mardi 23 février 2010

Stop au haro sur la justice !

J'aurais voulu commenter immédiatement le billet du Faucon sur le décès de Jean-Paul Treiber qu'il qualifie de "suicide judiciaire" mais le temps m'a manqué comme vous le savez déjà.

L'intérêt de répondre à contre-temps est que la réaction cède le pas à la réflexion.

Il est une chose que je ne puis admettre et le juriste que je suis, bien que n'ayant strictement aucune activité judiciaire, défend promptement la justice française contre une tendance détestable bien française: la vindicte populaire.

Or, lorsque je lis la conclusion de l'auteur:
Cette justice qui se refuse toujours à l’auto-critique et à la remise en question. Que s’est il passé depuis Outreau, outre le fait que le juge principal dans cette affaire a toute les chances de recevoir une promotion ces prochains jours ?
Pas grand-chose. Et c’est bien dommage…
Je note d'emblée une lourde contradiction dans le discours du Faucon:
D’abord, cette maladie de la vie politique et sociale française, de vouloir trouver des responsables de partout.
Pour autant, celui-ci partage le postulat médiatique, voire populaire: le désastre judiciaire d'Outreau est à mettre exclusivement au passif de la justice française.
Reprendre avec objectivité l'affaire d'Outreau revêt une importance capitale car aujourd'hui, celle-ci semble être le leitmotiv des scribouillards qui ont perdu leur capacité d'analyse et de questionnement sur les bancs de l'école de journalisme. Or, dès qu'une défaillance du système est pointée du doigt par cette même presse, le spectre d'Outreau ressurgit immanquablement comme s'ils avaient trouvé là, la botte secrète qui dispenserait d'une analyse factuelle, circonstanciée et objective.

Ce qu'il y a de plus détestable dans ce qu'il ressort de cette affaire, c'est le besoin compulsif de cette presse de trouver une victime expiatoire jetée en pâture à un public noyé dans l'émotion et assoiffé par le besoin de réprimer. Si on laissait faire, il n'en faudrait que peu pour nous montrer à quel point nous autres humains pouvons être de véritables charognes serrant nos griffes sur celui qui nous est présenté comme le coupable idéal.

En l'occurrence, le bouc-émissaire tout désigné est la personne du juge d'instruction Fabrice Burgaud. Jeune, plutôt inexpérimenté, attitude nonchalante. Le casting idéal du vilain de série B ou du feuilleton judiciaire américain diffusé en après-midi aux ménagères de moins de 50 ans sur M6.

Sauf qu'ici, les faits et les acteurs sont bien réels. Et sauf à garantir la reproduction de ces événements à court ou moyen terme, on ne peut guère se satisfaire de ce rite sacrificiel en réunion.

Ainsi, lorsque je lis récemment un article du Monde.fr, je ne peux d'être pris d'une nausée face à ce journalisme ordurier, qui dans une crainte divine de faire sa propre auto-critique, détourne l'attention des requins que nous sommes en distillant quelques gouttes de sang menant à l'appât Burgaud.

Outreau est à mettre au bilan d'une société de l'émotion et de la déraison
, servie par une presse trop encline au sensationnel et dans laquelle la justice n'arrive que difficilement à maintenir une digue de raison, cédant peu à peu aux coups de boutoir de la déshumanisation.
« Je ne souhaite à aucun de mes ennemis (mais qui mérite vraiment ce nom ?) de tomber dans les mains de la justice. Machine inhumaine, ai-je dit. Je maintiens. Inhumaine surtout dans sa relation au temps." selon Alain Juppé.
Cette inhumanité n'est que la conséquence indubitable d'une exigence elle-même inhumaine à l'égard de notre organisation judiciaire. Chacun souhaiterait que les magistrats prennent le temps de la sérénité afin de traiter notre sort si nous tombions dans les mains de la justice. Pour autant, dans un grand élan de schizophrénie, les gouvernements successifs n'ont pas hésité à drastiquement réduire les moyens de mener cette mission capitale.
En France, on compte 11,9 juges professionnels pour 100 000 habitants, contre près de 15 en Belgique, 20 en Autriche, et presque 25 en Allemagne.
Le budget de la justice mettrait la France au 29e rang européen (Commission européenne pour l’efficacité de la justice, octobre 2006).
En 1968 il y avait 600.000 plaintes pénales pour 6.000 magistrats, en 2007 il y a 5.300.0000 plaintes et 8.000 magistrats, quasiment le même nombre qu’au Second Empire. Cela représente une augmentation de 900 % de la délinquance en 40 ans, pendant que le nombre de magistrats augmentait de 30 % sur la même période !
La justice française n'aurait pas fait son auto-critique? Bien qu'elle n'en ait guère le temps, elle a bien été la seule obligée à le faire par une Commission d'enquête parlementaire dont chacun aura pu assister aux auditions télévisées, renforçant un peu plus la solennité du sacrifice public.
Le public a-t-il tiré les leçons de ce fiasco? Les experts? Les médias?

La justice peut bien faire cet exercice de remise en question, personne n'est prêt à prendre les mesures qui s'imposent pour corriger les errances du système. Le juge Burgaud a été un acteur de cette catastrophe mais il n'en aura été qu'un acteur.

Il n'était pas le Procureur qui a ordonné l'instruction du dossier, il n'était pas le Juge des Libertés et des Détentions qui a placé les mis en examen en détention provisioire, il n'était pas les experts qui ont confirmé la crédibilité indiscutable des témoignages des enfants accusateurs, il n'était pas le juge ni le jury qui ont condamné six des dix-sept mis en examen à la Cour d'Assises de Saint-Omer, il n'était pas l'ensemble des magistrats auxquels il s'est référé pour avis, il n'était pas cette presse qui réclamait quotidiennement la tête de ces trafiquants pédophiles, il n'était pas non plus ces politiques qui en faisait de même.

Mais plus important encore, il n'est pas de ceux qui chaque jour d'une main conspue, décrédibilise et dispute l'autorité de notre justice tout en organisant structurellement son échec de l'autre.

Protégeons notre justice. Ne cédons pas à la facilité de l'émotion.

20 commentaires:

  1. Ben merde, t'aurais pu venir me faire un petit coucou aussi. Je ne t'aurais pas jeté des cailloux.

    D'abord, entre la critique et le haro, il y a un monde il me semble. Si on a pas le droit de critiquer certaines choses, il faut le dire. Il faut écrire des "règles de blog", des sujets sur lesquels on a le droit de ne rien dire.

    Ensuite, je suis sensible aux symboles. J'ai peut être tort. Quand, dans la même semaine, on a un suicide suite à une instruction qui a duré un temps de fou, et qu'on apprend qu'un des acteurs principaux et contreversé d'Outreau va être promu, on peut soupirer. Sans chercher de bouc émissaire.

    Tu as raison quand tu conclus "Ne cédons pas à la facilité de l'émotion". Je pense la même chose que toi, et je n'ai pas le sentiment d'avoir cédé à la "facilité de l'émotion", phrase jolie quand on veut décrédibiliser son interlocuteur soit dit en passant.
    La phrase de Juppé, ça va faire plusieurs fois que je la cite. Je la trouve très juste de ce que je ressens. Je ne considère pas agir "sous le coup de l'émotion". D'ailleurs, le suicide Treiber, je l'ai dis, cela me laisse indifférent.

    Par contre, si je devais un jour être "présumé innocent" par la justice, peut être que j'aurais des choses à redire vis à vis de l'organisation judiciaire, qui rend ce temps inhumain.

    Enfin, oui, on revient à OUtreau. Mais y a t'il eu une remise en question suite à Outreau ?

    Tu n'as pas apprécié mon billet, c'est un droit, on aurait pu en parler avant.
    Pour ma part, j'apprécie assez peu l'interprétation que tu en as fait. Mais nans doute n'a t'il pas été suffisamment clair et bien écrit.

    Enfin, sur le fond, j'aime bien qu'on discute avant de balancer un scud sur un collègue de blog pour exprimer un désaccord. Je prends ça sur le compte du manque de temps... (mais tu as écrit un bon et long billet, c'est de l'avoir pris).

    Bonne journée

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  2. Mon Faucon,

    Tu as le droit de dire ce que tu veux comme tu l'entends sur ton blog, c'est quand même chez toi non? ;)
    C'est ce qui fait la richesse de la discussion, cela me permet de réagir en contrepartie. (Je voulais faire un petit coucou en commentaires, mais j'ai déjà pris beaucoup de temps pour faire ce billet...) ;)

    Encore une fois, ce que je reproche à ton billet, c'est:
    1. Critiquer le fait que Fabrice Burgaud va être promu alors que rien ne nous autorise à porter un jugement ou à mettre notre nez sur ce qui est du domaine privé sauf à remettre encore en question (au nom de quoi?) une décision souveraine d'une commission indépendante.
    2. En fait de considérer qu'il s'agit d'un acteur controversé, on a basculé d'une suspicion vers une culpabilité acquise et non remise en question : le juge Burgaud est entièrement responsable sans que personne n'ait véritablement mis ses fautes alléguées face au contexte de son travail, au droit applicable et aux circonstances particulières de l'époque.
    3. On est d'accord sur le constat (justice de plus en plus inhumaine) mais absolument pas sur les raisons. Et je déteste que l'on s'en prenne à tort à un corps de métier qui est admirable tant il faut faire preuve d'abnégation de de dévouement pour le faire.
    Le juge Burgaud a payé pour les autres et je trouve cela intolérable.

    Sur ce qui est d'en parler avant, on en parle maintenant, c'est aussi sympa comme ça non?
    Un peu de débat animé, ça ne fait pas de mal ! :D

    Au passage, je ne cherche nullement à décrédibiliser qui que ce soit si ce n'est un argumentaire (et un postulat) que je trouve parfaitement infondé et que trop peu se permettent de remettre publiquement en question.

    Mais c'est avec un respect total pour ta personne et en tout amitié que je le fais.

    Si cela t'a blessé, j'en suis désolé.

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  3. C'est bien de discuter, c'est vrai. C'est toujours mieux de le faire autrement qu'après avoir été la star d'un billet où...

    Je note que le fait d'avoir évoqué le juge sans le citer t'a dérangé. Je remarque presque que si je n'avais pas parlé de Burgaud, et de cette promotion que je trouve personnellement indécente (mais c'est mon avis), je n'aurais peut être pas eu droit à ce billet. D'accord.

    On pourrait dire beaucoup de choses sur Outreau. Tu juges que Burgaud a été le seul à avoir payé. J'ai l'impression que justement personne n'a payé, sinon les victimes. Et ce qui m'emmerde, c'est que j'ai l'impression que rien n'a changé.

    On parle de Treiber, une affaire dont je me fous au demeurant. Sauf qu'elle met en avant ce scandale de la détention provisoire. 4 ans d'une vie, c'est un provisoire qui dure longtemps.
    J'ai juste l'impression, peut être à tort, que depuis Outreau où on n'a dit "plus jamais ça", rien n'a changé.

    Ce qui est amusant, c'est que j'avais écrit à l'époque où mon blog n'était pas lu un billet où je prenais la défense de Burgaud, la cible facile de l'époque. Je trouve juste dommage non pas que personne n'ait payé à l'époque, mais que personne ne se soit remis en question. Et que la justice continue de tourner comme avant, avec juste un peu moins de tribunaux puisque Rachida est passée par là...

    Quant au fait de considérer que la justice est un milieu où le remise en cause est difficile, oui c'est poujado et démago de le penser. Je le pense, j'assume ces qualificatifs.

    Et oui, tu as le droit de remettre en question le sentiment partagé par beaucoup de non remise en question de la justice.

    Sur ce qui est de la discussion, oui c'est bien. On peut discuter de la forme. Non, je ne suis pas blessé (il m'en faut plus et tu ne m'as pas mis en cause personnellement). Surpris, mais je comprends mieux ce qui t'a géné, c'est Burgaud.

    Bonne aprésmidi

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  4. Oui, en quelque sorte, c'est Burgaud mais ce pourrait être un autre. Ce qui me dérange, c'est le phénomène de victime expiatoire.
    Nous commettons une erreur collective, le système (pas uniquement judiciaire) est défaillant, il n'existe pas de réponse rapide, ou de personne à sanctionner permettant d'éviter que cela se reproduise.
    Ce n'est pas en s'en prenant à Burgaud que l'on changera cela.
    Or, aujourd'hui, s'offusquer publiquement que ce juge puisse bénéficier d'une promotion, c'est vouloir encore lui faire payer pour les autres.
    Si l'on veut améliorer le système, c'est le système qu'il faut changer.
    Et il n'y a pour commencer qu'une seule façon d'améliorer profondément le système : y mettre des moyens humains pour une mission humaine.
    Nos prisons, nos tribunaux, nos personnels ne sont pas à la mesure de ce qu'ils devraient être. Continuons ainsi et nous aurons d'autres catastrophes judiciario-pénitientières.

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  5. Nous ne sommes pas en désaccord, et il n'y a rien de contradictoire avec ma première assertion, la philosophie du bouc émissaire que l'on cherche automatiquement.

    Maintenant, le sujet de mon billet n'était pas Burgaud. Qui a eu ma sympathie durant la période des auditions Outreau, mais dont la promotion me parait assez, comment dire...
    Et dans mon billet, je ne m'en prenais pas à Burgaud. Si c'est la seule chose que tu as reconnu, ça veut dire que mon billet n'était pas bon. Ce qui n'est pas un drame, ni une exception.

    Après, sur tes remèdes, oui, pourquoi pas. Je ne sais pas, je ne connais pas suffisamment le dossier "justice".
    La seule chose que je sais, c'est que j'espère ne pas avoir à passer par ses fourches caudines... 4 ans dans une vie, c'est important.

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  6. Il y a tout de même quelque chose que je ne saisis pas: tu reconnais que Burgaud n'était qu'un bouc-émissaire, pourtant tu trouves que le fait qu'il figure dans une liste de promotion soit déplacé... ?

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  7. Oui. Ce n'est pas contradictoire. Ne pas vouloir tirer une balle dans la tête de quelqu'un ne signifie pas qu'on veuille forcément lui remettre une médaille. Entre le 0 et le 1, il y a un monde là encore.

    Mais bon, ce n'est que ce que je ressens...

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  8. J'entends bien. Mais qu'est-ce qui nous permet de juger à la place de la commission chargée d'étudier les dossiers de promotion?
    De quelle information disposons-nous pour ce faire?
    C'est simple: aucune information qui ne soit disponible au public. Dès lors, je ne peux m'empêcher de penser que si l'on s'offusque de ce fait, c'est avant tout parce que rôde encore l'ombre d'Outreau comme une mauvaise réputation... et comme je suis de ceux qui pensent qu'il a pris pour les autres, je ne peux m'empêcher de le défendre et surtout militer pour qu'on le laisse en paix une bonne fois pour toutes.

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  9. je vais juste répondre à ça (manque de temps, mais j'y reviendrais)
    "Le fait que le juge principal dans cette affaire a toute les chances de recevoir une promotion ces prochains jours ?"

    Il n'en est rien, puisque FB n'apparait même pas sur la transparence!!
    Je rappelle que FB a été mis au "placard" de l'éxécution des peines et par rapport aux personnes de la même promo, il a au moins quatre ans de retard.aspi-rine

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  10. PS: FB n'apparait dans la transparence = pas de promo
    juste pour montrer démontrer les mauvaises info des journalistes. Remise en cause, quand tu nous tiens...:( aspi

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  11. Aspi-rine,

    D'autant que considérer Fabrice Burgaud comme le juge principal dans l'affaire d'Outreau...

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  12. @Nemo,
    je rectifie, il est semble t-il inscrit au tableau d'avancement, ce qui signifie qu'il peut postuler pour un poste de premier grade: V.P. ou V.P.
    EN tout cas pas dans l'immédiat...aspi

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  13. Je viens (enfin) de vous lire. Merci pour ce billet dont les propos ont encore plus de poids parce qu' ils ne viennent pas des magistrats quotidiennement mis en cause.
    aspi

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  14. Aspi-rine,

    Je suis ravi que ce billet vous ait plu. Pour autant, j'ai bien peur qu'il n'ait aucun impact sur qui que ce soit...heureusement qu'il reste Maître Eolas !

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  15. @Nemo,
    incontournable blog, en effet...aspi

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  16. @faucon,
    Je viens de parcourir votre billet. Je réagirais sur un point:
    "Cette justice qui se refuse toujours à l’auto-critique et à la remise en question."

    Moins de DP dans ce domaine,la parole des experts prise avec plus de précaution qu'avant et la prise en compte des circonstances des révélations...aspi

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  17. Bon... J'ai écris un billet sur ce que je ressentais. Comme tous mes billets, ce n'est que ce que je ressens, nullement une vérité absolue.

    J'ai l'impression, je me trompe peut être, que 4 ans dans une vie c'est long. J'ai l'impression que le rythme judiciaire est, comme le dit Juppé, inhumain. Et j'ai l'impression que la remise en question dans ce domaine, comme dans bien d'autres dans la société, est difficile.

    Impression, sentiment.

    Maintenant, j'apprécie beaucoup Némo mais m'expliquer ici sur quelque chose que j'ai écris ailleurs (une phrase en plus), non.
    Donc c'est peut être idiot ce que je ressens (et ce n'est pas grave, je n'ai pas la science infuse), mais là encore, m'expliquer sur une ligne d'un billet que j'ai écrit ailleurs et qui donne à Némo l'occasion (cette ligne) d'écrire un grand billet, brillant par ailleurs, ben...

    J'ai appris des choses dans votre discussion, je vous en remercie. Notamment sur cette histoire de Burgaud qui a fait sursauter Némo, et a été le point que je n'aurais pas du évoquer chez moi (ça m'aurait évité ds longs commentaires).
    Mais comme l'a dit Némo, je ne suis pas Maitre Eolas. Un simple citoyen qui ressent les choses comme il les ressent...

    (et ce que je ressens là, de suite, c'est que c'est moyen agréable d'avoir le sentiment de servir un peu de chair à saucisse... merci Némo...)

    Bonne fin de journée

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  18. Mon Faucon,

    Tu ne sers nullement de chair à saucisse encore une fois. Mais ce que j'essaie de te faire comprendre comme point de vue, c'est ô combien il est dangereux pour notre société de se laisser guider par une perception biaisée par des journalistes en mal de sensationnel.
    Comme tu le dis, tu n'es pas un expert.
    Certes.

    Mais un simple travail de regard critique sur l'information évite d'être manipulés comme nous le sommes par le(s) gouvernement(s) qui n'aiment pas l'idée qu'ils puissent répondre de leurs actes devant un corps indépendant et tentent de le faire passer sous leur autorité afin de gouverner sans partage.

    Chaque jour, la justice est montrée du doigt: on accuse les magistrats d'être la cause de la montée de la violence parce qu'ils seraient laxistes, dès qu'une déconvenue pénitentiario-judiciaire se passe, c'est à cause des magistrats (ex: suicides en prison...), etc.

    Le jour où les Français auront compris :
    1. que l'indépendance de la justice est le DERNIER rempart contre la monarchisation élective du pouvoir (et l'arbitraire intolérable que cela comporte),
    2. que cette culpabilisation constante de notre justice est une stratégie inacceptable qui vise à éviter d'identifier les véritables causes et les véritables responsables
    peut-être reconnaîtront-ils la vraie valeur de notre justice et pousseront-ils pour qu'ils aient un budget qui soit au moins le double de celui que l'on connait aujourd'hui.

    Je conviens qu'il ne s'agit que d'une ligne de ton billet mais tu as quand même clairement repris l'idée que les magistrats devaient se remettre en question alors qu'ils ne cessent de le faire quotidiennement pour la plupart mais on ne leur donne pas les moyens décents de mener leur mission.

    La justice n'est pas parfaite, loin s'en faut.
    Mais au lieu d'améliorer le système, les Français le rendent chaque jour un peu plus difficile...

    Ce que j'aimerais que les politiques s'emparent de la question et en fassent une priorité...car moi non plus, je n'aimerais pas tomber dans les mains d'une justice qui n'a d'autres choix que d'être expéditive...

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  19. Je vais être clair Némo. Je ne me reconnais nullement dans la description que tu fais de moi dans ton dernier commentaire.
    "se laisser guider par une perception biaisée par des journalistes en mal de sensationnel" par exemple, outre le fait que ce soit dégradant (on peut aussi dire que je suis un con qui n'écoute que le dernier qui parle), ce n'est pas comme ça que je conçois ce que je ressens.

    Némo, je n'ai pas envie d'avoir le sentiment d'avoir à me défendre sur... Je ne sais même pas sur quoi. Le fait que je sois crédule et que j'écoute des "journalistes en mal de sensationnel" ? Je ne sais pas quoi te répondre à ça.

    Après, je ne suis pas tellement en phase avec le point 1 et le point 2 que les français devraient comprendre (ils sont cons des fois les français, je ne suis qu'un d'eux). Mais bon, stop. Je te laisse le dernier mot.

    Excuse moi d'être venu répondre dans un billet où une phrase t'a servi à faire un joli billet. Mais je t'avoue, je suis mal à l'aise. Oui, la discussion c'est chouette. Mais là, il y a quelque chose dans la forme qui non pas me dérange, mais... Un petit truc dans le ventre là...

    Non, je vous laisse. je reviendrai sur un autre billet.

    Bonne fin de journée

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  20. Mon Faucon,

    Si ta perception diffère de ce que je comprends de ton billet, j'en suis heureux.

    Je ne comprends pas ce qui te gêne dans notre discussion pour être honnête.
    Soit nous sommes d'accord et débat il n'y a plus, soit nous sommes en désaccord et il suffit d'en discuter.

    Mais pour conclure, tu as raison, 4 ans dans une vie, c'est énorme surtout en prison. D'ailleurs, la France n'a pas manqué d'être condamnée plus d'une fois en raison de délai de jugements trop longs par la CEDH.

    Mais qu'attend-on au juste pour doter notre organisation judicaire d'un budget qui lui permette d'affronter les dossiers dans des délais opportuns? Pourquoi continue-t-on à fermer les yeux sur ces magistrats qui pour beaucoup trop font jusqu'à 90h de travail par semaine?? Que fait-on pour nos prisons incapables d'accueillir nos prisonniers dans de bonnes conditions ?

    La réponse: rien.
    J'aimerais que le quidam moyen ait un peu plus d'empathie pour un métier trop souvent perçu comme un métier de privilèges, d'arrogance et de pouvoir lorsque pour beaucoup d'entre eux, il s'agit juste d'essayer de faire leur boulot avec les moyens du bord...

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