infidèles aux promesses...

Je commence moi aussi à me demander si l'on peut véritablement promouvoir un message neuf en utilisant des recettes éculées...

Le retour en force du politiquement correct?

Eric Zemmour est devenu la victime expiatoire d'un avatar de l'antiracisme: la bienpensance.
Cette forme de pensée qui s'abat sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la discrimination, par crainte que ne s'éveille le spectre fascisant français quitte à que se taise toute forme de pensée un tant soit peu sulfureuse.
J'ai pu déjà dire ça et qu'il m'en coûte de défendre le personnage Zemmour tant son côté réactionnaire volontairement provocateur et sa tendance quasi-clownesque m'insupportent.
Mais vous devez déjà savoir, chers lecteurs, que je suis un amoureux de la liberté d'expression et que je m'inscris dans l'héritage voltairien: "Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire."

Or, en l'occurrence, si je reconnais volontiers que Zemmour s'est peut-être laissé emporter par la volonté de polémiquer*, j'abonde aisément dans le sens de ceux qui s'offusquent que la levée de boucliers à laquelle il a eu le droit est totalement injustifiée et fleure bon l'hypocrisie.

Je n'aime pas cette propension qu'ont certains à vouloir se donner bonne conscience en dénonçant tout et n'importe quoi à l'instar du fayot du premier rang de la classe en CE1.
Prêt à tout pour plaire à la maîtresse? Ceux-là sont prêts à tout pour plaire aux victimes des discriminations. Pourquoi? Parce que nous ne cessons encore aujourd'hui de faire amende honorable pour des fautes que nos ancêtres ont commises, prisonniers que nous sommes d'un sentiment de culpabilité tenace.

Ces fautes sont avérées. Nul doute sur ce point. Mais je rejoindrais encore Eric Zemmour (aïe, mes doigts sur le clavier...) dans sa tribune publiée dans Marianne2, il n'est pas question de renoncer à l'universalisme et l'égalité républicaine en reconnaissant un statut spécifique à une partie quelconque de la population. Entendez par là, chaque communauté éthnique ou religieuse constituant le tissu national enrichit ce dernier de son histoire, de ses souffrances, de ses particularités mais à aucun moment, nous ne saurions dresser les uns contre les autres au motif de cette histoire !

Ainsi, dès lors que l'on déclare:
«les Français issus de l’immigration étaient plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait »
Inutile de pousser des cries d'orfraies ! Ce silence assourdissant des institutions qui refusent de dresser des statistiques nationales à caractère ethnique ne fait qu'installer un peu plus le racisme ! Or, restons dans le domaine factuel:
Il y a quelques années, une enquête commandée par le ministère de la justice, pour évaluer le nombre d’imans nécessaires, évaluait le pourcentage de «musulmans dans les prisons» entre 70 et 80%. En 2004, l’islamologue Farhad Khosrokhavar, dans un livre «L’islam dans les prisons ( Balland) confirmait ce chiffre. En 2007, dans un article du Point, qui avait eu accès aux synthèses de la Direction Centrale de la Sécurité Publique ( DCSP) et de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) on évaluait entre 60 et 70% des suspects répertoriés issus de l’immigration. Il y a près de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des violences urbaines à la direction centrale des RG relevait que 85% de leurs auteurs sont d’origine maghrébine. Dans un article du Monde, du 16 mars 2010, les rapports des RG sur les bandes violentes, établissaient que 87% étaient de nationalité française; 67% d’origine maghrébine et 17% d’origine africaine. La «plupart» est donc, au regard de ces chiffres, le mot qui convient.
Ceci, les professionnels de la justice ne le savent que trop bien. Ainsi, c'est fort de cette expérience que les forces de l'ordre en viennent à contrôler spontanément les populations à risque. Le racisme ne se terre pas dans les faits mais dans l'interprétation que l'on en fait.

Il n'est pas raciste de tirer les leçons de telles statistiques en reconnaissant que cette population est plus sujette à la délinquance tout simplement parce qu'elle est exposée plus frontalement à la pauvreté, à l'exclusion et à des circonstances socio-économiques défavorables.
Il serait en revanche inacceptable de tenter de n'avoir que la seule approche ethnique de la question de la délinquance et de la criminalité, sous-entendant que ce serait le seul facteur qui expliquerait pourquoi cette catégorie de la population serait un vivier de "sauvageons".
Mais les médias aiment les réflexions à l'emporte-pièce et le sensationnalisme quitte à alimenter cette chappe de plomb qui s'est abattue sur la liberté d'expression depuis la fin des années 80.

C'est peut-être ici que Zemmour aurait du expliciter sa pensée...encore aurait-il fallu qu'on lui en donnât l'opportunité. Mais où se cache réellement le diable ? Dans l'intention supposée mais indémontrable d'un journaliste ou dans la volonté de lutter aveuglément contre toute reconnaissance de distinctions au sein de la population ?

Egalité n'est pas égalitarisme.
Lutte contre les discriminations n'est pas bienpensance.

* Forcément, lorsque l'on est emporté par la volonté de deux hommes (Paul et Mickey), on ne fait pas le poids...

21 commentaires:

  1. Tiens ! J'ai pas tout lu et j'ai déjà un commentaire :

    "Les raisons pour lesquelles l'abstention a été si importante ne tiennent nullement à une volonté collective de sanctionner ou de promouvoir un parti ou l'autre"

    Tout à fait d'accord. Ca me gonfle quand j'entends des commentaires de type "l'abstention a gagné" ou "le premier parti est l'abstention"... Ce n'est pas une démarche collective.

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  2. Abstentions records … la Démocratie en danger ? Faut-il rendre le vote obligatoire ?

    petit sondage pour grand sujet, trouvé sur Pnyx.com: http://www.pnyx.com/fr_fr/poll/610

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  3. C'est moi où OrangeOrange vient pondre un même commentaire un peu dans pleins d'endroits ? (grrr j'aime pas ça...)

    Sinon bon et juste billet...

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  4. Nicolas,

    Mais il faut avouer qu'il y a tout de même un point commun entre tous ceux qui ne votent pas: ils n'en voient même plus l'intérêt !

    Orangeorange,

    Attention à ne pas vous Souklayser...mais j'ai voté pour votre information.

    Le Faucon,

    Merci !

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  5. "le clivage droite-gauche français du XXe siècle perdure encore dans les esprits et beaucoup ne conçoivent pas que l'on s'affranchisse d'un raisonnement binaire dépassé".

    Je suis fatigué de répondre que 4% des Français voient le clivage dépassé.

    Cela dit, il est à peu près que tous les gens qui ne le voient pas ou qui se prétendent ni à droite ni à gauche sont totalement à droite.

    Pour le reste on est à peu près d'accord !

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  6. Nicolas,

    Ah parce que les 50% de personnes qui ne se déplacent plus se reconnaissent encore dans ce clivage peut-être?

    Je crois fondamentalement que non.
    Mais je ne me fais pas de doutes que s'il était possible de déterminer avec précision ce à quoi les Français aspirent, ni le PS ni l'UMP ne manqueraient de dire que cela correspond parfaitement à leur politique de droite/gauche.

    Le clivage gauche/droite à la française est certainement encore pertinent dans son idéologie mais la séparation PS/UMP ne lui est pas du tout fidèle...et c'est bien là qu'est le problème.

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  7. tu m'agaces quand tu fais des bons billets, ça me donne des complexes^^

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  8. Le crapaud,

    Merci de ce compliment qui me touche. D'autant plus que j'ai la fâcheuse tendance à trouver ma prose très moyenne en général...

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  9. oui mais ne t'y fie pas, car quand je dis "bon billet" chez toi, ça veut dire "billet que j'aurais dû écrire" ^^

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  10. J'ai lu qu'en diagonale mais il me semble que c'est un excellent billet.

    Auquel j'essaie (pas trop) modestement d'apporter une réponse, au modeste niveau qui est le mien.

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  11. welcome back, moi je rentre dans ma phase du "j'ai pas le temps"...

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  12. Excellent billet Némo, je l'ai bu comme du petit lait.
    les régionales sanctionnent l'émergence du Modem. On ne peut que se rendre à l'évidence, la percée de FB était noué à l'usure du PS et à cette machine UMP partie unique de droite mis en service par NS avec une stratégie que l'on connait. L'échec du MODEM laissera t-il le terrain à d'autres acteurs ? (DeVillepin ).Sur Zemmour, toute cette cacophonie autour de ses propos est juste une tentative de censure et d'atteinte a la liberté d'expression. C'est la que la dérive devient dangereuse.
    aspi

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  13. il me semble qu'orfaie s'écrit orfRaie. ;)

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  14. Le crapaud,
    Mais c'est encore un plus beau compliment, merci !

    Claudio,
    J'ai effectivement lu ton billet aussi. En ce moment, je trouve en verve.

    Nelson,
    Merci, je n'en suis pas encore sorti pour ma part, fin de trimestre oblige et obligations personnelles de plus en plus chronophages.

    Aspi-rine,
    Et bien, je ne crois pas que l'échec du MoDem soit définitive loin s'en faut. La Ve République est telle que parfois, une homme peut porter un parti à lui seul. Il n'est pas impossible de penser que si François Bayrou devait l'emporter en 2012, beaucoup d'élus rentreraient spontanément au "bercail".
    Je crois aussi que les Français voteraient automatiquement pour une majorité à la couleur politique identique à celle du
    Président. Quant à Zemmour, je n'irai pas jusqu'à dire que l'objectif est de nuire à la liberté d'expression mais je pense que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
    Merci pour la faute de frappe.

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  15. Il est toujours réjouissant de voir un grand politique se contorsionner, histoire de changer de stratégie tout en faisant semblant de ne démordre de rien, de rester impavide, sûr de ses idées et infaillible dans ses analyses. Version politique de l'homme qui marche à reculons pour faire croire qu'il avance... C'est donc une grande joie, aujourd'hui, d'observer François Bayrou qui, de triple salto
    arrière en double vrille piquée, est gentiment en train de rejoindre son berceau familial, celui du centre droit, après s'être encanaillé à gauche. Car le patron du MoDem, sans parvenir à douter de lui-même, commence à penser qu'il se trouve bien à l'étroit dans l'opposition de gauche dès lors que le cadavre du PS se remet à bouger et même à reprendre quelques couleurs.

    Alors, François Bayrou, que l'on entendait taper comme un sourd sur et contre l'ignoble Sarkozy, ses nuisances, ses indécences, son mépris démocratique, son mauvais goût, sa propension dictatoriale, ses mensonges et ses crimes contre la République, paraît soudain tourner sa mitrailleuse à 180 °.
    Pour la première fois depuis on ne sait plus quand, le voici qui dénonce "la gauche sectaire, fermée, bêtasse" avec laquelle il ne s'entendra jamais. Bien sûr, il ne s'en prend qu'à Claude Bartolone qui, dans un méchant propos, estime que le vrai pari gagné du PS lors des régionales serait d'avoir réduit à presque rien le MoDem. Et, pour l'heure, il épargne toujours Martine Aubry. Mais le plus dur
    est fait : avoir diversifié ses cibles et être sorti de sa phobie anti-Sarkozy qui était devenu l'unique et obsessionnel objet de son ressentiment. Il ne reste plus qu'à le faire savoir aux quelques électeurs qui lui restent.
    les moulins ne torune pas qu'en Provence
    Isabelle

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  16. Isabelle,

    Non mais ça veut dire quoi s'encanailler en l'occurrence?
    A peine, discute-t-on avec d'autres partis qu'on est immédiatement taxé de complaisance ou de "s'encanailler"?
    Quant à l'antisarkosysme prétendument primaire, il faudra comprendre un jour que ce n'est pas la personne de Nicolas Sarkozy (voir mon billet sur l'antisarkosysme) qui incommode mais sa politique qui est la plus violente pour nos fondements républicains depuis le début de la Ve République.
    Il est normal que l'on lutte activement contre Nicolas Sarkozy et tous ceux de l'UMP qui le soutiennent totalement.

    On peut taper sur Bayrou pour plein de raisons mais je ne crois qu'à aucun moment le fait de discuter avec la gauche n'a signifié pour lui comme pour les Démocrates rompre les discussions avec la droite, loin s'en faut.
    Tout comme s'en prendre à Sarkozy n'a jamais signifié être complaisant à l'égard de la gauche.

    Mais bon, il est vrai que le raisonnement binaire, c'est tellement confortable.

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  17. demander donc à Ségolène!
    avoir une obsession antisarkoziste n'empéche pas d'en avoir d'autres,c'est une spécificité de la politique française de tout critiquer et de n'avoir que peu à proposer;
    le comble serait qu'il rejoigne le clan sarkoziste,
    est ce ,à votre avis,dans ses objectifs?
    Isabelle

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  18. @ Nemo
    sur Bayrou, je ne partage pas trop votre point de vue, je pense que le Modem n'ira pas plus loin, et Bayrou non plus... l'avenir le dira!

    aspi

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  19. Isabelle,

    Mais qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que Bayrou avait l'intention de rejoindre le clan UMP ou PS?

    Aspi,

    Peut-être. Je n'ai pas dit qu'il ira plus loin, j'ai juste dit qu'idéologiquement, les idées sont plus pertinentes que jamais et que factuellement, rien ne permet de dire (sauf procès d'intention) que Bayrou avait renoncé à l'indépendance du MoDem.
    Indépendance ne veut pas dire et n'a jamais voulu dire ostracisme et c'est un peu ce qu'on lui reproche...

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  20. Discuter le cas particulier du MoDeM, dans le contexte particulier d'aujourd'hui, demanderait un autre fil tout entier. Au moins...Le temps me manque.
    Tenez puisque une petite video qui m'a fait sourire, a force de distribuer des baffes il faut s'attendre à en recevoir-aspi:
    http://www.youtube.com/watch?v=uv8d3ecjKeI&feature=player_embedded

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  21. Aspi,

    J'avais vu cette vidéo et je la trouve moi-même très drôle. C'était la meilleure réponse que Patrice Leconte pouvait lui présenter.
    Avec une certaine classe il faut le dire !

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