vendredi 19 février 2010

Les Verts: le boulet d'Europe-Ecologie


Les sondages (encore eux!) ont tendance à plomber le moral des "écologistes" dont les intentions de vote avoisineraient les 14% selon la Sofres en Île-de-France.

Déjà, j'aimerais comprendre ce qui se cache derrière le terme "écologiste" car comme l'indique l'auteur, en 1992, deux listes s'étaient présentées sous une bannière "écolo". Or, aujourd'hui, tout se passe comme si le monopole de la protection de l'environnement revenait à une formation et une seule, gommant par là-même les importantes distinctions idéologiques existantes.

Quoiqu'il en soit, les écologistes rassemblés de force par les médias ont toutes les raisons de bouder: Europe-Ecologie ne se présente plus comme le parti d'opposition incontournable comme cela pouvait être le cas récemment. Désormais, la liste PS du Président sortant, Jean-Paul Huchon fait désormais figure de favori difficilement détrônable.

Aussi, est-il possible qu'Europe-Ecologie commette une erreur politique majeure dans sa communication qui pourrait bien lui coûter l'avenir de trublion de la vie politique qui lui était promis.

Tout d'abord, on ne reviendra pas sur le succès du mouvement aux dernières élections européennes, essentiellement dû à un rassemblement des déçus des partis traditionnels qui y voyaient dans la forme comme dans le fond, une nouvelle façon de faire de la politique.

La nouveauté de l'offre associée à une indépendance politicienne dans le respect de l'environnement: voilà ce qui constituait la force d'Europe-Ecologie.

Or, nul n'ignore que les Verts entendent bien profiter du succès du rassemblement écolo-européen pour assurer sa propre réussite sauf que ces mêmes Verts sont résolument inscrits à gauche, et entendent bien freiner les velléités libérales du mouvement européen. Et c'est là que le bât blesse.

Au fur et à mesure que les Verts prennent le devant de la scène, la variété, la perspective d'un rassemblement nouveau - pour ne pas dire démocrate - s'éloigne pour l'électeur lambda qui associe le parti traditionnel écologiste aux fameux Mamère/Voynet/Lipietz/...

Les Verts sont à gauche et en opposition certaine avec une écologie apolitique réprésentée par une partie de l'électorat d'Europe-Ecologie, dont on ne cesse de souligner la proximité idéologique avec un parti comme Cap21.

Europe-Ecologie disparaît peu à peu au profit des Verts - ce qui semble naturel étant donnée la conjonction de facteurs qui y sont favorables (nature des élections, fond idéologique commun flou, base de cadres et élus locaux inexistants pour l'un et important pour l'autre) - et révèle finalement derrière un emballage allèchant un produit reconditionné.

Europe-Ecologie aurait tout intérêt à ne pas trop mettre en avant les cadres du parti écologiste français et devrait préférer qu'émerge une nouvelle classe politique.

A défaut, ces derniers prendront le contrôle idéologique du mouvement, rendant une grande partie des électeurs orphelins à nouveau et ramenant l'échiquier politique à la case départ. L'UMP et le PS apprécieront.

4 commentaires:

  1. Nemo,

    je serais tenté de dire d'un point de vue uniquement marketing qu'Europe-Ecologie devrait mettre en avant quasi-exclusivement Daniel Cohn-Bendit.
    Son pouvoir de séduction est encore capable d'opérer et de faire oublier la base commune floue d'EE et l'encrage gauche sectaire des verts.
    Mais les égos sont difficiles à tenir. Les verts sont aussi les boulets d'Huchon en IDF...

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  2. Les Verts ont pris l'ascendant sur les autres écolos d'Europe Ecologie et pourtant ils étaient les moins nombreux, mais les plus structurés. DCB s'en est rendu compte et son frère Gabriel a rué dans les brancards, mais un peu tard, les Verts ont récupéré le mouvement écologiste des européennes. Pour les régionales il reste encore un électorat dupé, mais l'électorat averti est en train de fuir à grand pas et les sondages en sont le reflet. Ils ne doivent pas s'attendre à un revirement de dernière minute comme celui dont ils ont bénéficié aux européennes, non seulement il n'aura pas lieu mais leur chute risque de ne faire que s'accélérer.

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  3. On ne peut encore rien dire à partir d'un seul nouveau sondage, à un mois des élections et avec un résultat peu significatif (a-t-on oublié les marges d'erreurs?).

    Il me semble qu'Europe Ecologie ne met pas tant que ça en avant de cadres Verts (même si les Verts se sont globalement bien servis lors de la constitution des listes), au contraire on a une stratégie de casting excessive, avec des transfuges d'autres partis de gauche et divers peoples plus ou moins pertinents... autant c'était parfaitement justifié pour une Eva Joly en 2009, autant ça commence à devenir gros (et moins fondé) avec les nombreux cas de 2010... enfin bon, ça regarde l'électorat hein...

    Je ne comprends pas bien tes interrogations du début. Les écologistes ne sont pas exempts des maux qui affectent les autres secteurs du champ politique : plusieurs partis prennent des positionnements similaires (comme à l'extrême gauche par exemple... je n'ai jamais compris ce qui différenciait a LCR de LO ou d'autres groupuscules) et au sein d'un même parti il y a parfois de grandes divergences (comme au sein du PS... pour aller vite on peut dire que chez les Verts ça va de l'extrême gauche au centre finalement).

    Enfin, sur la dénomination "écologiste" : personne ne dit qu'ils en ont le monopole (d'ailleurs il n'y a pas qu'EE / Verts mais aussi AEI / GE - MEI, ou encore CAP21 par exemple) mais on pourrait faire la même remarque au PS (monopole du social?), au MoDem (monopole de la démocratie?), à l'UMP (monopole de l'aspect populaire?). S'ils s'appellent ainsi, c'est en partie pour des raisons historiques : ils ont longtemps été les seuls à prendre vraiment en compte les questions environnementales. Ce n'est pas parce que c'est entré dans les discours depuis deux ans qu'ils devraient forcément renoncer à leur identité ou à leur nom. Surtout quand, pour la majorité des autres partis, ça reste du greenwashing hypocrite pas du tout à la hauteur... On peut (et on doit!) discuter du bien-fondé de leurs propositions en matière environnementale, il n'empêche qu'ils sont les principaux à les traiter sérieusement. Ajoutons que leur projet ne se résume pas à cela (même s'ils ont bien le droit de mettre en avant ce qu'ils veulent après tout ! le PS ne parle pas de son tropisme économique dans son nom hein), il ne faut pas confondre le développement durable et l'environnement qui en est un des trois piliers (avec l'économie et le social) : dans cette histoire, tout doit être intégré.

    Je mets un billet en lien dans mon pseudo, nous ne nous connaissions peut-être pas encore à cette époque et puis il a sans doute un peu vieilli, mais je pense qu'il est loin d'être périmé... Par ailleurs, j'en prépare un autre plus consistant, que j'espère terminer ce week-end ^^'

    Nous ne voulons pas savoir comment tu joues avec les sous-vêtements féminins Nemo, mais l'expression que tu emploies s'écrit "le bât blesse" ;-)

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  4. @ Nemo
    si ça te dit...
    http://lescriptorium.wordpress.com/2010/02/20/poussieres-de-blogs/

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